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Les Livres

Des lions et des hommes, collectif (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Jeudi, 23 Mai 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Arts

Des lions et des hommes, Sous la direction de Maria Gonzảles Menéndez, avril 2019, 160 pages, 130 ill., 22 € Edition: Gallimard

 

 

Les félins, une histoire humaine.

La Grotte Chauvet II à Vallon-Pont-d’Arc en Ardèche (réplique de la grotte Chauvet découverte en 1994) présente actuellement sa première exposition. Elle porte sur des animaux fabuleux, le lion et autres fauves, qui ont exercé une fascination sur les hommes depuis 400 siècles. Plus de 170 œuvres d’art y sont exposées, relatant les relations que les hommes ont entretenues avec les félins au cours de 40.000 ans d’histoire et à travers sept grandes civilisations. L’ouvrage Des lions et des hommes, publié par Gallimard-Art, est le catalogue de cette exposition. Ce beau livre a été écrit par un collectif de spécialistes et se présente comme une sorte de manuel séduisant et didactique qu’on a plaisir à découvrir.

Le Narrateur, Bragi Ólafsson (par Christelle Brocard)

, le Jeudi, 23 Mai 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Actes Sud

Le Narrateur, avril 2019, trad. Robert Guillemette, 144 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Bragi Olafsson Edition: Actes Sud

 

Etant donné son titre, on conçoit aisément que ce roman accorde une place prépondérante au narrateur. Mais quel statut lui accorde-t-il ? Si les toutes premières pages sont déstabilisantes – on ne sait pas qui raconte quoi –, on devine rapidement que la forme narrative constitue l’ossature fondamentale du texte, à laquelle se rattachent les péripéties relatées. La structure est donc essentielle et s’exhibe sans complexe, au fil d’une narration ludique et insolite : du « je » traditionnel, le narrateur-roi passe sans vergogne au « il » lorsqu’il invente lui-même son personnage ; il n’hésite pas non plus à incorporer des réflexions métatextuelles à son propre discours et à prendre à partie le lecteur qui, de ce fait, se met à jouer, à son insu, un rôle actif dans l’histoire in progress. Une fois démasqué, ce petit jeu formel pourrait lasser le lecteur en mal d’aventures substantielles, or que nenni : l’intrigue n’est pas en reste, bien au contraire !

Mrs Caliban, Rachel Ingalls (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 22 Mai 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Belfond

Mrs Caliban, mars 2019, trad. Céline Leroy, 144 pages, 16 € . Ecrivain(s): Rachel Ingalls Edition: Belfond

 

 

Fantasy

Mrs Caliban est un roman condensé qui commence sous l’égide du temps chiffré : « trois oublis », « quelques minutes », « un parapluie », « sa voiture », une énumération d’objets appartenant à deux personnes, Fred et Dorothy (de Dorothée, doron et theos : cadeau et Dieu). Or Dorothy, sainte ou psychotique, entend des voix. De la trivialité d’une existence frustrée, nous passons à l’affabulation mentale, ce qui masque pour l’épouse le choquant de la désunion maritale de son mariage. Dès le début de Mrs Caliban, le lecteur est informé de la face cachée du couple, de ses mœurs, de sa dérive interne – une existence coincée entre le théâtre social et les obligations contingentes ; ce que Rachel Ingalls nomme « leur pauvre vie ».

Mon roman pourpre aux pages parfumées et autres nouvelles, Ian McEwan (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 22 Mai 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Nouvelles, Folio (Gallimard)

Mon roman pourpre aux pages parfumées et autres nouvelles, janvier 2019, trad. anglais France Camus-Pichon, Françoise Cartano, 112 pages, 2 € . Ecrivain(s): Ian McEwan Edition: Folio (Gallimard)

 

Une suave odeur de soufre.

Les publications de Ian McEwan sont souvent précédées d’une suave odeur de soufre. Va-t-on se laisser séduire ou s’effaroucher à la lecture de récits résolument pervers, d’histoires où les héros, jeunes ou vieux, se font rattraper par leurs fantasmes sexuels, va-t-on se pâmer à l’énoncé de crimes au sadisme feutré ?

A-t-il, cet anglais au regard bridé derrière ses lunettes rectangulaires, le talent littéraire assez chevillé à la plume pour nous embarquer dans des récits où un écrivain moins habile nous donnerait l’envie immédiate de refermer le livre et de tirer un trait définitif sur ses écrits ? Aborder son œuvre, pour ceux et celles qui ne s’y seraient pas encore risqués, par la lecture de nouvelles permet, à moindre effort, de humer son univers littéraire et de se rendre rapidement compte si des affinités existent, ou au contraire pas du tout.

Le syndrome Tom Sawyer, Samuel Adrian (par Lionel Bedin)

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 22 Mai 2019. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions des Equateurs

Le syndrome Tom Sawyer, janvier 2019, 240 pages, 19 € . Ecrivain(s): Samuel Adrian Edition: Editions des Equateurs

 

Le Syndrome de Tom Sawyer est le récit d’un voyage à pied entre Paris et Jérusalem. En chemin le marcheur tient le journal de son voyage, journal qu’il reprend six mois après le retour, pour en faire ce récit, une « enquête sur ce jeune homme que j’étais et que je ne suis plus », et pour tenter de répondre à cette question : pourquoi suis-je parti ?

Les raisons supposées du départ : une envie d’ailleurs depuis l’enfance, le sentiment d’être « l’archétype de l’homme moderne habitué au confort », l’envie de « réapprendre le désir et, avec lui, le plaisir », se désennuyer. Surtout, pour Samuel Adrian qui se décrit comme un « enfant déçu du christianisme », c’est une crise de foi. Et il a cette conviction : « si tu ne peux plus prier, marche ». Alors il quitte Paris un matin de septembre 2017, à pied, léger, sans portable ni réseau, et « sans argent, pour démêler ce qui a de la valeur et ce qui n’en a pas ».