Legs de l’insuffisant
Si mal se souvenir – c’est dire qu’on y pense
aux ancêtres enfouis nouveau-renés de soi
Il y a tant d’espace entre des bras ballants
tant de démolitions sans traces de parages
et de matins giflés d’un revers de lumière
tant de fois qu’à la longue un héritier les sent
remuer comme en lui qui les croyait de cendre
L’héritier s’est levé de bonne heure il y a
des dizaines d’années singulier dans les nombres
Les Désormais Bientôt les Soudain faisaient homme
Il convoquait souvent entrelacs et réseaux
qui passant l’assouvir à l’improviste sour-
dement se démentaient comme une Pénélope
amère ah mais quels coups de tabac quelle histoire
Et voilà qu’on s’assied un soir plus malhabile
par tout un mouvement sans retour transporté
De ces splendeurs manquées tout à trac s’en reviennent
radieuses d’errements qui les ont épargnées
On se penche on contemple ainsi mieux un abysse
poissonneux non d’échecs mais d’agiles reports
Ô lendemains chanteurs engaînés de silence
Tournant un peu la tête on rejoint à mi-pente
échevelée hilare et sertie de rejets
la descendance – non pas une mais la sienne –
reconnaissable à quelque signe irrécusé
Puis baissant le poitrail des jours que rien n’exauce
d’un vieux filet de voix lui dire alors audible
– Tout ce vide pour vous je voulus l’habiter
Si j’ai cru rehausser de murs l’amour immense
établir les dedans de quels confins obscurs
au nom de l’Infini requérir fond et forme
sachez que même en vain s’est bâti ce naguère
d’un maçonnage de présents thésaurisés
Ci-veille sans gésir et luit l’Insuffisant
qui vous lègue ses clefs à tourner ou à fondre
Clément G. Second
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