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Actes Sud

Le doux parfum des temps à venir, Lyonel Trouillot

Ecrit par Victoire NGuyen , le Mercredi, 29 Mai 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Le doux parfum des temps à venir, Editions Actes Sud, Collection Essences, mars 2013, 60 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Lyonel Trouillot Edition: Actes Sud

 

 

Les promesses de l’aube

 

Le doux parfum des temps à venir est un texte poétique d’une soixantaine de pages. Sans précision de lieu ni d’époque, une mère sentant sa mort imminente, décide de parler à sa fille. Le lecteur apprend au fil de ce monologue le parcours tragique de cette femme qui porte en elle le poids de la faute et la colère des foules : « Un jour, / dans une grande ville ou dans un bourg, / mais qu’importe le lieu, / des hommes m’ont prise pour une vache ou pour une esclave. / Ils me levèrent de ma couche, / m’ont traînée sur une place, / et comme pour l’exemple, / ils ont donné ma nudité en spectacle à la foule / et marqué mon épaule de la fleur de la honte ».

Jerusalem, Justine Augier

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 25 Mai 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Histoire

Jerusalem, Mai 2013, 164 p. 18 € . Ecrivain(s): Justine Augier Edition: Actes Sud

 

Il est toujours périlleux de confronter des points de vue portant sur des sujets d’une actualité brûlante. C’est le cas du conflit israélo-palestinien, et de la ville de Jérusalem, de son statut territorial et politique qui cristallise si aisément les passions. Justine Augier, qui a vécu cinq ans dans cette ville, échappe à cet écueil dans son dernier ouvrage intitulé justement : « Jérusalem ».  Elle évoque, à travers les récits de quatre personnages nommés chacun par une initiale, E. ; S., N. ; O. ; des aspects de la vie dans la ville, des périodes de l’histoire de cette région, la Palestine et l’état d’Israël, qui, toutes, prêtent à controverse, ou sont largement emblématiques de l’état du conflit proche-oriental.

Pour accentuer l’effet de distanciation, de regard critique, ou peut-être de mise en perspective, Justine Augier ajoute des citations d’écrivains, certains issus de la région, comme Amos Oz, Aaron Appelfeld, ou encore Mahmoud Darwich, Elias Sanbar. Tout  y est traité : l’évolution de l’état hébreu, la situation de la ville de Jérusalem, avant et après  la guerre des Six Jours, la persistance de la guerre dans l’histoire israélienne, un certain conformisme conduisant à l’uniformité des conduites en Israël.

Chronique d'hiver, Paul Auster

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 28 Mars 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Chronique d’hiver (Winter Journal 2012) trad. USA Pierre Furlan mars 2013. 252 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Actes Sud

 

Régulièrement, Paul Auster pose un regard dans son œuvre sur le chemin de vie parcouru. Dans l’invention de la solitude, le Carnet rouge, le diable par la queue il nous donnait des époques, des clés qui ouvraient à la fois la compréhension d’une vie mais aussi et surtout d’une œuvre. Chronique d’hiver est donc dans cette scansion itérative de l’œuvre d’Auster. Mais avec cette chronique, Paul Auster prend un chemin nouveau. Il semble clore comme un bilan. Qu’on se rassure, loin d’être complet, loin d’être systématique, loin même d’être ordonné !

Le premier trait de ce « bilan » est justement le désordre. Point de chronologie d’ensemble, des moments, pris semble-t-il au hasard mais on sait, avec Auster, que rien n’est au hasard. Disons qu’il s’agit plutôt d’une parole libre, à la façon de celle qu’on tient devant un psychanalyste. Un lien peu apparent, mais d’autant plus fort entre les séquences de parole. Paris, l’enfance, la mère, aujourd’hui, puis de nouveau Paris, les femmes – deux femmes surtout, La mère et Siri * – l’enfance encore … Auster enchaîne les bribes de souvenirs comme des inventaires : inventaires des lieux habités, inventaire des voyages à travers les USA et le monde, inventaire des femmes, des morts.

Deux chambres avec séjour, Ibrahim Aslân

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 20 Mars 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Pays arabes

Deux chambres avec séjour, traduit de l’arabe (Egypte) Stéphanie Dujols, février 2013, 124 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Ibrahim Aslân Edition: Actes Sud

 

Petit livre aux dimensions du modeste appartement, dont il est question, ici. Petit, mais à la densité extrême de ce qui s’y passe : la vie…

L’histoire tient dans une paire de babouches – usées, familières, posées sur la palier.

Khalil est vieux, usé lui aussi, mais fier de tenir encore debout. Ihsan, est le versant féminin de l’attelage qu’on imagine avec tendresse rouler depuis un bon bout de temps. Ils ne sortent plus beaucoup, ressassent des miettes de souvenirs, se chamaillent pour des riens, conjuguent au passé. Un – doux et tendre – « au théâtre ce soir », sis au cœur du vieux Caire.

Ishan vient à mourir. Portes et fenêtres s’ouvrent sur la rue, les anciens copains, les voisins qu’on connaissait au fond bien peu… Le temps continue sa course au rythme de la pendule des « vieux » chers à Brel…

Bonita Avenue, Peter Buwalda

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 12 Mars 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Bonita Avenue, traduit du néerlandais par Arlette Ounanian Février 2013, 514 p. 23,80 € . Ecrivain(s): Peter Buwalda Edition: Actes Sud

 

Sigerius a été l’un des meilleurs judokas des Pays-Bas. C’est aussi un intellectuel, un mathématicien de génie qui a reçu le prix Fields, l’équivalent du Prix Nobel pour les mathématiques. Il est « le scientifique préféré des Néerlandais ». Il devient le recteur d’une université et, bientôt, c’est à des responsabilités gouvernementales qu’il pourrait être appelé.

C’est ainsi qu’Aaron présente celui qui fut son beau-père. Son beau-père, mais néanmoins ami avec lequel il partage l’amour du judo – les deux hommes s’entraînent ensemble plusieurs fois par semaine –, mais aussi celui du jazz.

Aujourd’hui, Aaron ne va pas bien. Pour le plus grand monde, il est même un « fou patenté ». Il est psychotique.

« D’après son médecin traitant, c’était un patient qui reconnaissait et admettait son mal – ce qui signifiait qu’il avalait ses capsules de son plein gré –, et donc, jugé apte à vivre de manière autonome. Mais il ne fallait pas lui en demander davantage. Il était absolument dépourvu d’ambition. Son mot d’ordre désormais était “éviter”, éviter les excitations, éviter les tensions, éviter tout ce qui pourrait le pousser à ne plus éviter ».