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Des clairons dans l’après-midi, Ernest Haycox

Ecrit par Victoire NGuyen 05.06.14 dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Roman, USA

Des clairons dans l’après-midi, traduit de l’Anglais (USA) par Jean Esch, novembre 2013, 357 pages, 23 €

Ecrivain(s): Ernest Haycox Edition: Actes Sud

Des clairons dans l’après-midi, Ernest Haycox

 

Un western explorant les profondeurs psychologiques


Des clairons dans l’après-midi est un roman sur le western mais avec une originalité rare car l’auteur prend soin de brouiller les codes du western. En effet, les personnages ont plus d’épaisseur psychologique. Ainsi, Kern Shafter est un être taciturne. Trahi par la femme qu’il aime, dénoncé par son rival, il est déchu de son grade d’officier. Des années ont passé mais n’ont pas effacé pour autant l’affront. Kern est déterminé par la vengeance et traverse les terres poussiéreuses et désertiques de l’Ouest pour retrouver l’homme qui a été responsable de son malheur.

Ernest Haycox ne dépeint pas ici le portrait d’un héros solaire. Il s’attarde sur la personnalité complexe de Kern et le duo qu’il forme avec Josephine Russell. En effet, loin du stéréotype de la femme fatale qui peuple le roman du western, Josephine est d’une autre facture. Elle représente la force tranquille et l’indépendance d’esprit faisant fi des conventions sociales qui régissent son sexe. Elle aime Kern mais cependant n’hésite pas à lui jeter à la figure ses défauts et faiblesses : « Vous avez été blessé une fois et vous avez cessé de grandir. Vous avez passé les dernières années de votre vie à rapetisser, à vous éloigner, de peur de souffrir encore. Vous avez brillamment réussi à vous transformer en homme insignifiant, Kern. Vous avez peut-être été un homme remarquable. J’y ai souvent pensé et ça m’a fait de la peine de voir un tel gâchis ».

Le lecteur peut voir Josephine Russell comme l’épreuve de Kern. Saura-t-il surmonter sa propre peur, sa méfiance de la femme pour enfin goûter au bonheur ? Josephine Russell représente la possibilité d’une vie autre. Contrairement à la female betrayed ou la tenancière de saloon, Josephine Russell est la figure d’un rachat, d’une rédemption possible pour Kern. De même, le manichéisme n’est pas non plus de mise et le traître, l’ami devenu ennemi, n’est pas un homme aussi méchant que cela. Garnett, l’homme par qui le malheur est arrivé dans la vie de Kern, est peut-être plus proche d’un marquis de Valmont que d’un vulgaire coureur de jupons. Le lecteur se surprend à le préférer à certains moments à Kern qui semble manquer d’humanité, lui qui est drapé dans son honneur blessé.

Cependant, comme tout western qui se respecte, la virilité d’un homme se mesure au champ de bataille. C’est pourquoi, les clairons dans l’après-midi sont aussi un chant de guerre. La bataille, la guerre et la confrontation avec l’autre, couvent depuis le début du roman. Elles n’éclatent que vers la fin comme le bouquet final d’un feu d’artifice et laissent Kern meurtri dans sa chair. Le cœur abdique enfin et laissant tomber les rancœurs de jadis, Kern revient à la vie après avoir vu la mort. La bataille de Little Big Horn est magnifiquement décrite. Le lecteur semble voir dérouler devant ses yeux toute la machinerie hollywoodienne pour mettre en exergue la violence des combats et la bravoure des hommes et des bêtes. L’Indien n’est pas réellement au cœur de la description de l’auteur et cette absence de détail et de présence physique de l’Indien le rend encore plus redoutable car il a fait tomber tant de braves.

En conclusion, le roman de Ernest Haycox est non seulement un roman consacré au western mais aussi un récit d’aventures sur fond historique.

 

Victoire Nguyen


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A propos de l'écrivain

Ernest Haycox

 

Ernest Haycox est un auteur prolifique. Il a écrit une trentaine de romans et environs trois cents nouvelles. Il est né en 1899 et il est décédé en 1950. Les clairons dans l’après-midi est un roman publié récemment par Actes Sud. En 2005, le prestigieux jury des Western Writers comptait Ernest Haycox comme l’un des meilleurs auteurs de l’Ouest du XXème siècle.

 

A propos du rédacteur

Victoire NGuyen

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Un peu de moi…

Je suis née au Viêtnam en 1972 (le 08 Mars). Je suis arrivée en France en 1982.

Ma formation

J’ai obtenu un Doctorat es Lettres et Sciences Humaines en 2004. J’ai participé à des séminaires, colloques et conférences. J’ai déjà produit des articles et ai été de 1998 – 2002 responsable de recherche  en littérature vietnamienne dans mon université.

Mon parcours professionnel

Depuis 2001 : Je suis formatrice consultante en communication dans le secteur privé. Je suis aussi enseignante à l’IUT de Limoges. J’enseigne aussi à l’étranger.

J'ai une passion pour la littérature asiatique, celle de mon pays mais particulièrement celle du Japon d’avant guerre. Je suis très admirative du travail de Kawabata. J’ai eu l’occasion de le lire dans la traduction vietnamienne. Aujourd’hui je suis assez familière avec ses œuvres. J’ai déjà publié des chroniques sur une de ses œuvres Le maître ou le tournoi de go. J’ai aussi écrit une critique à l’endroit de sa correspondance (Correspondance 1945-1970) avec Mishima, auteur pour lequel j’ai aussi de la sympathie.