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Les Livres

Gardiens de lumière, Monique W. Labidoire (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 25 Octobre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Gardiens de lumière, éd. Alcyone, février 2017, Encre de Silvaine Arabo, 77 pages, 19 € . Ecrivain(s): Monique W. Labidoire

 

Alternant le jour et la nuit, l’ingestion de la nature et de subtiles évocations historiques, Monique distribue les rôles mêlant le recto du jour au verso de la nuit, la démarche se confondant en quelque chose d’encore différent : « L’entrée en finitude agresse les joies du jour, sa lumière, ses orages, ses nuages blancs et seule la nuit constellée d’étoiles réanime le frémissement ».

Du tableau d’origine émane peu à peu l’idée morale du jour et de ce que ne devrait pas être la nuit : « Et dit le poète : c’est à l’aube qu’on guillotine et qu’on mitraille comme si la nuit rejetait toute culpabilité d’actes barbares ». Le jour et la nuit se font complices, « riant sous cape de nos étonnements ».

On dit que la nuit tombe et que le jour se lève. Ne fait-on pas déjà de cette façon de la nuit une chute, un couperet ?

l’œuvre de Simone de Beauvoir en La Pléiade [2/2] (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 25 Octobre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Le langage et ses vertus :

Simone de Beauvoir, Mémoires, tomes I et II, édition publiée sous la direction de Jean-Louis Jeannelle et Éliane Lecarme-Tabone avec la collaboration d’Hélène Baty-Delalande, Alexis Chabot, Jean-François Louette, Delphine Nicolas-Pierre, Élisabeth Russo, et Valérie Stemmer, chronologie par Sylvie Le Bon de Beauvoir, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, n°633 et 634, 2018.

 

Sylvie Le Bon de Beauvoir, Album Simone de Beauvoir, iconographie commentée, Albums de la Pléiade, n° 57, 2018,  256 pages, 198 ill.

 

Simone de Beauvoir écrit dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée :

La fille au Leica, Helena Janeczek (par Carole Darricarrère)

Ecrit par Carole Darricarrère , le Mercredi, 24 Octobre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud, Italie

La fille au Leica, octobre 2018, trad. italien Marguerite Pozzoli, 384 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Helena Janeczek Edition: Actes Sud

 

 

Confidence pour confidence, la chronique n’est pas un sport de tout repos. Le trou noir de la lecture existe, ce livre en fournit la matière, qui nous renvoie à notre incurable sens des responsabilités.

Portrait retard enchâssé dans un jeu de miroirs en révélant bien d’autres, incarné dans le lit d’une actualité d’une densité historique à couper au couteau qui fait de cette reconstitution in extenso sur deux continents et quelques pays un tour de force en forme de machine de guerre, La fille au Leica est un gros livre réel, composé par degrés de réminiscences et de touches de frappe, un roman solide dans lequel il ne suffit pas d’entrer pour s’enfoncer à la verticale du temps dans les strates de l’Histoire et les remous d’une époque, sorte de monument funéraire à effet de labyrinthe qui vous enserre dans ses replis à s’y perdre ou non.

Aphélie, suivi de Noctifer, Frédéric Tison (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 24 Octobre 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Aphélie, suivi de Noctifer, éd. Librairie-Galerie Racine, février 2018, 124 pages, 15 € . Ecrivain(s): Frédéric Tison

 

Deux livres en miroir composent cet opus du poète Frédéric Tison, auteur d’une dizaine de livres de contes et de poésie, qui collabore régulièrement avec des peintres, graveurs et photographes pour des livres d’artiste. Le premier, Aphélie, focalise son regard sur ce lointain que l’on nomme parfois l’Autre (l’autre que soi-même, ou l’autre enfoui en soi parfois posté dessous notre doublure), « celui qui est en chacun denous, à l’ombre du monde que nous hantons ». L’« aphélie » désigne en astronomie le point de l’orbite d’un corps céleste le plus éloigné du Soleil. Du sens astronomique au sens métaphysique et humain le lien est étanche, centré sur la question du regard et de ses points de vue. Le second livre, Noctifer, continue de s’approcher de l’un des versants-mille-feuille insolites de notre présence humaine (à la fois singulière et universelle : partie intégrante d’une humanité), cette fois du côté de celui désigne « l’étoile du soir » (qui a nom aussi Vesper), « le porteur de nuit ». Donnant « la parole à ce lointain qui est en (lui) », le poète « interroge sa nuit », précise-t-il dans ses « notes liminaires » – en pointant l’acmé de nos errances vrillées à la condition humaine : « cette nuit », demande Frédéric Tison, « est-elle notre origine ou notre histoire ? ».

Le Jardin d’Alioff, Farhad Ostovani (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 24 Octobre 2018. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le Jardin d’Alioff, Farhad Ostovani, L’Atelier contemporain, septembre 2018, trad. anglais Robert Bemis, Paul Laborde, Alain Madeleine-Perdrillat, 192 pages, 25 €

Texte de la chair

J’ai parcouru avec plaisir les écrits du peintre iranien Farhad Ostovani qui forment ici un recueil, des mémoires, des souvenirs, enfin qui laissent apparaître le lien de l’artiste avec sa famille, le passé, le pays d’origine et en ce sens, l’exil et le travail de la peinture lesquels ont fait un horizon d’attente pour ce que j’étais comme lecteur. Donc il s’agit de petits textes qui relatent des faits et l’évocation des personnes vivantes ou mortes, qui se recoupent parfois, de manière aléatoire, tout comme est la mémoire avec sa façon de capturer tel élément du passé et d’en exclure d’autres. Bien sûr, il ne faut pas oublier l’origine de ce livre, qui devait initialement correspondre à un livre de recettes iraniennes, et cette tentative est assez sensible dans l’ouvrage – plus d’ailleurs au début du livre. Et cela a beaucoup d’importance car rendant le texte sensible à la matérialité des alcools, des olives et oliviers, des images de jardins disparus notamment, et avec eux les rosiers et les magnolias qui hantent la mémoire de l’auteur. Je dirai que cela fait un texte de la chair, chair de la peinture, chair du souvenir, chair nourrissante. Du reste, la chair est devenue mon fil conducteur.