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Actes Sud

La chimie des larmes, Peter Carey

Ecrit par Anne Morin , le Jeudi, 07 Novembre 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

La chimie des larmes, traduit de l’anglais par Pierre Girard, septembre 2013, 326 pages, 22,80 € . Ecrivain(s): Peter Carey Edition: Actes Sud

 

Des rouages, des engrenages, un mécanisme, un dispositif, une animation, autant de mots concernant l’écriture d’une histoire comme la précision d’une horlogerie. Animer, n’est-ce pas créer un mouvement susceptible de se répéter (presque) sans intervention humaine ?

Le cygne n’est-il pas à la fois symbole masculin et féminin, et emblème de l’alchimie ?

Pour tenter de sauver la vie de son fils Percy, atteint d’une maladie incurable, Henry Brandling en désespoir de cause décide d’entreprendre un voyage en Allemagne – pays des plus fins horlogers – pour y faire construire un merveilleux automate en vue de divertir son enfant.

Deux siècles plus tard, ses carnets de voyage ainsi que les pièces et rouages d’un grand automate se voient confiés à une conservatrice londonienne, Catherine Gehrig, qui vient de perdre son amant, lui-même conservateur dans le même musée. Quoi de commun entre ces deux personnages ? La force d’un amour désespéré, et l’automate mystérieux.

Les hamacs de carton, Colin NIel

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 04 Novembre 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman

Les Hamacs de carton, une enquête du capitaine Anato en Amazonie française, juin 2013 (première édition aux Ed. du Rouergue en 2012), 380 p. 8,80 € . Ecrivain(s): Colin Niel Edition: Actes Sud

Une intrigue dense et bien ficelée, des personnages consistants, pour cette enquête policière dans laquelle on se laisse volontiers embarquer. Son originalité est sans conteste l’univers dans lequel elle se déroule, peu exploré habituellement dans ce genre de littérature : la Guyane française, et plus particulièrement les communautés de Noirs-Marrons qui vivent le long du fleuve Maroni.

Le capitaine Anato mène l’enquête, fraîchement débarqué de la capitale métropolitaine, de la nécropole, comme certains Guyanais appellent la France. Anato est lui-même d’origine ndjuka, l’une de ces communautés de Noirs-Marrons, mais de ses origines, il ne connaît pas grand-chose, car ses parents avaient quitté la Guyane pour la France alors qu’il était encore enfant. Il a donc passé la majeure partie de sa vie à Paris. Mais le jour où ses deux parents, retournés en Guyane pour la première fois depuis tout ce temps, meurent là-bas dans un accident de voiture, le capitaine Anato ressent le besoin de se rapprocher de ses origines. Il postule donc pour un poste à Cayenne, sans trop savoir ce qu’il espérait retrouver là-bas. Il y retrouvera des membres de sa famille, mais se sentira au départ véritablement étranger, ne connaissant rien ou presque de la culture ndjuka d’une part, et d’autre part à cause de son métier, car une des premières enquêtes qui lui sera confiée le plongera de plain-pied dans ces communautés qui vivent au bord du fleuve.

Avant le passage, François Emmanuel

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 23 Octobre 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Avant le passage, octobre 2013, 96 pages, 12,80 € . Ecrivain(s): François Emmanuel Edition: Actes Sud

 

Le roman, Avant le passage, de François Emmanuel, nous embarque dans une divagation qui nous emporte et nous déporte. Nous quittons les rives tranquilles de la platitude des jours et nous partons pour un voyage à risques. Avec le narrateur, nous sillonnons des eaux agitées. On ne peut s’empêcher d’avoir devant les yeux l’image de la barque d’Arnold Böcklin qui conduit vers l’Île des morts. Le narrateur nous le confirme en affirmant : « je dérive à nouveau sur le radeau lumière ».

