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Actes Sud

Voyages avec l’absente, Anne Brunswic

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 06 Juin 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Voyages avec l’absente, mai 2014, 196 pages, 20 € . Ecrivain(s): Anne Brunswic Edition: Actes Sud

 

C’est un récit particulier que nous livre Anne Brunswic, celui d’une tentative d’explication, d’éclairage de la vie de sa mère, Françoise Tuchband, disparue en 1959 lorsque la narratrice avait huit ans. Le récit est articulé autour de lettres, imaginaires, écrites à cette mère absente, et s’appuie également sur des archives familiales, celles de son père, Henri Brunswic. Pourtant, le cadre purement familial est loin d’être l’unique thème de ce récit. Pendant la Seconde guerre mondiale, l’histoire de la famille d’Anne Brunswic passe en effet par Bruxelles, un séjour à Paris, puis en Bretagne. Le franchissement de la ligne de démarcation précède l’embarquement vers le Portugal, puis Londres comme destination finale.

Anne Brunswic évoque aussi les origines de sa famille maternelle en Lituanie, ce qui est prétexte à un examen de l’histoire de cette partie de l’Europe, si souvent sujette à des changements de frontière, de nom, d’appartenance politique.

Des clairons dans l’après-midi, Ernest Haycox

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 05 Juin 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Des clairons dans l’après-midi, traduit de l’Anglais (USA) par Jean Esch, novembre 2013, 357 pages, 23 € . Ecrivain(s): Ernest Haycox Edition: Actes Sud

 

Un western explorant les profondeurs psychologiques


Des clairons dans l’après-midi est un roman sur le western mais avec une originalité rare car l’auteur prend soin de brouiller les codes du western. En effet, les personnages ont plus d’épaisseur psychologique. Ainsi, Kern Shafter est un être taciturne. Trahi par la femme qu’il aime, dénoncé par son rival, il est déchu de son grade d’officier. Des années ont passé mais n’ont pas effacé pour autant l’affront. Kern est déterminé par la vengeance et traverse les terres poussiéreuses et désertiques de l’Ouest pour retrouver l’homme qui a été responsable de son malheur.

Excursions dans la zone intérieure, Paul Auster (2ème article)

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Lundi, 02 Juin 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Biographie, Récits

Excursions dans la zone intérieure, traduit (USA) par Pierre Furlan, mai 2014, 368 p. 23 € (ce livre existe en ebook, 400 p. 16,99 €) . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Actes Sud

 

La Littérature comme FRAGMENT introspectif, « Invue » d’une vie : « Au commencement, tout était vivant » !

Excursions dans la zone intérieure de Paul Auster s’inscrit dans le prolongement d’un dialogue entre le « je » et le « tu », entre celui qui écrit et lui-même. Non pas sur la question du corps sensoriel, des mutations liées aux expériences physiques – Chronique d’hiver paru en 2013 – mais sur la reconstruction de son esprit, dans un journal cinématographique elliptique, labyrinthique où s’incarne l’environnement socioculturel d’une Amérique de la seconde moitié du 20e siècle.

« Etre comme tout le monde » permet à Paul Auster de poser l’espace de son interrogation comme le fil entre les deux ouvrages, entre ses deux états. L’auteur dessine le paysage de son enfance, souvenir d’une tasse en porcelaine décorée de deux illustrations tirées des livres de Beatrix Potter ; dont « tu » te sers encore aujourd’hui chaque matin pour prendre le thé. Jusqu’à l’âge de cinq ou six ans, croyant que les mots anglais pour « être humain » (being human) se prononçaient de façon à signifier « haricot humain » (been human), étant le symbole de la « vie même » de part sa petite taille.

Une lampe entre les dents, Chronique athénienne, Christos Chryssopoulos

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 02 Juin 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Récits

Une lampe entre les dents, Chronique athénienne, traduction du grec moderne, Anne-Laure Brisac, 2013, 122 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Christos Chryssopoulos Edition: Actes Sud

 

Le flâneur d’Athènes


Le texte de C. Chryssopoulos est un livre singulier : son sous-titre le considère comme une chronique, datée d’ailleurs à l’intérieur du livre (entre décembre 2011 et l’automne suivant), mais il s’affirme aussi comme journal intérieur a posteriori, celui d’un homme, d’un marcheur obsessionnel dans sa ville, qui a abandonné un soir la pièce où il écrit, ce qu’il nomme « la pièce des spectres », pour gagner les rues d’Athènes qu’il connaît parfaitement. Singularité également dans l’étroite tension qui relie le texte et les photos, la plupart prises par l’auteur et qui sont toutes en noir et blanc au format de vignettes, à l’exception de deux d’entre elles qui occupent la page (p.58, montage des magasins fermés dans le contexte de la crise économique et p.103 dans le supplément de « la Lampe », en format paysage, une série de SDF couchés sur des bancs ou sur le bitume).

Congo Inc. Le testament de Bismarck, In Koli Jean Bofane

Ecrit par Theo Ananissoh , le Mercredi, 28 Mai 2014. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman

Congo Inc. Le testament de Bismarck, mars 2014, 294 pages, 22 € . Ecrivain(s): In Koli Jean Bofane Edition: Actes Sud

Zoulou, Congo ou Mandela sont des noms qu’à peu près n’importe qui, à travers le monde, associe sans hésiter au continent africain. De ces noms mondiaux comme Kamasutra, Hollywood, Paris ou autres que l’on charge de ce que l’on veut. Congo par exemple, dans l’imaginaire collectif à l’époque coloniale, était un peu synonyme d’Afrique. Voyage au Congo d’André Gide, en réalité, est plutôt Voyage en Oubangui-Chari, c’est-à-dire la Centrafrique actuelle. Mais Congo sonne mieux… Afrique noire. Au reste, ce que décrit de l’Oubangui la plume humaniste de Gide se passe également dans les deux Congo voisins. En Afrique même, le mot Congo a signifié plus que le Congo. Ainsi, en Afrique de l’Ouest, sur les côtes du Bénin et du Togo, encore aujourd’hui, Congo (avec accentuation sur la première syllabe) signifie Afrique centrale, ce cœur du continent vers lequel, déjà, l’on se ruait pour faire fortune. Dans les Antilles françaises, Congo a désigné globalement, après l’abolition de l’esclavage, les ouvriers engagés venus d’Afrique noire. Congo est donc peut-être le nom africain par excellence, un nom polysémique ; et une affaire très sérieuse et mondiale. Il faudra pouvoir écrire cette sorte de cristallisation sémantique autour d’un nom qui, à l’origine, signifierait « terre ou demeure de la panthère ». Il faudra ? Mais non ! Un romancier né là-bas vient d’accomplir une forme d’exploit qui s’apparente à cela. Le titre de ce roman ? Congo Inc., tout simplement, si l’on ose encore dire.