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Les Livres

Sous les branches de l’udala, Chinelo Okparanta, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 24 Août 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, La rentrée littéraire

Sous les branches de l’udala, Chinelo Okparanta, Belfond, août 2018, trad. anglais (Nigéria) Carine Chichereau, 384 pages, 22 €

 

Dans le roman, Sous les branches de l’udala de la jeune auteure Chinelo Okparanta (née en 1981), le récit est campé à Ojoto (état d’Anambra au Nigéria). On y découvre des espèces rares de minuscules fleurs d’ixora en formes d’étoiles, de bois d’iroko et d’udalad’anacardiers de palmiers à huile, la nourriture locale de garide pois de terre, d’akamu et de feuilles d’oka ; une belle région, où « les arbres et les buissons devenaient alors aussi irréels qu’un mirage, et le soleil une tache indéfinie dans le ciel. (…) C’était le cycle normal des choses la saison des pluies, suivie par la saison sèche, et l’harmattan qui se repliait sur lui-même ».

D’emblée, je suis pénétrée par une sorte d’écriture messianique, entrecoupée de paraboles, d’exemples bibliques, refuge contre la violence d’hommes en armes qui abolissent la tranquillité de ces paysages paradisiaques. Ainsi, la toute jeune fille igbo, prénommée Ijeoma, se remémore l’image du père disparu, une image venue d’avant la guerre fratricide du Biafra, son « odeur de la pommade Morgan », celle du « fumet doux et épicé des akara ».

Comment écrire un livre qui fait du bien ?, Denis Montebello

Ecrit par Sylvie Zobda , le Jeudi, 23 Août 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres

Comment écrire un livre qui fait du bien ?, Le temps qu’il fait, mars 2018, 117 pages, 15,00 € . Ecrivain(s): Denis Montebello

 

« C’est le deuxième copain qui se pend à un arbre que j’ai élagué » est une des phrases qu’aime collecter Denis Montebello. Troublante et mystérieuse, elle suscite l’envie d’écrire. « Ils sont comme ça, les écrivains. Il ne faut rien dire devant eux, rien laisser traîner : ils s’en emparent aussitôt ». Cette bribe de conversation, entendue sur un quai de gare est à l’opposé d’une vision positive et optimiste de la vie. Pas ce genre qui vous illumine la journée, vous sauve de la crise de nerfs, vous redonne le sourire. Pourtant Denis Montebello l’utilise. Son narrateur la met en titre de son livre qui sera son feel-good book. Son essence résidera dans une vision d’une vie en rose gommée de tous les aspects déplaisants. Le titre sera tout un roman.

C’est avec un humour décapant qu’il nous livre ses réflexions sur l’écriture et l’écrivain en évoquant l’histoire d’un auteur en quête de reconnaissance et de succès.

Tuer Jupiter, François Médéline, par Léon-Marc Levy

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 23 Août 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Tuer Jupiter, François Médéline, La Manufacture de Livres, août 2018, 220 pages, 16,90 €

 

Médéline assassine Macron avec des tablettes de chocolat empoisonné. Dans une fiction enlevée, intelligente et fort habile. Le lecteur marche sans rechigner dans ce court roman des plus divertissants.

La structure du récit est inversée : on va des obsèques du Président assassiné jusqu’aux prémices de l’attentat qui va le tuer, quelques mois plus tôt. Ce choix narratif est particulièrement addictif : on veut savoir quel enchaînement d’événements, de décisions, de complots extérieurs, a pu conduire DAESH – car c’est d’eux qu’il s’agit – à choisir cette cible plutôt que n’importe quelle autre.

François Médéline connaît son affaire : il a fréquenté de près et longtemps les cabinets de responsables politiques et la politique en général. Ses portraits – certes imaginaires, on est dans le romanesque – sont saisissants de justesse. Gérard Collomb, notre ministre de l’intérieur, est croqué avec une plume affutée et drôle, et doit se ressembler plus encore que dans la vie réelle. Edouard Philippe, Gérard Larcher (qui est, en tant que président du sénat, Président de la république par intérim) sont « visibles » tant ils sont réalistes.

Debout dans la mémoire, Danièle Corre, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 23 Août 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Debout dans la mémoire, Danièle Corre, éditions Aspect, 2018, 68 pages, 15 €

 

Debout dans la mémoire se déroule comme un récit de vie. Depuis la station de l’auteur – en l’occurrence la poète Danièle Corre – qui retrace ici le cheminement d’une mère née en 1921 et détachée durant cinq années de celui qui deviendra le père de ses deux enfants pour cause de guerre, nous assistons à la reconstruction d’êtres séparés, retrouvés – des « humbles » (des parents « pionniersde l’humble modernité ») tendus vers leurs tâches fondatrices pour le bien-être d’une famille soudée aux aguets de la vie.

 

« La vie fourmille de bourgeons.

On tait les blessures,

On se hâte vers demain.

Tant de bébés vont naître,

babyboum, babyboum »

Capitaine, Adrien Bosc

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 22 Août 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Stock, La rentrée littéraire

Capitaine, août 2018, 400 pages, 22 € . Ecrivain(s): Adrien Bosc Edition: Stock

 

« Combien étaient-ils sur ce rafiot ? Trois cents, quatre cents peut-être, autant d’anonymes, une maille indémêlable de récits distincts, contradictoires, la concentration d’une société perdue, en réduction, mouvante… la catastrophe et l’inhérent combat des probabilités regroupés sur le pont d’un bateau ».

Alors que l’on se bat, que l’on fuit, que l’on souffre, que l’on se cache, alors que le temps paraît figé, que l’horreur se conjugue au présent, que l’on dénonce et que l’on résiste, des hommes, des femmes et quelques enfants attendent de pouvoir quitter Marseille pour embarquer sur le Capitaine-Paul-Lemerle. Au cœur de cette concentration d’une société perdue, des Espagnols qui ont perdu la guerre, des Juifs chassés d’Europe, des relégués, des réprouvés par les serviteurs zélés de Vichy, des artistes, des écrivains, et des révolutionnaires en exil permanent. Ils sont là sur le pont du Capitaine, certains s’y font prendre en photo, une première et peut-être une dernière fois : Victor Serge, Anna Seghers, Germaine Krull, André, Jacqueline et Aube Breton, Wifredo Lam, Alfred Kantorowicz, Claude Lévi-Strauss, Jacques Rémy.