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Ecriture

D1 Deuxième partie sur trois

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 25 Juin 2015. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

En attendant d’embarquer un de ces jours, je scrute les tourbillons. Le varech y dessine des chevelures gluantes comme en porteraient des sirènes qui se négligent. Peut-être Dalva va-t-elle surgir brusquement, cette perruque sur la tête, projetant en l’air une proie qui aurait eu la folie de s’y croire à l’abri. Mais les orques ne surgissent brusquement que pour qui ne les a pas guettées et je guette, ratissant du regard les flots jusqu’à l’autre berge et ses forêts de thuyas. Souvent, ma vue se heurte contre des bateaux promenant leur cargaison de touristes avides de photographies.

Si j’étais aventureuse, je soudoierais le cétologue pour qu’il m’emmène avec lui à Crozet. Dans le jabotement des manchots et le rugissement des lions de mers, il y observe une progéniture apeurée mourir, dès sa première sortie, dans la gueule des épaulards – cet autre nom de l’orque. Mais quand, longeant la rive, je suis doublée joyeusement par l’aileron de Dalva ou d’autres, je cultive le secret de ma passion pour elles.

D1 - Première partie sur trois

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 18 Juin 2015. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

Sur ce sentier d’où je domine les eaux du détroit de Johnson, les fleurs de cornouiller signent, à flanc de coteaux, l’avènement de juin. Quand je suis arrivée hier dans la nuit, j’ai pu brièvement observer de la fenêtre de mon chalet les flots rutilants avant que les rayons de lune cessent de les éclairer mais déjà leur rumeur me reposait du décalage horaire et calmait mon impatience des retrouvailles.

Dans le jour levé depuis quelques heures, la rumeur enfle au fur et à mesure que je descends vers la berge où je me posterai aujourd’hui. Un festin et son spectacle se préparent. Les saumons ont commencé à remonter le bras de mer pour retrouver le lieu de leur naissance où ils vont frayer. Les grizzlis les attendent et les orques les suivent. Des poissons éventrés par les crocs ou les griffes des uns, les dents des autres, brilleront un instant encore dans une gerbe d’éclaboussures où leur sang se diluera, faisant diversion pour que d’autres aient la vie sauve et perpétuent l’espèce.

Mais elle, quand va-t-elle arriver ? Quand verrai-je son aileron entamé autrefois par un filin de pêcheur battre le pavillon de sa survie et trancher l’eau comme une lame pour y disparaître un moment avant de ressurgir, plus loin ? Elle mènera la troupe D. Elle est donc D1 selon la classification établie par le cétologue du coin. En mon for intérieur, je l’appelle Dalva.

Artaud ou la machine de l’être à regarder de traviole (2)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 10 Juin 2015. , dans Ecriture, La Une CED

 

L’inspiration comme fœtus dans l’œuvre d’Antonin Artaud

La question de l’inspiration poétique et de son verbe, et de son impuissance à accoucher / engendrer une création existant à part /

entière

de façon autonome et plénière /

satisfaisante

parcourt l’aveu testamentaire écrit par Antonin Artaud concernant les poèmes avortés de Tric Trac du Ciel. Aveu de poèmes au « petit air désuet » portant en eux, non un style, mais un esprit (celui recevable dans les années 20).

Poèmes non « inspirés », donc. Et qui ne représentent Artaud « en aucune façon ».

Cui bono, par Sylvain Gau-Gervais

Ecrit par Sylvain Gau-Gervais , le Samedi, 06 Juin 2015. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

 

 

 

 

L’aride romance des cœurs meurtris

qui portent le germe fécond qu’on ne féconde

point, pondu avarié dans les franges fangeuses,

a ses fondements dans des absences au monde.

Connaissez-vous la peur de vous heurter au manque,

Ah ! Ça ira !

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 05 Juin 2015. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

 

 

 

 

Ce soir les éclopés, les ploucs, les prolétaires,

La lie, les va-nu-pieds, la boue, les culs-terreux,

Les gueux, les affamés, les flous, les ténébreux,

Désertent les clapiers, les égouts, les tanières.

 

Au glas turbulent des beffrois

Les rebuts jouent les rabat-joie

Dans les tours trépidant d’effroi

Le bourdon bat chez les bourgeois