Petite femme est un roman trouble à l’atmosphère pesante dont le sens se découvre lentement sous la forme d’un récit à la première personne où la narratrice, prise dans un faisceau de situations dont elle ne comprend pas, ou refuse de comprendre la terrible réalité, avance en aveugle jusqu’au moment où la vérité, ou pour le moins une partie de la vérité, s’impose à elle avec une extrême et définitive brutalité.
L’auteur instaure et entretient une intense tension dramatique en entrecroisant deux niveaux narratifs.
Au premier niveau, le lecteur assiste à un dîner organisé par la narratrice, Silvia, qui reçoit pour la première fois Antonio avec qui elle entame une relation amoureuse. Est présente Maria, treize ans, la fille de la maîtresse de maison.
Durant toute la soirée, se développe devant Silvia un jeu de moins en moins équivoque entre une Maria faussement candide et de plus en plus séductrice et un Antonio qui se laisse prendre peu à peu à son badinage, à ses espiègleries de jeune fille qui « fait son intéressante » puis à ses avances de moins en moins voilées.