L’enragé, Sorj Chalandon, Grasset, 2023, 407 pages, 22,50 €
Si vous voulez de la subtilité, allez voir ailleurs. L’enragé c’est un croisement de Détective et de Pif le chien. L’écriture rappelle ces journaux à sensation bien oubliés aujourd’hui, faut qu’ça aille vite, tape fort. L’enragé c’est une curiosité. Comme un de ces romans des 70s où l’auteur témoigne d’un vécu hors de l’ordinaire ; bagne, grand banditisme, voyage au Tibet, expériences hors du corps. Sauf que Chalandon ne nous parle pas de son expérience mais « recrée » la vie d’un évadé du bagne pour enfants de Belle-Isle. Sauf que Chalandon n’est pas Papillon. Alors c’est très touchant question bons sentiments, mais c’est tellement images d’Epinal qu’on étouffe un peu. Beaucoup. Les matons sont vicieux, les élites pourries, les communistes au grand cœur, les filles-mères à plaindre, les marins mouillés et les colons bastonnés. Et l’enragé se calme puis meurt. Et on croise Prévert.