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Les Chroniques

Horizons, Pierre Barachant (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 02 Février 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Editions Douro

Horizons, Pierre Barachant, éditions Douro, Coll. La Bleu-Turquin, novembre 2022, 150 pages, 19 €

 

L’horizon est ce qui s’imagine, depuis le cadre. Si le cadre comble l’imaginaire de la forme, il en fait se déployer en substance une poétique inspirante inépuisable. Baudelaire l’aura rappelé avec le cadre infini… Si la limite multiplie l’énergie en la canalisant, regarder l’horizon peut ainsi multiplier les points de vue sur le monde. Et cet horizon ne gagne-t-il pas encore en profondeur par la multiplicité des regards qui s’y portent ?

Dans Horizons de Pierre Barachant, paru en novembre 2022 aux éditions Douro dans la Collection La Bleu-Turquin dirigée par Jacques Cauda, regarder l’infini se déploie sur l’axe de trois points de vue articulés autour du mystère d’une existence partagée. Jonas, Julienne et Ania, frère et sœurs, répondent à la question narrative « Qui parle ? » en proposant leur interprétation personnelle autour d’une vie familiale pour le moins trouée d’énigmes. Pourquoi leur mère s’absentait-elle si souvent du domicile au temps de leur enfance ? Pourquoi leur père ne leur a-t-il jamais expliqué les raisons de cette absence en pointillés ?

Jack Fairweather, Prisonnier volontaire. L’histoire vraie du résistant polonais qui a infiltré Auschwitz (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 01 Février 2023. , dans Les Chroniques, La Une CED, Iles britanniques, Flammarion

Jack Fairweather, Prisonnier volontaire. L’histoire vraie du résistant polonais qui a infiltré Auschwitz, traduit de l’anglais par Carine Guerre et Clotilde Meyer, Paris, Flammarion, 2022, 542 pages, 24, 90 €.

 

Quand on aborde ce qu’il est convenu d’appeler la « littérature des camps », il n’est pas rare qu’on se retrouve en face d’histoires vraies qui ne se contentent pas de dépasser la fiction, mais qui l’écrasent. Tel est encore le cas ici. De toute manière, l'entreprise génocidaire nazie marque une des limites de la « littérature » et, peut-être, un de ses échecs, en tant que mode de connaissance du monde et de l'être humain. Aucun écrivain, si audacieux ait-il été, ne l'a vue arriver. Jules Verne a pu anticiper le sous-marin de guerre, le voyage sur la Lune, la télévision et bien d'autres choses, mais ni lui, ni personne d'autre, n'a imaginé l'anéantissement programmé, rationalisé, technicisé, de tout un groupe humain. À l'autre extrémité du temps, rares sont les œuvres littéraires, les textes de fiction (en excluant donc les témoignages) qui se soient hissés au niveau de cette tragédie. On pense à la fin du Dernier des justes ou à l'avant-dernier chapitre de La Librairie Sophia.

Une entrevue subreptice, Philippe Boutibonnes (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 30 Janvier 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Une entrevue subreptice, Philippe Boutibonnes, coll. Préoccupations, éd. L’Ollave, 2022, 13 €

 

Image peinte

J’ai été heureux de passer plusieurs heures en compagnie de L’Annonciation de Paris Bordone, image qui justifie le livre. Car ce livre nous ouvre autant au mystère de cette Annonciation qu’au grand mystère de la peinture, en son feuilletage conceptuel.

Cette lecture a été pour moi une errance, un vagabondage, une dérive situationniste, allant sans but, faisant des pas dans les lacs compliqués de ce que produit comme travail un tableau où j’étais là comme spectateur, sinuant et m’insinuant dans l’œuvre peinte. On y voit aussi bien une approche théologique qu’esthétique, profondeur compliquée d’un tableau qui par essence est à deux dimensions, mais dont le troisième terme est l’écriture, la pensée, sachant qu’ici le thème religieux se vectorise surtout sur les Évangiles de Matthieu et de Luc. Et la pensée devient chantante, prise librement dans la mutité consubstantielle de la peinture, en un acte muet, mais étoffé par la pensée. Oui, je ne cessais de fixer la Vierge et, côté Jardin, l’ange mystérieux, lui aussi au bord de l’aphonie.

Ainsi parlait, Jean de Ruysbroeck (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 26 Janvier 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Arfuyen

Ainsi parlait, Jean de Ruysbroeck, trad. et préf. Marie et jean Moncelon, éd. Arfuyen, 2022, 14€

 

Une approche de Dieu

Ainsi parlait Jean de Ruysbroeck laisse entrevoir une relation à Dieu fondée sur une expérience mystique, en tout cas telle que j’ai pu la percevoir. Approche de Dieu contemplative, intérieure et mystérieuse. Tout confine ici à la rencontre de Dieu par le croyant qui a besoin de « toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matt. IV, 4). Cela dit, il faut donner quelques éléments saillants qui justifient ici cette quête, car le chemin pour le chapelain de Sainte-Gudule est balisé. Son langage dessine les reliefs d’un paysage escarpé et montagneux, c’est-à-dire des flans abrupts, des chemins complexes, des pierres dures et surtout des découvertes spirituelles. Il y a un nombre important de termes de cette métaphore de l’élévation de l’âme : hauteurs, accroissement, croissance, fructification, agrandissement, toutes ces images concourant à dresser le portrait d’un Dieu intérieur. Si ces images de l’élévation découlent de l’imaginaire religieux du prêtre d’une simple paroisse de Bruxelles, il se trouve aussi des allusions récurrentes au feu, à l’ignition, au soleil, à la combustion des consciences, à l’embrasement de l’Esprit.

Voyage en haute Connaissance, Bertrand Vergely (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 25 Janvier 2023. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Voyage en haute Connaissance, Bertrand Vergely, Les éditions du Relié (Guy Trédaniel), janvier 2023, 336 pages, 18 €

 

Le sous-titre de cet essai (Philosophie de l’enseignement du Christ) en indique clairement l’objet et l’enjeu ; une interprétation spéculative (mais ardente, et joyeuse !) de la nature du Christ et du message évangélique depuis l’idée d’une Vie infinie qui s’incarne en lui, et vient nourrir exemplairement la capacité propre à l’homme, par sa raison consciente et libre, de « faire vivre la vie même qui est en lui ». Or le constat de l’auteur (p.120) est sans appel : « Nous voulons apporter une réponse aux questions que pose la vie et nous ne sommes pas vivants ! ». Or « il faut être un être humain qui est. Pour être cet être humain, il faut avoir rencontré l’être, ce qui fait être et celui qui est et qui fait être. Le Christ a cette science » (p.89). « Haute Connaissance » est donc d’abord la science de vivre de tout son être ! C’est pourquoi, l’idée de vie étant omniprésente ici, quelques mots sur son sens (d’abord bien sûr biologique), pourront aider à saisir à quel titre, selon Bertrand Vergely, une Vie divine pourrait éclairer toute vie humaine depuis celle même du Christ.