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Les Chroniques

Lettre (d’une mère) à un jeune poète (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 02 Mai 2024. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Poésies, Une saison en enfer, Illuminations, Arthur Rimbaud, édition de Louis Forestier, Poésie/Gallimard, 1973, 304 pages, 8,20 €

 

Monsieur,

Je n’ai pas l’honneur d’être connue de vous, ni vous de moi : aussi est-ce après mûre réflexion que je me permets de vous écrire afin de vous exprimer mon irritation, pour ne pas dire ma colère, suite à la lecture de deux de vos poèmes (Au-Cabaret-Vert et La Maline) que mon fils vient d’étudier avec sa professeure dans la perspective de l’épreuve orale de français du baccalauréat. Je ne sais d’ailleurs pas si je dois vous appeler « monsieur » car, si je suis plus jeune que vous d’une certaine façon, puisque nous ne vivons pas à la même époque, je suis cependant, étant mère, plus âgée.

Le Scribe et son Théâtre, Brève rétrospective, Marie Etienne (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 30 Avril 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, Critiques, La Une CED, Editions Tarabuste

Le Scribe et son Théâtre, Brève rétrospective, Marie Etienne, éd. Tarabuste, décembre 2023, 120 pages, 13 €

 

« Dans le titre, le masculin du mot scribe est un neutre. La langue française n’ayant pas d’autre moyen de désigner le troisième genre, ou son absence, je me contente de celui-là, sans toutefois en être contrariée. À l’impossible nulle et nul n’est tenu » (Note, p.111).

Un(e) scribe a bonne allure, et mauvaise presse. Bonne allure comme vif secrétaire, qui consigne et atteste ; mauvaise presse, comme « commis » aux écritures, sorte de parasite de l’expressivité, bon qu’à gratter notre paperasse. Mais que compile ou fixe ordinairement un scribe ? Une réalité publique d’informations. Il ne devrait donc pas (sauf ironie, ou contre-emploi) exister de « scribe » en « son théâtre », car que viendrait faire le rédacteur d’actes institués, la petite main de textes officiels, dans le monde d’abord confidentiel, fantasmatique et ostentatoire d’un « théâtre » personnel ? Et d’ailleurs – sauf dans la stricte et limitée fonction de script (bénévole ou non) des improvisations scéniques d’autrui – qu’est-ce donc qu’un scribe de théâtre ?

L’Œuvre poétique I, Le code de la nuit, Dylan Thomas (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 29 Avril 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Iles britanniques, Poésie, Arfuyen

L’Œuvre poétique I, Le code de la nuit, Dylan Thomas, éd. Arfuyen, février 2024, trad. anglais, Hoa Hôï Vuong, 329 pages, 24 €

 

Organicité

L’important travail de traduction et de documentation qu’a fourni le traducteur Hoa Hôï Vuong, mérite largement de faire apprécier l’œuvre poétique de Dylan Thomas en France et en tous pays francophones. Cette traduction, qui n’est pas littérale, arrive cependant à restituer une vision du monde, un univers. Cette langue du poète gallois donne à écrire, à voir et à entendre une forme presque archaïsante de la langue anglaise, et, peut-être cette idée était aussi celle du traducteur. Langue nette et brute, lais modernes, écoute d’un son d’Edgard Varèse.

Ces considérations générales ne doivent pas empêcher de considérer cette littérature comme parlant depuis une organicité de la matière, saillant çà et là comme irruption de l’angoisse. Visions faites d’os et de sang, de tout ce qui est sujet au pourrissement, les asticots, la mort, tout cela se racontant comme en une double vie terrestre, vie combattant la mort, faits vifs de chacune des vies, fluidité conduisant au néant.

Griffes N°7 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 29 Avril 2024. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

L’avenir de l’intelligence, et autres textes, Charles Maurras, 2018, Robert Laffont, Bouquins, 1280 pages, 32 €

J’ai mis du temps à venir à bout de ce gros pavé, mais en ces temps de « réévaluations » et réhabilitations, autant prendre le temps. Au nom des libertés de pensée et d’édition, de vieux monstres relèvent la tête, alors regardons les dans les yeux. J’aime bien Bouquins, le poids, la tenue en main des volumes. Celui-ci ne fait pas exception : édition soignée de textes et d’extraits, groupés par thèmes. Autobiographie, journalisme, poésie, pensée politique et engagement. Préfaces et mises en contexte. La chose est (bien sûr ?) pro-Maurras. J’ai commencé par les poèmes, essayant d’ignorer l’auteur. Belles constructions, culture évidente, mortellement ennuyeux. Des cendres plutôt que de la poussière. Le côté autobiographique (la Provence, Martigues & plus) est de son temps, et sans grand intérêt. La pensée Maurassienne est bien plus intéressante.

Deux ouvrages d'Éric Reinhardt (par Patrick Le Henaff)

Ecrit par Patrick Le Henaff , le Jeudi, 25 Avril 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Sarah, Suzanne et l’Écrivain, Éric Reinhardt, Gallimard, 2023, 430 pages, 22 €

L’Amour et les Forêts, Éric Reinhardt, Folio, 2016, 416 pages, 9,40 €

 

On y va tout droit. On le sait bien qu’il ne faut pas se fier aux apparences, les dictons populaires ont pourtant du vrai, même et surtout les lieux communs. Eh bien pour ma part, j’ai foncé dedans tête baissée. Il y a quelques années, j’avais « tâché » de rentrer dans l’univers d’Éric Reinhardt en abordant Cendrillon. Au bout de 100 pages, le livre m’était tombé des mains, trop parisien, trop bourgeois, trop français, trop pédant, trop égocentré et narcissique. Trop tout quoi ! Depuis, j’avais un peu pris cet auteur en grippe, lui reprochant presque de m’avoir fait perdre du temps.