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Actes Sud

Terre errante, Liu Cixin (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 03 Mars 2020. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman

Terre errante, Liu Cixin, janvier 2020, trad. chinois Gwennaël Gaffric, 79 pages, 9 € Edition: Actes Sud

 

Pour échapper à l’explosion annoncée du soleil, les Terriens décident d’arracher la planète à son orbite pour la lancer dans un long voyage dans l’espace à la recherche d’une nouvelle étoile.

À partir d’un tel argument, Liu Cixin aurait pu proposer un roman d’un millier de pages – à l’image de sa trilogie inaugurée en 2006 par Le Problème à trois corps (prix Hugo en 2015), déjà traduite par Gwennaël Gaffric, qui a ainsi permis la découverte en France de cet auteur majeur de la SF chinoise – on pourra lire sur ReS Futurae l’article qu’il a consacré en 2017 à l’œuvre de Liu Cixin : « La trilogie des Trois corps de Liu Cixin et le statut de la science-fiction en Chine contemporaine » (http://journals.openedition.org/resf/940). Dans Terre errante, novella écrite en 2000, Liu Cixin s’en tient à quelques dizaines de pages, qui ont pourtant la densité imaginaire d’une saga : on comprend que le cinéma ait pu être séduit par ce texte, adapté par Frant Gwo sous le titre de The Wandering Earth en 2019. Ce n’est pas que l’auteur accumule les péripéties. Il n’y a guère de personnages, à l’exception du narrateur, dont la vie et les sentiments sont eux-mêmes comme étouffés par l’ampleur des événements planétaires.

Une vie dans les mots, Paul Auster I.B. Siegmundfeldt (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mardi, 25 Février 2020. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Une vie dans les mots, Paul Auster I.B. Siegmundfeldt, traduit de l’américain par Céline Curiol, 2020, 340 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Actes Sud

 

 

Ce recueil passe au crible six écrits autobiographiques et dix-sept romans de Paul Auster, le tout présenté sous la forme de vingt-trois entretiens entre l’auteur et Inge Birgitte Siegumfeldt, professeur d’université à Copenhague. Chacun des entretiens porte sur un écrit ou un roman.

Avant eux, un prologue. Paul Auster y explique qu’il n’est guère en mesure de répondre aux questions pourquoi et comment. Il préfère s’en tenir « au quoi, au quand et au ».

Il veut aussi profiter de ce livre pour « éclaircir les choses », voire même « rectifier des erreurs monumentales » (aussi bien sur lui-même que sur Siri Hustvedt), « tant dans la presse écrite que sur Internet ».

Substance, Claro (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 19 Décembre 2019. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Substance, août 2019, 352 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Claro Edition: Actes Sud

 

Après une vingtaine de livres, Claro, né en 1962, propose ici un livre complètement hors cadre, déjeté, décalé, nourri d’une fiction qui mêle personnages réalistes, science-fiction, théorie sur les ectoplasmes, réflexions nombreuses sur la vie, la mort.

Tout se passe dans la ville natale de Bachelard, Bar-sur-Aube, autant dire la province la plus reculée. On y trouve Benoît, narrateur, et sa Tante, qui l’a recueilli après la DASS, les trois amies de la Tante, Ginèbre, Jacqueline, Yvette, sans oublier Marguerite, qui a été « abductée » par des puissances spatiales…

Tout ce petit monde vit dans des maisons hors du temps, poussiéreuses ; on y pratique le spiritisme, on y croit à la « substance » des ectoplasmes, ces fluides des humains, conservés comme des fioles.

Hôzuki L’ombre du chardon, Aki Shimazaki (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 23 Octobre 2019. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Québec

Hôzuki L’ombre du chardon, Aki Shimazaki, juin 2019, 128 pages, 6,80 € Edition: Actes Sud

 

Madame Mitsuko et Madame Sato lient connaissance lors d’un achat de livres de philosophie. Leurs enfants respectifs vont sympathiser entre eux, suscitant un amical élan entre les deux femmes. L’intrigue se noue de vies secrètes en non-dits, épreuves féminines à l’appui dans ce monde de traditions ancestrales ayant cours, encore de nos jours parfois, au Japon. L’atmosphère est brillamment rendue à l’appui du décor et de cette littérature très efficace, clairsemée de références inhérentes à la forte tradition japonaise, telle ce « Miaï » (rencontre arrangée en vue d’un mariage) qui en dira long sur le vécu d’une des protagonistes, Madame Sato, secrète avec des intentions à rebondissements.

Outre d’être libraire en livres anciens fort recherchés (cette ambiance est particulièrement bien rendue), Madame Mitsuko exerce, en soirée, un second métier dans le « Yükaku » (quartier des prostituées). Les intrigues sont multiples, notamment pour ce qui concerne les enfants, Tarô et Hanako, lesquels communiquent via « Hiragana » (écriture syllabique japonaise, Tarô étant, lui, sourd de naissance).

Ceux qui partent, Jeanne Benameur (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Lundi, 14 Octobre 2019. , dans Actes Sud, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Ceux qui partent, août 2019, 327 pages, 21 € . Ecrivain(s): Jeanne Benameur Edition: Actes Sud

 

Ce livre a des allures de tragi-comédie. Il se passe en deux actes et respecte les trois unités. Tout se déroule au même endroit, New-York (principalement Ellis Island, l’île où débarquent les émigrés) ; tout a lieu en un jour de 1910 (de l’aube d’arrivée du bateau à l’aube du jour suivant).

Dressons, pour commencer, la liste des personnages :

Emilia et Donato Scarpa, son père (il tient d’une main L’Enéide et de l’autre sa fille) ; tous deux ont quitté leur Italie du Nord pour cette Amérique qui promet d’effacer le passé ; dans leurs bagages : les toiles et les pinceaux d’Emilia, les costumes de scène de Donato.

Andrew Jónsson, le New-Yorkais ; épris de photographie, « il s’est habitué maintenant aux arrivées à Ellis Island » ; c’est un vrai Américain à présent, lui dont les ancêtres « ont été pareils à tous ceux de ce jour brumeux ».