Le principe de cette collection (retenir d’abord les formules générales d’existence, collecter les « maximes de vie » d’un auteur) devait plutôt interdire à Colette d’y figurer – elle qui ne sait faire que dans l’immédiat, le menu, le profus et l’accident – mais le recours ici aux entretiens, à la correspondance, à son œuvre journalistique fait d’elle une sorte de philosophe obligée, qui l’aurait amusée et, de toute façon, nous enchante : peu familier de son œuvre, je note ici quelques raisons de m’être (profondément) attaché à ce recueil, libre et vif, comme elle.
« Nous ne sommes pas jolis, quand nous écrivons. L’un pince la bouche, l’autre se tète la langue, hausse une épaule ; combien se mordent l’intérieur de la joue, bourdonnent comme une messe, frottent du talon l’os de leur tibia ? Nous ne sommes pas – pas tous – élégants : la vieille robe de chambre a nos préférences, et la couverture de genoux, brodée à jours par les braises de cigarettes… » (fragment 319).