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Les Chroniques

Le Diable dans le Beffroi (Nouvelles histoires extraordinaires, 1839), Edgar Poe (par Mona)

Ecrit par Mona , le Vendredi, 12 Mai 2023. , dans Les Chroniques, La Une CED, USA

 

Edgar Poe, précurseur du nonsense

Le Diable dans le beffroi, une nouvelle de huit pages, traduite par Baudelaire, a inspiré des artistes aussi divers que Debussy et Adriano Lualdi qui en ont fait un opéra et James Ensor, un tableau. L’intrigue insensée conte l’histoire d’un petit bourg hollandais où les villageois semblent ne s’occuper que d’horloges et de choux jusqu’à l’arrivée brutale d’un trouble-fête diabolique qui perturbe l’heure de la choucroute. L’intrus dont le portrait emprunte quelques traits à la caricature antisémite du Juif (« Il avait la face d’un noir de tabac, un long nez crochu, des yeux comme des pois, une grande bouche et une magnifique rangée de dents qu’il semblait jaloux de montrer en ricanant d’une oreille à l’autre »), pénètre dans le beffroi du village, affole les pendules en frappant de son violon « cinq fois plus grand que lui » le gardien de l’horloge et sème la zizanie pour son bon plaisir.

A propos de la revue "éléments" et BHL (par Patricia Trojman)

Ecrit par Patricia Trojman , le Vendredi, 12 Mai 2023. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

François Bousquet dans la pitoyable revue d’extrême-droite, Eléments, « le magazine des idées à l’envers » ! daté fraîchement de Mars-Avril 2023 (p.43-45) alors qu’il sent le rance des années 30, déverse son venin de vieil entarteur professionnel sur Bernard Henri-Lévy. Pour ne citer qu’un mince passage, et c’est déjà grand honneur que de le citer : le titre de son article en première de couverture, « Comment j’ai entartré un fauteur de guerres », en dit long sur le grand courage combatif du pseudo-journaliste, qui déclare de BHL « c’est le plus fascinant chez lui, l’endurance. Increvable, il a survécu à tous ses échecs. Comme l’hydre de Lerne, vous lui coupez une tête, deux autres repoussent… Omniprésent, omniscient et omnipotent – comme Dieu », si on ne lisait que cet extrait sans lire les 3 pages d’une virulente et rageuse jalousie, on croirait à un panégyrique involontaire !

Dans la solitude inachevée, Marc Dugardin (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 11 Mai 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Dans la solitude inachevée, Marc Dugardin, éditions Rougerie, avril 2023, 80 pages, 13 €

 

Tout poète est une sorte de Pythie lucide et prudente. Pythie parce qu’il constate une espèce de « dictée des mots » en lui, dont – dit Marc Dugardin – il se sent « tributaire », puisque sa propre expression prend en route ce quelque chose qui parlait déjà en lui. Mais lucide, parce qu’il sait bien que ce discours intérieur n’est peut-être qu’un bavardage inspiré, une révélation pour rire, au mieux un rêve un peu tenace. Et prudent parce que, même si une musique verbale s’amorce et s’avance en lui avec ferveur, il n’est pas bon de se laisser tout dire : si écrire ne servait pas la vie, ou même (par diversion, ou imposture) la trahissait, pourquoi lancer encore au large sa petite bouteille de mots, l’espérant un jour recueillie (comme dit Paul Celan) sur la « plage d’un cœur » lointain ?

Par le titre de son recueil, le poète belge Marc Dugardin (76 ans) répond ceci à son lecteur : parce que deux solitudes valent mieux qu’une, si et quand, du moins, aucune ne prétend achever (enclore, accomplir, faire cesser) l’autre.

Un arrière-goût de rat, Jean-Claude Hauc (par Philippe Thireau)

Ecrit par Philippe Thireau , le Mercredi, 10 Mai 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Tinbad

Un arrière-goût de rat, Jean-Claude Hauc, éd. Tinbad, novembre 2021, 170 pages, 18 €

 

Écrire est criminel. De quel droit l’écrivain fouaille-t-il la page blanche de son écriture, la souille-t-il de son encre ? Une encre à la fois principe éjaculateur et projection de l’inconscient. Jean-Claude Hauc, laudateur et bon spécialiste de Casanova, nous embarque dans l’histoire de la vie en la mort annoncée.

Ouvrage crépusculaire entend-on dire à propos de ce journal/roman d’un enseignant/écrivain, qui loin de se retourner sur son passé (seulement un peu) affronte le présent, devrait-on dire l’étreint ; comme il étreint ses belles élèves damnées. Crépusculaire, certes, mais si l’on invoque facilement le crépuscule du soir, celui que beaucoup pensent unique, celui du matin allume le jour tragique condamné à mourir. La petite lueur rose blafarde. Celle de Baudelaire dans son poème Le Crépuscule du matin :

… Et l’homme est las d’écrire et la femme d’aimer.

Au matin de tout, la partie est jouée. Le soir n’est qu’une étape convenue.

Cercles intérieurs, Thibault Biscarrat (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 09 Mai 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Cercles intérieurs, Thibault Biscarrat, éditions Conspiration, janvier 2023, 70 pages, 9 €

 

Le sur-poème

Il y a bien plus que de la littérature dans ce recueil de poèmes de Thibault Biscarrat, car ses textes s’appuient sur une vie spirituelle dense et qui ouvre le poème à une espèce de « sur-poème », un poème du poème. Livre appuyé quant à lui sur Ibn Arabi, sur Thérèse d’Avila ou Jean-de-la-croix, en tout cas sur des textes fondateurs de la haute spiritualité humaine. Et cette sphère de l’intellection intuitive, si je puis dire, se conjugue en ajoutant au monde matériel l’univers de la pensée – et de la croyance. Ici, Noé, la Genèse, le Cantique des cantiques.

Je suis le secret des secrets, je suis la fin et l’origine. Mon souffle sculpte la voix des prophètes, je sculpte le chant de l’aède, des poètes. Le poème est une prophétie qui s’incarne à chaque instant. Le poème se dirige vers mon âme. Je connais les secrets, les mystères.