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Les Livres

Rimbaud et la Rédemption, Fabienne Bader, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 04 Septembre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Rimbaud et la Rédemption, Fabienne Bader, éditions Polyglotte, 2018, 10 €

 

Mort et rédemption

J’ai connu les éditions Polyglotte à travers les réseaux sociaux, et j’ai été attiré d’abord par le titre du livre de Fabienne Bader, sans rien connaître de l’auteure. Je cherchais Rimbaud. Quel était ce Rimbaud ? le mien ? celui des amours violentes avec Verlaine ? celui d’Aden ? le Rimbaud voyant ? le Rimbaud escorté par un appareil critique, comme l’est le Rimbaud de Bonnefoy ? Toujours est-il que j’étais prêt à suivre la démarche d’une quête, notamment celle du poète de Charleville. Ce recueil très sobrement présenté, prend donc Rimbaud pour compagnon d’écriture. Et avec le langage, la grave question de la mort et de la rédemption. Cette poésie, que l’éditeur Nasser-Edine Boucheqif publie dans sa collection Féminin Pluriel, cache une femme complexe et douloureuse. Hantée par l’insomnie, et travaillée par la pratique de la poésie, l’auteure questionne la banalité de notre séjour ici-bas, avec en vue la fin de toutes choses et la vie d’un au-delà.

Punchlines, Des ados chez le psy, Samuel Dock

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 03 Septembre 2018. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Punchlines, Des ados chez le psy, First Editions, mai 2018, 207 pages, 15,95 € . Ecrivain(s): Samuel Dock

 

Samuel Dock nous avait secoués avec son Nouveau choc des générations, co-écrit avec Marie-France Castarède. Cette fois-ci, il revient nous « punchliner » en utilisant l’humour cinglant des adolescents et nous offre une belle bouffée d’optimisme sur cette période de la vie dénommée trop injustement « l’âge ingrat ».

L’humour est une façon de réinventer la réalité avec créativité. Et les adolescents ont un humour incisif qui bouscule notre vision du quotidien. L’adolescence est une transition de la perception : apprendre à voir sans le prisme parental. Ce « grand écart » entre l’enfance et l’âge adulte, comme le dénomme un des patients de l’auteur, pose un regard critique sur le monde adulte et nous permet de nous remettre en question.

Presque une nuit d’été, Thi Thu

Ecrit par Fanny Guyomard , le Vendredi, 31 Août 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Rivages

Presque une nuit d’été, août 2018, 180 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Thi Thu Edition: Rivages

 

« Je voulais capter ce qui fait de l’homme un homme » (p.14).

Une narratrice erre dans les rues d’une ville indéterminée, ou dans l’imaginaire des récits qu’elle recueille. A travers son regard de photographe et les mots d’une romancière, elle tente de restituer la condition humaine, cette fragile existence emportée dans le flux des éléments, mais qui peut se retourner en force lorsqu’elle accepte d’épouser ce mouvement qui nous est imposé.

Le roman suit ce long cheminement, qui au départ ne semble concerner qu’une individualité ennuyée et vagabonde. Mais au fil des rencontres et des histoires, la narratrice de notre temps moderne prend pleinement conscience de l’universalité de sa quête personnelle. Car chaque protagoniste vit la même quête : trouver sa place.

Smile, Roddy Doyle

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 31 Août 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire, Joelle Losfeld

Smile, août 2018, trad. anglais (Irlande) Christophe Mercier, 256 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Roddy Doyle Edition: Joelle Losfeld

 

Ce roman venu d’Irlande va vous offrir quelques heures de délicieuse addiction. Le narrateur, Victor, jeune homme qui vient de vivre une séparation douloureuse avec sa compagne – la très belle et brillante Rachel – fait son nouveau foyer dans un troquet médiocre où il rencontre des gens qu’il ne connaît pas. A l’exception de cet étrange Fitzpatrick, qui se présente comme un ancien camarade de classe, mais dont Victor n’a gardé aucun souvenir. Ou presque.

Et Victor va dérouler – au compte-gouttes – ses souvenirs intimes. Ceux de son enfance auprès de ses parents, au collège, sa vie avec Rachel.

Dans un style frôlant l’épure tant le parti pris de sobriété est flagrant, Roddy Doyle nous emmène sur les pas de Victor qui s’installe dans son petit (et laid) appartement de célibataire désormais. Le contact avec la vie d’homme seul est douloureux, un peu halluciné, comme si Victor se regardait vivre dans un film noir.

Première version du monde, Esther Tellermann

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 31 Août 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Première version du monde, Editions Unes, août 2018, 148 pages, 20 € . Ecrivain(s): Esther Tellermann

 

La recréation du monde selon Esther Tellermann

La poétesse reste la maîtresse en poésie d’un imaginaire particulier. Elle mêle les éléments de sa psyché personnelle à divers symboles en un long poème qui n’a plus rien à voir avec un brouet dispendieux qui ramènerait le texte à une autofiction.

Se pénètre un monde labyrinthique et gnomique fait d’un langage abrupt et sans concession. Ce long poème réunit le chant et ses fractions au sein d’une voix intérieure qui semble toujours sur le point de se casser. La poétesse évite tous les effets là où l’ésotérisme se transforme en fulgurance afin de donner à l’intimité une face nouvelle. A travers elle Esther Tellermann ouvre des interrogations là où elle feint de n’offrir que des états de constatation.