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Essais

L’idée maçonnique, Henri Tort-Nouguès

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 01 Décembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

L’idée maçonnique, Dervy éditions, Coll. Petite Bibliothèque de la Franc-Maçonnerie, janvier 2014, 264 pages, 13 € . Ecrivain(s): Henri Tort-Nouguès

 

Essai sur une Philosophie de la Franc-Maçonnerie : ce sous-titre bien apparent sur la couverture donne une idée d’emblée précise du dessein de l’auteur, Henri Tort-Nouguès, passé Grand Maître de la Grande Loge de France.

Cet ouvrage en effet n’est pas un de ces manuels publiés à l’usage exclusif des initiés parmi les dizaines du genre, ayant pour finalité leur instruction complémentaire sur les symboles, sur les rituels, sur la tradition maçonnique.

Cet ouvrage n’est pas non plus une de ces compilations plus ou moins répétitives de descriptions plus ou moins pertinentes prétendument destinées aux non-initiés à seule fin de leur offrir une approche plus ou moins dévoilée, plus ou moins vulgarisée des valeurs, des idéaux, des rituels, de la place des francs-maçons dans la société.

Cet ouvrage n’est pas un panégyrique dithyrambique des grands Francs-Maçons qui ont marqué l’Histoire politique, sociale, médicale, scientifique durant ces trois ou quatre derniers siècles.

Toxiques, quand les livres font mal, Laurent Jouannaud

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 25 Novembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Toxiques, quand les livres font mal, L’Editeur, août 2015, 144 pages, 12 € . Ecrivain(s): Laurent Jouannaud

 

Eloge de l’affliction addictive

En littérature comme ailleurs il est des douleurs qui fascinent et des plaisirs qui tuent. Généralement les critiques font l’impasse dessus. Ils pérorent en tombant dans la métaphore exhaustive pour chanter l’écriture rayonnante des écrivains qui les ont charpentés. Laurent Jouannaud choisit un parcours inverse. Il opte pour une autre faconde plus radicale et pour ses créateurs de l’effondrement : ceux qui l’ont « déconstruit ». Mais pour mieux lui ouvrir les yeux selon des expériences de fondement.

Ce chemin de traverse est aussi pertinent qu’impertinent. Retenant « ses » sept livres de son bouleversement (Les fleurs du mal, Voyage au bout de la nuit, Une saison en enfer, Mémoires d’Adrien, Belle du Seigneur, La recherche du temps perdu et L’Innommable), l’essayiste fait éprouver plus qu’expliquer comment l’articulation du corps et de la langue, du silence et des mots joue dans « ses » livres toxiques dont il prétend ne pas se faire le prosélyte. C’est bien sûr faux. Et l’on s’en réjouit.

Chroniques, Marcel Proust

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 20 Novembre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Récits, Gallimard

Chroniques, septembre 2015, 280 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Marcel Proust Edition: Gallimard

 

A La Recherche du Temps Perdu c’est l’œuvre dont on dit régulièrement qu’à sa lecture on va s’atteler. Pour des raisons scolaires ou académiques, on a bien lu l’un ou l’autre volume, mais on reporte sans cesse d’ouvrir cette pile qui trône sur une étagère… Du coup, on se dit qu’on va attaquer de biais, et lire les Chroniques de Marcel Proust (1871-1922), petit volume publié pour la première fois en 1927 par son frère Robert et Gaston Gallimard. On l’ouvre en s’attendant à quelques écrits sur le tout-Paris de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, une sorte d’inventaire d’avant la grande catastrophe qu’est la Première Guerre mondiale – en bref, une œuvrette secondaire destinée à juste faire dire qu’on a lu du Proust. Et c’est à la fois ça, et bien plus encore : c’est un auteur qui fait ses gammes, qui progresse stylistiquement tout en faisant preuve d’une grande pénétration d’esprit ; c’est un grand en devenir qui s’exprime dans ces Chroniques rédigées entre 1892 et 1921.

Celles-ci sont réparties en quatre sections : Les Salons, la Vie de Paris (neuf chroniques), Paysages et Réflexions (six chroniques), Notes et Souvenirs (sept chroniques) et Critique Littéraire (quatre chroniques, dont deux tout à fait remarquables sur respectivement Gustave Flaubert et Charles Baudelaire), et, au sein de ces sections, présentées dans l’ordre chronologique.

Eloge du bistrot parisien, Marc Augé

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 24 Octobre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Payot

Eloge du bistrot parisien, mars 2015, 112 pages, 15 € . Ecrivain(s): Marc Augé Edition: Payot

 

Voici un livre que, malgré son titre, on ne doit pas se sentir obligé de lire dans un des lieux dont il parle. Guère besoin en effet de s’installer à une table ou au comptoir d’un bistrot parisien pour le lire, tout en vérifiant que ce qu’on lit est bien ce que l’on voit et vit (et que l’on ne vit plus vraiment, parasité par la lecture). Outre que cela serait une bien étrange démarche qui aurait sans doute pour premier effet de surprendre le tenancier du lieu comme ses habitués ou ses clients de passage, elle serait surtout inutile tant l’auteur sait les faire revivre à travers sa prose, ses digressions et ses souvenirs. Cet Eloge du bistrot parisien ne se présente pas comme une érudite analyse de l’espace et de l’imaginaire du lieu, même si, chemin faisant, l’auteur d’Un ethnologue dans le métro éclaire avec justesse et profondeur la nature de ce lieu si littéraire et si trivial à la fois. Le registre est celui d’une ethnologie sensible autant que d’une sociologie du sensible (ou des sensations) qu’il pratique avec un rare bonheur. Cette façon de partager observations, souvenirs, émotions, références littéraires a le don de nous éclairer sur notre quotidien, de nous permettre de mieux le voir (et non seulement de le percevoir), d’y être plus attentif et sensible. Comme un Pierre Sansot, qui pratique le même art avec un tout aussi réjouissant bonheur, Marc Augé nous invite à une flânerie qui sait être savante sans être pédante, qui sait nous faire comprendre sans nous alourdir d’académiques explications.

Renaître par les contes, Le rire de la grenouille, Henri Gougaud

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 24 Octobre 2015. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Renaître par les contes, Le rire de la grenouille, Editions du Relié, juin 2015, 192 pages, 18 € . Ecrivain(s): Henri Gougaud

 

Dans son avant-propos, Henri Gougaud mentionne que ce livre a d’abord été oral, plus exactement, il est « né de conversations avec [son] ami Benoît Chantre ». On n’en attendait pas moins du célèbre conteur qui d’ailleurs complète son ouvrage en nous offrant un CD rom de quelques contes dont il nous régale dans le livre.

Les contes peuvent-ils encore nous dire quelque chose de notre monde si effrayant fût-il encore ? Genre méprisé par les intellectuels, nous dit-il, il a encore tant à nous révéler. Et la démonstration qu’il en fait est un vrai régal ! Gougaud, d’abord conteur, se défend d’être un spécialiste mais il a des choses intéressantes à dire pour le bienfait de l’humanité. Dans un livre qui n’a rien de formaté, « il n’est pas un produit d’usine » mais « a poussé dans [mon] jardin », il nous délivre une leçon de vie empreinte d’une forte poésie et d’un métissage qui fait du bien à l’âme et au cœur.

Rien de plus anodin qu’un conte ? Pas sûr, nous dit-il. Les contes existent depuis la nuit des temps, ils continuent d’exister parce qu’ils ont quelque chose à nourrir en nous.