Identification

Les Chroniques

Lents ressacs, Myette Ronday (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 28 Février 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Lents ressacs, Myette Ronday, Les éditions Sans Escale, mai 2023, 102 pages, 15 €

 

« Si l’on s’en sort, on ne sera plus

semblable à soi-même, mais que craindre ?

On ne devient jamais que ce qu’on mérite d’être.

Il va falloir se faire confiance » (p.70).

Le ressac, c’est comme un incessant naufrage de vagues sur le littoral, et en même temps leur perpétuelle reformation : leur va-et-vient, qui fait comme un Eternel Retour du pauvre, ou une bougeotte finale de l’immensité liquide, ne laisse en tout cas rien tranquille sur la grève, y ballotte les objets, rejette et ramène tout ce qui y arrive et échoue à s’installer.

The History of Miami Hip Hop, John Cordero (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 27 Février 2024. , dans Les Chroniques, La Une CED

The History of Miami Hip Hop, John Cordero, éd. Microcosm Publishing, février 2023, 160 pages, langue anglaise, 9,50 €

 

Me so horny

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! 1400 heures, c’est le nombre d’heures que j’ai passées sur mon vélo, en 2023. Avec le projet de photographier les plaques d’immatriculation des véhicules et ainsi prouver que l’ensemble des États-Unis vient, pour une raison ou pour une autre, à Miami.

Bilan carbone 2023 plutôt positif, et quarante et une plaques répertoriées. Quarante et une fois, j’ai posé mon vélo où je pouvais, j’ai adopté une attitude naturelle pour m’accroupir au niveau du pare-chocs et photographier, le plus vite possible, la carte d’identité personnalisée dudit véhicule. Oui, je rappelle que les plaques d’immatriculation sont majoritairement situées à l’arrière, aux États-Unis.

Fille du chemin, Jean Pierre Vidal (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 26 Février 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Fille du chemin, Jean Pierre Vidal, éd. Le Silence qui roule, janvier 2024, 95 pages, 12 €

 

Côte à côte

Le dernier livre de Jean Pierre Vidal ne se comprend que duel, en relation, dans un rapport à autrui. Un lien avec autrui, une autre, fût-elle inconnue. Pour paraphraser Paul Ricœur, ce livre aurait pu s’intituler « Soi-même comme un autre ». Grâce à cette intersection de deux parallèles (et l’on sait qu’elles se rejoignent à l’infini) on devine quelque chose de l’amour, sans doute profane mais qui semble, au-delà, un amour sacré, comme s’il fallait une forme à celle qui est absente, un accueil, une présence, la présence du poète.

Ce livre est aussi un texte sur l’abandon, sur la perte, là où le poète doit abandonner l’aimée, ou plutôt, la confiant au poème, lui donner une forme d’éternité. Une absente éternelle dans le poème, quittant son statut physique pour devenir une allégorie, un ensemble de métaphores de la femme. Du reste, on reconnaît parfois Sylvie, fille du feu de Nerval, apparaissant comme en palimpseste.

Mon sous-marin Jaune, Jon Kalman Stefansson (par Patrick Le Henaff)

Ecrit par Patrick Le Henaff , le Vendredi, 09 Février 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Mon sous-marin Jaune, Jon Kalman Stefansson, éd. Christian Bourgois, janvier 2024, trad. islandais, Éric Boury, 408 pages, 22 €

 

Il y a les livres… et il y a des livres.

Jon Kalman Stefansson est un des plus grands écrivains Islandais, vivant. Et même grand écrivain tout court. Lu et publié dans le monde entier, il est en train de devenir, si ce n’est pas déjà fait, ce que l’on peut appeler, d’une formule ambiguë et peut-être pas très heureuse le concernant, un écrivain culte. 60 ans, une imposante œuvre romanesque et poétique derrière lui, un public averti qui le suit, l’écoute et le lit, c’est le dernier Stefansson, entend-on ! Son précédent opus, Ton absence n’est que ténèbres, en a touché plus d’un, et si ce n’est pas déjà fait, je vous encourage à le lire. Pardon à le relire. Pardon encore, à le dévorer.

Une littérature âpre et exigeante, puissante, terrestre, humaine, qui nous vrille le cœur.

Coups de griffes 5 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Jeudi, 08 Février 2024. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Avec les Fées, Sylvain Tesson, Éditions des Équateurs, janvier 2024, 224 pages, 21 €

Pas de mensonge chez Tesson. La posture de l’homme, de l’œuvre, est tout entière dans la couverture. Focus sur le gars qui lit, perché face à la mer déchaînée. On peut lire Tesson et penser à Hegel et Chateaubriand, bien sûr, et aussi à Hugo, ou encore à la prochaine lessive. Nous voilà avec le pendant masculin des Ernaux, Coulon & Co. Je peux enfin dire qu’un livre m’a gonflé sans être accusé de sexisme. Nombrilisme forcené, joli sens de l’esbroufe, du marketing soft et de comment caresser dans le sens du poil. Tesson est, se veut, un enfant du siècle. Duquel est une autre histoire. Que reprocher à notre super-héros gaulois ? Dans une construction globalement classique (Invention de l’esprit Celte > voyage (semi-)initiatique > résolution), l’écriture ne rechigne devant rien. Tesson entasse majuscules, citations, notions, italiques, guillemets et références (littéraires, philosophiques, mystiques, historiques et géographiques).