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Actes Sud

Voyage d’hiver, Jaume Cabré

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles

Voyage d’hiver, février 2017, trad. Edmond Raillard, 304 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Jaume Cabré Edition: Actes Sud

 

« Si un ouvrage est bien écrit,

ses mots contiennent

la personne qui l’a créé ».

Jaume Cabré, Voyage d’hiver

 

La couverture des ouvrages publiés par les éditions Actes Sud exerce souvent un charme sur celui qui, furetant en librairie parmi les nouveautés, hésite. Le fidèle de ces éditions sait pouvoir compter sur la complicité entre illustration et texte. Ici, la reproduction du tableau de Fedor Karlovich Burkhardt, Un paysage d’hiver avec une troïka, évoque autant l’ambiance désolée du recueil que la curiosité que chaque nouvelle suscite.

Les Bourgeois, Alice Ferney

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 18 Septembre 2017. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Les Bourgeois, août 2017, 350 pages, 22 € . Ecrivain(s): Alice Ferney Edition: Actes Sud

 

C’est l’histoire d’une famille, les Bourgeois, que retrace Alice Ferney dans son dernier roman, et à travers elle, celui de la fin du XIXe, du XXe et du début du XXIe siècle.

La présentation de la famille est accomplie par l’auteure d’une manière assez simple pour que le lecteur puisse se repérer en cours de lecture : ils sont les enfants d’Henri et de Mathilde, ils sont dix : huit garçons, deux filles, ils s’appellent Bourgeois, ont été tous baptisés dans l’Eglise catholique, ils se prénomment : Jules, Jean, Nicolas, André, Joseph, Louise, Jérôme, Claude, Guy, Marie. Ils sont nés entre une hécatombe, celle de 1914, et un génocide, celui de 1945.

A priori, le choix sociologique fait par Alice Ferney peut paraître peu convaincant à un électorat contemporain : un fragment de la bourgeoisie catholique, maurrassienne, conservatrice, étroitement localisée entre le boulevard Emile Augier dans le seizième arrondissement de Paris, et les allées du bois de Boulogne voisin, où la progéniture s’égaye. Les femmes n’y ont pour fonction et pour rôle social que d’être au service des autres, de reproduire l’espèce, de s’effacer devant la bienséance, de renoncer à tout, surtout à l’affirmation de leur propre personnalité.

Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 01 Septembre 2017. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours, édition établie par Chalmers, Chantal Kénol, Jean-Laurent Lhéris, 192 pages, 22 € Edition: Actes Sud

 

Haïti terre francophone ? Pour les élites peut-être. Sûrement même. Mais Haïti terre créole. D’abord, sans doute. La langue d’un pays ne saurait être seulement celle de son colonisateur, de quelque langue qu’il fût. Cette anthologie bilingue est donc double découverte pour nous, lecteurs francophones ignorants de la créativité créole : celle d’un langage et celle d’une langue.

Langage de la poésie qui résiste à toutes les catastrophes, à toutes les ignominies, qui sait gronder, rire, bercer, pleurer, aimer, admirer, accuser et plus encore. Sans doute pourrait-on dire cela de beaucoup de poésie, de beaucoup de poètes. Oui, sans doute, sauf qu’ici il semble que chacun soit poète en cette île étonnante. Le poète et romancier Makenzy Orcel nous le confirmait lors d’une rencontre, en Haïti, tout le monde peut écrire de la poésie, et la publier, généralement de qualité. Tout le monde ne fera pas carrière dans le monde des lettres, mais chacune, chacun peut s’y essayer. En créole ou en français.

Voyager, Russell Banks

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mercredi, 30 Août 2017. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits, Voyages

Voyager, mai 2017, trad. américain Pierre Furlan, 320 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Russel Banks Edition: Actes Sud

 

Il s’agit dans ce livre, à mi-chemin entre un récit de voyage et un essai, d’un voyage géographique et mémoriel, dans plusieurs endroits du globe et aussi dans le souvenir des quatre femmes successives de l’auteur, trois passées et une présente et à venir.

Russell Banks aime les îles, les Caraïbes et les îles Vierges, qu’il visite avec Chase la bien-aimée lors d’un périple de deux mois, tous frais payés par un magazine de tourisme de luxe ; les îles Vierges comme Saint-Thomas, Sint Maarten, les Caraïbes comme Grande Terre, Basse Terre, Marie-Galante… mais aussi Cuba et la baie des Cochons, ou plus tardivement les Seychelles, que l’on découvre en détail et en profondeur.

Mais il s’agit aussi d’un voyage de femme en femme – Banks a été marié quatre fois : de Darlene à Christine, de Christine à Becky, enfin de Becky à Chase (de son premier nom Penelope), l’amoureuse à qui est dédié le livre. Eternel amoureux, Banks entreprend une fugue vers l’Athènes du Nord pour célébrer un 4e mariage pas très bien considéré par les familles respectives des deux époux : les quatre filles de Banks, qu’il a eues de ses deux premières unions, et les parents de Chase.

Une chance minuscule, Claudia Pineiro

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 22 Juin 2017. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Une chance minuscule, mars 2017, trad. espagnol (Argentine) Romain Magras, 261 pages, 22 € . Ecrivain(s): Claudia Piñeiro Edition: Actes Sud

 

Absolument prenant. Au croisement – subtil mélange – du récit peut-être autobiographique ou pas loin, du thriller, du drame intimiste. Plongée en apnée au fond des composantes troublantes d’un « soi » qui n’est pas celui de n’importe qui. Vraie réussite que ce Une chance minuscule, peut-être parce qu’il est composé de tout ce qui définit la littérature, dans le vaste comme le simple : d’abord une histoire racontée, des personnages et situations qu’on enfourche sans redescendre, et puis, une écriture et une architecture. Sans oublier une musique, un rythme, qu’on n’oubliera pas…

En Argentine, de nos jours – ce n’est pas sans intérêt – mais transférable partout, pour peu qu’on reste dans une bourgeoisie bienséante et catholique. Une famille, maison, école – le chic collège Saint Peter dans le grand Buenos Aires ; la femme qui parle y enseigne un peu pour s’occuper sans doute et son fils y est scolarisé. Usages précisément détaillés de riches contemporains comme il en est ailleurs. Elle s’ennuie et le mari – chirurgien – amasse. Terre et ciel, comme on dit de certains. Des familles en arrière-plan, la sienne, modeste, bercée par Piazzolla, celle de l’époux, abondante, quelque peu invasive, se voulant protectrice comme on sait l’être en Amérique Latine. Un seul enfant, un garçon, le héros-double, reflet présent/absent de l’histoire de sa mère.