Renonçant à la fiction mais la nourrissant par un autre tour – comme un jeu inventif –, celui de se donner un fils interlocuteur, le romancier Erri De Luca signe un dialogue étrange, au creux de sa maison, entamant avec un enfant inventé une conversation à bâtons rompus sur le tout, le rien, le passé qui revient lancinant, ses propres parents, son aventure d’homme, travailleur, rebelle, contestataire, écrivain, apprenti de la vie.
L’auteur, Napolitain né en 1950, a été ouvrier, est devenu alpiniste, romancier, a failli terminer en prison pour la défense de la nature contre un projet d’autoroute, vit aujourd’hui pour l’écriture. L’un des derniers a suscité un enthousiasme certain : La nature exposée (dont j’ai évoqué la teneur ici même).
Ici, le romancier se dévoile, recourt à ses parents morts, revitalise cette période de l’enfance – souvent tombée en cendres chez d’autres –, ici, nourrie d’anecdotes et du grain de réalisme qui fait sa patine.