Pourquoi ce titre, qui peut paraître étrange de prime abord, pour un ouvrage rassemblant dix ans de critique proustienne, éveillée par le hasard des commandes ou des envies ? « Un précurseur méconnu de la manière moderne d’écrire l’histoire », G. Lenotre (Théodore Gosselin), publia le premier volume de son cycle de douze volumes, « La Petite Histoire », sous le titre de : Napoléon, Croquis de l’épopée. Ce fut la « passion de mon enfance », confie Jean-Yves Tadié, avant d’ajouter : « C’est ce que je propose ici, au sujet de Proust, parce que l’écriture de La Recherche et le livre lui-même en furent bien une : des croquis de l’épopée ».
Il y a de très belles pages sur le rapport qu’entretint Proust avec la musique, Tadié évoquant notamment les différents modèles de la sonate de Vinteuil. Ce rapport était amoureux. Il faut par exemple se représenter l’auteur de Jean Santeuil, les yeux fermés, écoutant (cela se produira à plusieurs reprises), penché, au théâtrophone (« ce téléphone branché sur la scène des théâtres »), Pelléas et Mélisande. « La musique, pour le romancier, écrit joliment Tadié, réveille en nous le fond mystérieux de notre âme, inexprimable par les mots. S’adressant à l’inconscient, elle remonte à la patrie perdue de l’enfance, en retrouvant le temps de la communication antérieure au langage : elle parle comme l’amour le plus pur et comme le bonheur ».