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Ecriture

Le Jardin de derrière (17) - Où Oncle Tobie fait des siennes

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 25 Mars 2015. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

 

Deux vigilants voisins se grattaient la tête avec perplexité. La porte de la maison de Louis était grande ouverte. Ils étaient venus faire leur ronde autour de la ferme pour surveiller les jeunes qui avaient l’habitude de traîner sur son terrain, mais là, devant ce qu’ils apercevaient à l’intérieur, ils ne savaient pas trop quoi faire. L’un d’eux se décidait à appeler la gendarmerie lorsque Louis survint, s’exclamant du plus loin qu’il les vit : « Qu’est-ce que vous foutez là ? » Louis était devenu, par la force des choses, très tatillon avec la notion de propriété privée. Le premier voisin vigilant rempocha son portable tandis que l’autre levait les mains en signe d’apaisement : « C’est pas nous, Louis. On s’est juste approché pour voir. Parce que c’est pas tes habitudes, de laisser la porte ouverte. Et on a vu. On allait appeler les gendarmes ». Louis fonça vers sa maison, pila net sur le seuil de la porte : « Bon Dieu, qu’est-ce que… » Il hésita. Puis il prit son téléphone, et appela lui-même les gendarmes.

Le Jardin de derrière (16) Où l’Association montre ses crocs et ses muscles

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 18 Mars 2015. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

Le début du mois de juin avait été brûlant. Georges avait fini de repeindre de frais toute la maison. Il s’était ensuite attaqué à l’aménagement de la grange et depuis quelques jours, son fils disposait d’une sorte de studio insonorisé sur trois côtés, le quatrième ouvert sur le reste de la grange, où s’entasseraient bientôt les vélos auprès des outils et des meubles de jardin. À droite un renfoncement permettait de garer la voiture. Au-dessus, Georges avait renforcé le plancher avec l’aide de Kevin et Julien, et ils avaient monté un vieux canapé et une table basse que Georges avait achetée à l’Association. Les enfants étaient venus deux week-end de suite, Pierre chaque fois chargé de boîtes à œufs pour l’insonorisation, et Hélène avait passé là une semaine, meublant la maison avec un certain enthousiasme. Ils avaient sillonné la ZAC à la recherche de rideaux et d’abat-jour, se sentant, sur ces allées goudronnées, le long de ces murs de tôle peinte, revenus aux premiers temps de leur mariage.

Georges n’avait plus touché au bief, ni rampé dans les souterrains.

Chemin de bois près des cabanes - Trois variations sur une plage

Ecrit par Clément G. Second , le Mardi, 17 Mars 2015. , dans Ecriture, Nouvelles, La Une CED

À Olivier Rouquette, pour sa photo

Chemin de bois près des cabanes

Trois variations sur une plage

Mini-nouvelles de 150 mots

 

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La nuit est tombée sur la plage. C’est le début de l’automne, il fait à peine frais. Le long des cabanes closes le chemin de planches est désert. Il a plu ; la lune qui joue avec les nuages projette ses reflets changeants sur le bois. Une silhouette frêle mais décidée s’approche. Une adolescente. S’étant assurée d’être seule, elle se déchausse et danse sur les planches. Danse on ne sait quoi. Elle danse de tout son corps, de tous ses gestes, de toute sa joie. Elle semble faire offrande du mouvement qui l’anime. La mer un peu plus loin, en ressac au pied des galets, rêve tout bas. La jeune fille danse. Le vent se rapproche, veut l’entourer ; elle s’en dégage. Elle danse. Aux balcons du ciel, des étoiles penchées lui lancent des clignotements. Elle danse encore longtemps, longtemps. À la fin, sa révérence rencontre l’assentiment recueilli du silence.

Les foies

Ecrit par Sylvain Gau-Gervais , le Mercredi, 11 Mars 2015. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

 

 

 

Nous sommes faits de morts. De pères morts, de dabes

par contradiction, ces mais exquis comme mets,

ces incorporations de dépouilles, kebabs,

idées, étcé. Vivre : crever lentement et

tout le long d’abîmes abscons

que l’on s’échine à ne pas voir

comme ils sont. Nous ne sommes bons

qu’à nous illusionner. À boire

de tout le mirage de ne pas voir, louiah !

Le Jardin de derrière (15) Où, comme les poissons morts, de vieilles affaires remontent à la surface

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 10 Mars 2015. , dans Ecriture, Ecrits suivis, La Une CED

 

– Vous êtes sûre vous n’exagérez pas un peu ?

– Monsieur le maire !

Sylvie René était outrée. Le maire soupira, passa ses deux mains dans ses cheveux rares, remonta ses lunettes d’un froncement de nez embarrassé.

– Un fusil est un fusil, quand même.

Elle montrait l’objet posé sur le bureau du maire.

– … vous avez beau dire…

Le maire ne disait rien.

– … il est peut-être rouillé, mais c’est une arme que je sache. Jérémie m’a dit qu’il y en avait plein d’autres dans la cabane. Une cabane pleine d’armes, à deux pas du village…

– Possible que…