Identification

Essais

Histoire des traductions en langue française, XVe et XVIe siècles

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 11 Mars 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Verdier, Histoire

Histoire des traductions en langue française, XVe et XVIe siècles, novembre 2015, sous la direction de Véronique Duché, 1344 pages, 48 € Edition: Verdier

 

Ce volume est le troisième d’un ensemble de quatre destinés à couvrir l’histoire des traductions en langue française du XVe siècle à nos jours.

Cette entreprise unique, initiée par Jean-Yves Masson et Yves Chevrel, a pour but de mettre en lumière l’importance que la traduction a pu avoir sur la transmission des savoirs, de la poésie aux mathématiques, en passant par le droit. Elle nous rappelle, par ailleurs, le rôle qu’elle a joué dans l’élaboration et la construction de notre langue française. Enfin, c’est un hommage rendu aux traducteurs, ces passeurs de textes et d’idées, souvent femmes et hommes de l’ombre.

Pour reprendre des notions prisées des historiens, « le terminus ad quo » de ce volume est la création de l’imprimerie en France, soit 1470, bien que le premier ouvrage imprimé en français fût sans doute publié à Lyon en 1469. Quant au « terminus ad quem » qui peut être contestable, il a été fixé à la mort d’Henri IV en 1610. Cette période va se caractériser par la volonté d’imposer le français dans tous les domaines de la vie sociale et intellectuelle.

Le Sage des bois, Georges Picard

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 15 Février 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions José Corti

Le Sage des bois, janvier 2016, 240 pages, 19 € . Ecrivain(s): Georges Picard Edition: Editions José Corti

 

Nous avons tous des projets, des rêves, des idéaux, enfouis quelque part. Nous arrivons à en vivre certains, ou une partie, ou même la totalité, peut-être… Mais à notre époque, très souvent, du rêve à la réalité il y a un pas plus ou moins grand, parfois un gouffre. Comment cultiver son jardin ? Le plus important est sans aucun doute d’essayer. C’est ce que va faire le narrateur de Le sage des bois. Et c’est le récit de cette tentative de grand écart d’un « jeune homme exalté » que nous allons lire sous la plume de Georges Picard.

L’idéal est assez simple : rejeter la vie banale qui lui est proposée, partir, aller quelque part, vivre selon ses idées, voire selon un Idéal, « nourrir son esprit des choses de la nature autant que des idées philosophiques », comme l’a écrit Henry David Thoreau, ce « sage des bois », dans une œuvre qui en fait rêver plus d’un encore aujourd’hui : Walden ou la vie dans les bois, et qui est le bréviaire du narrateur, qui a « beaucoup lu, encore plus rêvassé ». Citadin sans domicile, il choisit de partir seul, sans argent, avec une tente et une canne à pêche, sans « compétences monnayables ». Pas trop sûr de l’utilité d’une licence de philosophie quand il faudra monter la tente – cette caisse dont parle Thoreau et dans laquelle dormaient les ouvriers, avec leurs outils – construire une cabane et se nourrir dans la nature. Mais il part à la recherche de ce lieu idéal, cet étang, bien sûr, en Sologne ou dans le Cantal, bref, près de cette nature qui pourrait ressembler à Walden.

Ecrits sur les langues, Issa Asgarally

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 05 Février 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Ecrits sur les langues, éd. Super Printing Co. Ltd, Maurice, novembre 2015, préface de Louis-Jean Calvet . Ecrivain(s): Issa Asgarally

La situation linguistique à Maurice n’est pas un cas unique par sa complexité. Il est bien d’autres états au monde au sein desquels coexistent, s’imbriquent, se mêlent un nombre plus ou moins grand de langues qui s’influencent les unes les autres, qui interfèrent, qui se confrontent les unes aux autres, qui se trouvent, de fait, au moment de l’étude, pour des raisons diverses, placées sous statut hiérarchisé les unes par rapport aux autres.

Ce qui fait pourtant de Maurice un cas particulièrement intéressant, c’est l’exiguïté du territoire (1800 km2) et le total relativement peu important de la population globale du pays (1,3 million d’habitants) concernés par un écheveau apparemment compliqué de langues pratiquées.