Dans un espace coupé du monde, confiné, nous naviguons sans cesse entre deux eaux. Entre le blanc trop blanc des murs d’une chambre d’hôpital et l’obscurité très noire des pensées du narrateur qui erre aux marges du royaume des morts. Entre quelques rayons de soleil des souvenirs de pays lointains, de moments joyeux, émouvants, rappelés, et la nuit de l’adieu à l’aimée brutalement arrachée à la vie dans un bruit assourdissant de ferraille fracassée. Entre le fleuve des enfers de la réalité et la terre silencieuse de paysages coutumiers. Entre la joie d’une main posée sur un front comme une présence maternelle bienveillante qui réchauffe et la tristesse de l’enfermement dans un corps qui ne répond plus. Entre l’oppression vécue dans une rêverie inquiète et la liberté rêvée, dépliée comme un fil que l’on tire. Entre le temps dilaté et menacé de sombrer dans le gouffre ténébreux de l’oubli et le temps resserré, suspendu, qui défile à toute allure.

Danse noire, Nancy Huston

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 03 Octobre 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Danse noire, 21 août 2013, 347 p. 21 € . Ecrivain(s): Nancy Huston Edition: Actes Sud

Milo est à ses derniers jours, à l’hôpital. Autour du dialogue d’écriture qu’il entreprend avec le réalisateur Paul Schwartz, Nancy Huston va dérouler la trame d’une vie, et de trois générations.

Saga du temps et de l’espace que ce roman, tissé de destins croisés ou plus exactement de destins croisés et légués. Car la dette, celle de l’héritage des ancêtres, pèse ici de tout son poids. Milo est fils de Declan, lui-même fils de Neil, l’Irlandais qui a grandi naguère au milieu des déchirements de son pays natal. La guerre civile des années 10. Elle le hante encore cinquante ans plus tard. De même que le hantent les souvenirs de ses proches d’autrefois parmi lesquels, au-delà de sa famille, des amis comme James Joyce ou William Butler Yeats. Neil aussi aurait voulu être un écrivain célèbre mais la vie … Alors les souvenirs du grand Joyce occupent le terrain laissé en friche :

 

« D’après la rumeur, il venait de signer un contrat d’édition pour un recueil de nouvelles sur Dublin, et avec Thom on se demandait si on pourrait y lire des récits de ce tonneau-là, des histoires évoquant le dessous du dessus, le sombre du clair, l’enfer du paradis. Jimmy oserait-il s’exprimer en public comme il le faisait en privé, pérorant dans un mélange ahurissant d’anglais, de gaélique et de latin sur ses prouesses priapiques avec les messalines de Monto ? »

Le désespoir des anges, Henri Kénol

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 02 Octobre 2013. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le désespoir des anges, avril 2013, 326 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Henri Kénol Edition: Actes Sud

 

Ce roman qui se déroule à Haïti est un roman coup de poing, sans concession, qui nous plonge au cœur de la Cité, ces quartiers à la périphérie de Port-au-Prince, ville qui ne sera jamais citée autrement que par le terme de centre-ville, en opposition à ces ghettos tombés entre les mains de gangs d’une violence qui n’a d’équivalent que la misère dont ils sont issus. Peu importe la qualité de la graine, pour survivre dans ce terreau-là, elle ne pourra devenir que mauvaise. Des gangs qui maintiennent leur pouvoir tout en servant, chef après chef, car les têtes tombent vite, le Président et ses sbires, y compris leurs intérêts étrangers, chez qui là aussi, sinon plus, trafic, violence et corruption sont les maîtres mots. Ainsi les gangs fournissent d’innombrables mains sales et promptes à faire parler fusils et machettes, les malheureusement trop fameuses « chimères » d’un président dont le nom ne sera pas cité. Qu’importe, l’histoire se répète à Haïti comme ailleurs. Des hommes de mains pour semer la terreur dans la population, faire taire des opposants et manifestants gênants. En échange, les zotobrés, les notables, ferment les yeux sur les abominations commises dans les territoires-prison qui sont sous contrôle des gangs, ces quartiers miséreux et cette population dont personne ne veut ailleurs, ils y envoient parfois discrètement des bulldozers pour enterrer les morts et cacher les charniers quand ils sont trop nombreux…