C’est plus à une exploration empreinte d’une certaine nostalgie que nous convie Marta Morazzoni en partant sur les traces de celle qui n’était peut-être pas que la paysanne lorraine que l’histoire a retenue et exploitée, en faisant l’étendard de causes pas toujours compatibles entre elles. On peut trouver un peu anachronique une telle quête, ou pire, la penser suspecte d’on ne sait quelle nouvelle exploitation idéologique et politique. Ce serait oublier ce qu’il peut y avoir d’étrange, d’inexpliqué, voire de fascinant dans le destin de la Pucelle – sans doute bien reconstruit par la légende, par l’histoire ou par ceux qui les écrivent. Le cinéma ne s’y est pas trompé qui a à maintes reprises tenté de donner visage, chair, regard et voix au personnage, de Renée Falconnetti (1) à Sandrine Bonnaire (2), ou d’Ingrid Bergman (3) à Jean Seberg (4). Et nous ne parlerons pas de la peinture, du théâtre, de la musique, de la chanson… Histoire et fiction se sont emparées régulièrement du personnage et ce Feu de Jeanne pourrait n’être qu’un volume de plus dans une longue série. Mais en même temps, nous ne sommes ici ni sur le territoire de fiction, ni sur celui de la rigoureuse recherche historique. Mêlant l’autrefois des neiges d’antan, et l’aujourd’hui, Marta Morazzoni nous entraîne dans une recherche/rêverie des traces du mythe, sur les lieux même où son histoire s’est déroulée, de la Lorraine au Pays de Loire, de Paris à la Normandie.