Issa Asgarally, docteur en linguistique, professeur associé à l’Institut de l’Education à Maurice, est l’auteur de plusieurs publications, étalées dans le temps, sur ce particularisme mauricien. L’ouvrage Ecrits sur les langues offre au lecteur une compilation bienvenue de ces articles, l’ensemble constituant un essai documenté, riche d’informations permettant d’appréhender comment parlent, écrivent, lisent les Mauriciens d’aujourd’hui, et de comprendre les raisons historiques de cette situation d’un pays qui n’a pas « officiellement de langue officielle »…

Conversations d’un enfant du siècle, Frédéric Beigbeder

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 03 Février 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Conversations d’un enfant du siècle, septembre 2015, 371 pages, 20 € Edition: Grasset

 

Après les titres légèrement anxiogènes, Dernier inventaire avant liquidation et Premier bilan après l’apocalypse, Frédéric Beigbeder nous invite cette fois-ci à venir partager une ambiance chaleureuse et décontractée où crépitent des grands vins et des esprits brillants.

Conversations d’un enfant du siècle nous permet de prendre part à 27 conversations décomplexées entre des écrivains renommés (majoritairement de sexe masculin) et Frédéric Beigbeder, réalisées entre 1999 et 2014, dans le cadre d’articles de presse. Précisons que certains de ces auteurs sont décédés depuis, comme Bernard Franck ou James Salter. Il y règne une connivence bienveillante qui permet de favoriser une « maïeutique » originale. Les questions posées peuvent parfois paraître superficielles mais leur apparente légèreté permet de mieux découvrir les aspirations profondes des écrivains interviewés : Bernard Frank, Philippe Sollers, Jean-Jacques Schuhl, Guillaume Dustan, Antonio Tabucchi, Umberto Eco, Gabriel Matzneff, Chuck Palahniuk, Catherine Millet, Jay McInerney, Albert Cossery, Françoise Sagan (un rendez-vous manqué), Simon Liberati, Tom Wolfe, Alain Finkielkraut, Michel Houellebecq, Jean d’Ormesson, Bernard-Henri Lévy, Frédéric Beigbeder (lui-même), Bret-Easton Ellis, Paul Nizon et James Salter. Frédéric Beigbeder arrive même à faire parler les morts à travers deux conversations imaginées avec Francis Scott Fitzgerald et Charles Bukowski.

A l’Opéra, monsieur !, La musique dans les Mémoires de Saint-Simon, Olivier Baumont

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Janvier 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

A l’Opéra, monsieur !, La musique dans les Mémoires de Saint-Simon, octobre 2015, 304 pages, 24 € . Ecrivain(s): Olivier Baumont Edition: Gallimard

« Saint-Simon sut écouter son temps, et s’il ne fit peut-être qu’en entendre la musique, il eut soin cependant de tout mémoriser. Les échos musicaux qui nous parviennent aujourd’hui sont magnifiés par son génie littéraire ; ils ne laissent d’être passionnants, surprenants, et riches de perceptions nouvelles tant sur la période que sur l’auteur lui-même ».

L’écrivain des Mémoires danse et écoute. Le mémorialiste de la Cour se fie tout autant à sa mémoire qu’à son corps. Il écrit comme l’on danse à Versailles – Savoir danser chez le roi, c’était savoir y vivre. Olivier Baumont le lit en admirateur de son siècle et de son art, et le traduit en musicien. Saint-Simon a toujours une oreille aux aguets et une main prête à saisir ce qu’il entend et ce qu’il voit, à la volée dirions-nous, comme un compositeur. Il se glisse au centre de ces divertissements qui font le sel de la Cour, où l’on doit être vu, où se jouent des parties d’échecs invisibles, où se nouent des conquêtes, où se règlent des comptes. Saint-Simon qui n’est jamais dupe de rien, sait les avantages et les risques d’être au cœur du volcan, au centre tellurique du pouvoir, ses Mémoires en prolongent l’écho. Il faudra pour ce livre d’Histoire et d’histoires miser sur l’esquive, mais aussi les sauts et les bonds, tout en gardant l’oreille éveillée et la plume accordée.