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Les Chroniques

Griffes 13 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 04 Novembre 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Jour de ressac, Maylis de Kerangal, Verticales, août 2024, 256 pages, 21 €

Jour de rabâchage pour Maylis (son nom est la meilleure chose du livre). Du polar transfiguré nous disent les critiques bavant d’admiration. Un mort au Havre (relié à la narratrice par un numéro de tel sur un ticket de cinéma), un retour vers le lieu du crime et de l’adolescence. Vers la jetée et la plage, la plage évoque les cailloux, les cailloux l’été 93 (ou 95, ou…), et ainsi de suite dirait Vonnegut. La narratrice regarde son passé… Pourquoi pas ? Malheureusement l’écriture est informe, on va d’un mot à l’autre, d’un registre à l’autre sans raison ou but ; à chaque ligne on s’énerve d’une tournure facile, d’une image ressassée, d’un vieil os resucé. On a constamment envie de barrer, corriger, annoter les erreurs et maladresses. Par exemple la présence du mot « jonction » :

Ainsi parlait Mihai Eminescu, Dits et maximes de vie, choisis et trad. roumain, Nicolas Cavaillès (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 15 Octobre 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Ainsi parlait Mihai Eminescu, Dits et maximes de vie, choisis et trad. roumain, Nicolas Cavaillès, Edition bilingue, Arfuyen, septembre 2024, 176 pages, 14 €

 

C’est un peu comme ceux qui n’ont une bonne tête que parce qu’ils n’ont pas le temps d’en avoir une mauvaise : Mihai Eminescu (1850-1889) était inventif et intelligent parce que le loisir d’être bête et ennuyeux ne lui a pas été accordé. Sa vie (collégien surdoué brisé par ses propres fugues, ardent amoureux tôt crucifié par la syphilis – « le carquois de l’amour est doré, mais sa flèche est empoisonnée… », fragment 116 –, gratte-papiers alcoolique peu à peu délirant, pensionnaire de sanatorium tardivement pensionné par l’Etat…) a accablé son génie (étincelant, multiforme, démiurgique et… érudit) – génie créateur d’innombrables personnages, spéculations et rêves (et recréateur de sa langue nationale) qui n’aura trouvé, à 39 ans, son chez-soi que dans la mort – une mort que dès 21 ans il se souhaitait ainsi :

Coups de griffes, spécial rentrée littéraire (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 07 Octobre 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Dors ton sommeil de brute, Carole Martinez, août 2024, Gallimard, 400 pages, 22 €

Après avoir dépassé une hésitation première devant un titre qui maltraite un grand poète et une couverture qui semble indiquer que ce sont les petites filles qui naissent dans les choux, j’ai tout lu mon livre de CM. Comme quand on boit la cuillère que maman elle a dit que c’était bon pour notre gros bobo.

Bon, c’est pas bon. C’est même catastrophique. J’ai essayé de trouver dans ce ramassis de lettres, de mots, de phrases, une raison, un quelque chose qui permette de parler d’auteure. Rien trouvé. On a là une sorte de couette très 70´s, le matériau est laid, les couleurs aussi, les carrés s’emboîtent plus ou moins. On trouve, en vrac (non, non, pas de construction, que ce soit superposition, parallélisme, arc narratif, jeu choral, ou quoi que ce soit d’autre), des clichés femme battue, enfance malheureuse, décès douloureux, amour (avec un bon gros géant bourru) et New Age ringard, réalisme magique de salon de coiffure, avertissements écologiques. Et l’auteure nous donne des clés :

Mille ans avec Dieu, Dieu rend visite à Newton, 1727, Stig Dagerman (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Lundi, 30 Septembre 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Mille ans avec Dieu, Dieu rend visite à Newton, 1727, Stig Dagerman, Editions de l’éclat, mai 2024, trad. suédois, Olivier Gouchet, 88 pages, 8 €

 

Isaac Newton, 85 ans, va mourir dans la nuit londonienne (du 20 mars 1727). Stig Dagerman (1923-1954) imagine alors que Dieu descend le voir, non pour lui dire adieu (!), mais pour bénéficier, in extremis, des conseils et suggestions d’une créature géniale. Dieu le peut (Newton est resté étonnamment avisé et actif jusqu’au dernier instant), et le veut (Dieu le Père sait n’avoir pas meilleur guide pour rendre une première « visite » à sa Création, que le très rigoureux, sagace et ombrageux découvreur de la Mécanique rationnelle des choses). Que souhaite ici comprendre Dieu ? Ce qu’une intelligence prodigieuse (mais finie) peut faire d’elle-même depuis l’intérieur du monde. Comment s’y annonce-t-il ? À l’ancienne, à la régulière, un peu naïvement, par un miracle ad hoc : miracle, puisque Dieu fait léviter divers objets du bureau de Newton (et même son valet de chambre), ad hoc puisque la gravitation est la principale Loi énoncée par le maître, et qu’un contre-exemple local à l’entre-attraction globale des masses devrait ici suffire, en carte de visite ironique et décisive.

Retour à la source du Menteur de Corneille en passant par l’Italie (par Valérie T. Bravaccio)

Ecrit par Valérie T. Bravaccio , le Mercredi, 25 Septembre 2024. , dans Les Chroniques, La Une CED, Théâtre

 

Cette pièce de Corneille a été représentée de nombreuses fois depuis sa première mise en scène au théâtre du Marais à Paris en 1644 et, à « compter de 1680, la Comédie Française continue à faire représenter Le Menteur tout au long des XVIIIe et XIXe siècle avec un succès vraisemblablement jamais démenti » (1).

Elle a eu tellement de succès que le célèbre dramaturge italien Carlo Goldoni (1707-1793) (2), après l’avoir vue sur la scène parisienne, a écrit une pièce intitulée Il Bugiardo (3) (qui signifie en français « Le Menteur ») en 1750.

Lorsque l’on pense à la pièce de théâtre Le Menteur (1644), on ne peut s’empêcher de se souvenir de la déclaration de son auteur, Pierre Corneille (1606-1684) (4), à propos de l’origine de sa pièce : La Verdad sospechosa (La Vérité Suspecte) (5) écrite par l’espagnol Juan Ruiz de Alarcon (1581-1639) (6).