Identification

Essais

Koltès, le sens du monde, Christophe Bident

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 17 Mars 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Les solitaires intempestifs

Koltès, le sens du monde, 110 pages 13,50 € . Ecrivain(s): Christophe Bident Edition: Les solitaires intempestifs

 

La grâce de Koltès

Comme Christophe Bident l’affirme dans l’avant-propos de son texte, l’œuvre de Koltès ne détermine pas un sens qu’il faudrait appliquer au monde comme une espèce d’idéologie. Il met en avant d’ailleurs le livre de JL Nancy qui porte ce titre et lui sert de référence. Le sens est plutôt affaire de « flair ». Avoir le sens des affaires ou celui du rythme expliciterait davantage les perspectives que C. Bident veut mettre en lumière avec l’expression « le sens du monde ». Koltès n’a-t-il pas lui-même récusé, mis à sac les ordres du monde investis par ses parents : du côté paternel celui de l’armée, et du côté maternel celui du catholicisme (cf. p.25) ? Koltès dans son œuvre théâtrale cherchera à articuler les restes de sens du monde. Il fait face « à des bouts du sens du monde, avec lesquels il va lui falloir jongler, jouer, chercher, composer » (cf. p.25). Ainsi l’entreprise suivie par C. Bident est-elle de repartir de l’un de ses textes antérieurs, Généalogies, qui traverse l’écriture de Koltès par le biais du temps, en direction cette fois-ci de l’espace. Il y est bien question de l’intériorité subjective du monde. Pour C. Bident, Koltès écrit le mystère, celui qui s’inscrit tout aussi bien entre les scènes, les répliques, les mots eux-mêmes. Rien ne se donne et c’est cela qui explique sans doute la faillite d’un certain nombre de mises en scène des pièces de Koltès.

Comment regarder un match de foot, collectif

, le Mercredi, 16 Mars 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Comment regarder un match de foot, Raphaël Cosmidis, Gilles Juan, Christophe Kuchly, Julien Momont, Solar Editions, janvier 2016, 506 pages, 17,90 €

 

Comment regarder un match de foot

Avec les yeux et sans chicha ni chichis

Si vous n’aimez par le football ou si vous pensez que c’est un sport qui met en présence 22 abrutis auxquels on n’a confié qu’un seul ballon, passez votre chemin.

Si vous pensez que le football se limite aux pensées stratosphériques du philosophe chti-bavarois Franck Ribéry, « nous on est des joueurs qu’on va vite avec le ballon », cet ouvrage, dû à la plume de quatre érudits passionnés du ballon rond, n’est pas pour vous.

Car le football n’est pas seulement un sport où des supporters avinés dotés d’un QI de protozoaire braillent des insultes à l’attention des joueurs de l’équipe adverse, c’est aussi un jeu susceptible de plaire aux esthètes et aux intellectuels, souvent désespérés par les interviews pitoyables (comme dirait Laurent Blanc) des joueurs ou les commentaires affligeants des experts ou prétendus tels.

Histoire des traductions en langue française, XVe et XVIe siècles

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 11 Mars 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Verdier, Histoire

Histoire des traductions en langue française, XVe et XVIe siècles, novembre 2015, sous la direction de Véronique Duché, 1344 pages, 48 € Edition: Verdier

 

Ce volume est le troisième d’un ensemble de quatre destinés à couvrir l’histoire des traductions en langue française du XVe siècle à nos jours.

Cette entreprise unique, initiée par Jean-Yves Masson et Yves Chevrel, a pour but de mettre en lumière l’importance que la traduction a pu avoir sur la transmission des savoirs, de la poésie aux mathématiques, en passant par le droit. Elle nous rappelle, par ailleurs, le rôle qu’elle a joué dans l’élaboration et la construction de notre langue française. Enfin, c’est un hommage rendu aux traducteurs, ces passeurs de textes et d’idées, souvent femmes et hommes de l’ombre.

Pour reprendre des notions prisées des historiens, « le terminus ad quo » de ce volume est la création de l’imprimerie en France, soit 1470, bien que le premier ouvrage imprimé en français fût sans doute publié à Lyon en 1469. Quant au « terminus ad quem » qui peut être contestable, il a été fixé à la mort d’Henri IV en 1610. Cette période va se caractériser par la volonté d’imposer le français dans tous les domaines de la vie sociale et intellectuelle.

Le Sage des bois, Georges Picard

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 15 Février 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions José Corti

Le Sage des bois, janvier 2016, 240 pages, 19 € . Ecrivain(s): Georges Picard Edition: Editions José Corti

 

Nous avons tous des projets, des rêves, des idéaux, enfouis quelque part. Nous arrivons à en vivre certains, ou une partie, ou même la totalité, peut-être… Mais à notre époque, très souvent, du rêve à la réalité il y a un pas plus ou moins grand, parfois un gouffre. Comment cultiver son jardin ? Le plus important est sans aucun doute d’essayer. C’est ce que va faire le narrateur de Le sage des bois. Et c’est le récit de cette tentative de grand écart d’un « jeune homme exalté » que nous allons lire sous la plume de Georges Picard.

L’idéal est assez simple : rejeter la vie banale qui lui est proposée, partir, aller quelque part, vivre selon ses idées, voire selon un Idéal, « nourrir son esprit des choses de la nature autant que des idées philosophiques », comme l’a écrit Henry David Thoreau, ce « sage des bois », dans une œuvre qui en fait rêver plus d’un encore aujourd’hui : Walden ou la vie dans les bois, et qui est le bréviaire du narrateur, qui a « beaucoup lu, encore plus rêvassé ». Citadin sans domicile, il choisit de partir seul, sans argent, avec une tente et une canne à pêche, sans « compétences monnayables ». Pas trop sûr de l’utilité d’une licence de philosophie quand il faudra monter la tente – cette caisse dont parle Thoreau et dans laquelle dormaient les ouvriers, avec leurs outils – construire une cabane et se nourrir dans la nature. Mais il part à la recherche de ce lieu idéal, cet étang, bien sûr, en Sologne ou dans le Cantal, bref, près de cette nature qui pourrait ressembler à Walden.

Ecrits sur les langues, Issa Asgarally

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 05 Février 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Ecrits sur les langues, éd. Super Printing Co. Ltd, Maurice, novembre 2015, préface de Louis-Jean Calvet . Ecrivain(s): Issa Asgarally

La situation linguistique à Maurice n’est pas un cas unique par sa complexité. Il est bien d’autres états au monde au sein desquels coexistent, s’imbriquent, se mêlent un nombre plus ou moins grand de langues qui s’influencent les unes les autres, qui interfèrent, qui se confrontent les unes aux autres, qui se trouvent, de fait, au moment de l’étude, pour des raisons diverses, placées sous statut hiérarchisé les unes par rapport aux autres.

Ce qui fait pourtant de Maurice un cas particulièrement intéressant, c’est l’exiguïté du territoire (1800 km2) et le total relativement peu important de la population globale du pays (1,3 million d’habitants) concernés par un écheveau apparemment compliqué de langues pratiquées.

Issa Asgarally, docteur en linguistique, professeur associé à l’Institut de l’Education à Maurice, est l’auteur de plusieurs publications, étalées dans le temps, sur ce particularisme mauricien. L’ouvrage Ecrits sur les langues offre au lecteur une compilation bienvenue de ces articles, l’ensemble constituant un essai documenté, riche d’informations permettant d’appréhender comment parlent, écrivent, lisent les Mauriciens d’aujourd’hui, et de comprendre les raisons historiques de cette situation d’un pays qui n’a pas « officiellement de langue officielle »…