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Ecriture

Legs de l’insuffisant

Ecrit par Clément G. Second , le Jeudi, 22 Janvier 2015. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

 

 

 

 

Si mal se souvenir – c’est dire qu’on y pense

aux ancêtres enfouis nouveau-renés de soi

Il y a tant d’espace entre des bras ballants

tant de démolitions sans traces de parages

et de matins giflés d’un revers de lumière

tant de fois qu’à la longue un héritier les sent

remuer comme en lui qui les croyait de cendre

Le Jardin de derrière (7) - Où l’Association prend de l’importance. Les tunnels aussi

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 14 Janvier 2015. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

Le mercredi matin, Georges fit un saut chez le notaire à L’Isle-sur-Serein. L’ancien propriétaire l’avait déjà appelé, visiblement inquiété par son coup de fil. Le notaire était assez jeune et ne savait rien de cette histoire de buses. Il se demandait mollement si cela pouvait être considéré comme un vice caché, mais Georges le rassura : les buses, la salle de bain, tout lui allait très bien. Il ne demandait rien, n’attendait rien. Il avait juste trouvé cela curieux.

– En tout cas, maintenant, ce sont vos buses, avait conclu le notaire en le raccompagnant à la porte. Georges en éprouva une étrange allégresse.

Kevin et Julien arrivèrent avec la camionnette à 14 heures très précises, une fille avec eux, un peu plus jeune, l’air timide. Georges les envoya au grenier où il avait trié la veille ce qu’il voulait jeter et ce qui pouvait encore resservir. Les jeunes, en passant, lançaient des regards curieux sur le séjour, la cuisine, les travaux en cours. Refusant l’aide de Georges, ils gravissaient puis dévalaient d’un pas léger l’escalier de devant et l’échelle menant au grenier, chargés de vieux cartons, d’une chaise cassée, portant à deux une malle au fond rongé par la rouille.

Le Jardin de derrière (6) - Où Georges passe un coup de fil

Ecrit par Ivanne Rialland , le Vendredi, 09 Janvier 2015. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

Une demi-heure plus tard, les mollets râpés par la pierre et le nez rouge vif, il se leva pour regagner l’intérieur, dont la fraîcheur soudaine, poignante, le saisit et le secoua d’un tremblement brutal. Le bas de son pantalon retomba sur ses chevilles. Il considéra la cuisine, un moment songeur, mit des bâches sur le sol et gratta la peinture avec application. Au milieu de l’après-midi, il passa au couloir, puis s’interrompit brusquement pour se lancer dans un grand ménage, traînant un sac poubelle à sa suite. Il ouvrit tous les meubles laissés par l’ancien propriétaire, inspecta les placards, fouilla les tiroirs du vaisselier et de l’armoire à glace, inspecta le vieux sofa. La récolte fut maigre : un magazine oublié par sa femme ou sa fille, un jeu de cartes, des enveloppes jaunies mais vierges, un sachet de lavande tombée en poussière. Dans le sofa, sous les coussins, enfoncé profondément entre l’accoudoir de gauche et le dossier, il trouva finalement un soldat de plomb. La découverte lui parut prometteuse. Il regarda la peinture écaillée de la figurine, les minuscules giclures autour des détails les plus fins. Le soldat avait été peint à la main, par un enfant probablement, un débutant en tout cas. Il le retourna en tous sens, cherchant une marque, une trace, il ne savait quoi.

Le Jardin de derrière (5) - Où la voisine tombe de l’échelle

Ecrit par Ivanne Rialland , le Samedi, 13 Décembre 2014. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

Le mardi, Georges fut brusquement tiré de son sommeil par un grand bruit, suivi d’un cri étouffé. Il se passa la main sur le visage, jeta un coup d’œil au réveil et ouvrit les volets. Ce mardi, à 6h32 du matin, une femme gisait les quatre fers en l’air, dans la plate-bande du jardin de derrière. Ses jambes nues s’agitaient faiblement tandis qu’elle tâchait de se dépêtrer de l’arbuste qu’elle avait écrasé sous son poids. Georges, arrêté un bref instant par la vision, sortit précipitamment en caleçon et tee-shirt, les cheveux tout hérissés, s’écorchant les pieds nus sur le béton râpeux.

La femme était déjà débout, se frottant énergiquement l’arrière-train, l’air furieux.

– Vous pourriez au moins vous vêtir décemment, non ?

Georges, stoppé net dans son élan, hésita, manqua d’aller chercher un peignoir, se retourna, et puis non, quand même, c’était trop fort, il se remit en marche avant. La femme avait déjà appuyé l’échelle contre le mur et commençait à grimper, sa robe se gonflant dans le vent du matin.

Tu voyages

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 11 Décembre 2014. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

De Grandeur Nature il n’est pas plus pure optique que ce dédale de terre et d’herbes dressées pour le reposoir des ailes du regard qui te portent / t’emportent / au-delà des mètres limités / au-delà de l’huis clos

De Grandeur Nature il n’est pas de plus pur chemin / de la porte d’entrée que l’on cogne des mains de la rencontre et des retrouvailles / à sa baie vitrée / aux bords pourtant ébréchés du temps / où t’arrive / en bouffées / comme sur la table / des ailes fracassées

 

Vol à l’aveugle / embrassé / stoppé net

Dans sa ligne frontale /

Mort-né de sa ligne trop droite /

Miroir aux alouettes /

Un écran de verre trompe leur envol /

leurs plus belles courses