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Vache enragée (Chokers en Survivors), Nathan Trantraal (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 24 Août 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie

Vache enragée (Chokers en Survivors), Nathan Trantraal, éditions Lanskine, juin 2020, trad. afrikaans, Pierre-Marie Finkelstein, 132 pages, 16 €

 

« Ce poème je l’ai écrit deux fois

parce que ma mère la première fois qu’elle l’a lu

elle m’a dit : “Tu peux pas écrire ces choses-là,

j’vais me retrouver en taule”.

C’est elle qui m’a appris

à m’débrouiller.

Pas à m’débrouiller façon gangster,

mais à m’débrouiller façon femme-seule-avec-six enfants

à m’débrouiller dans le bon sens du terme.

Règles de la vie quotidienne, Louis Lavelle (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 19 Août 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Essais, Arfuyen

Règles de la vie quotidienne, Louis Lavelle, éd. Arfuyen, 2004, Préface, Jean-Louis Vieillard-Baron, 151 pages, 15 €

 

« Faute de pouvoir se donner à eux-mêmes le bonheur, les hommes finissent par faire des objets de gloire du malheur et du trouble qui les accable : mais s’ils haïssent ceux qui ont cessé de les ressentir, ils méprisent ceux qui comme eux y sont encore plongés. Ils n’en reçoivent aucune consolation, tandis que le bonheur des autres est pour eux un reproche de tous les instants » (chap.19).

Le philosophe Louis Lavelle (1883-1951) avait laissé dans ses papiers un formidable et éclairant inédit, publié pour la première fois chez Arfuyen en 2004, puis 2010, à nouveau disponible en 2022. Le ton et le contenu du court extrait qui précède fustige, comme on le voit, un peu prophétiquement la communauté d’envie, de déploration et de ressentiment dans laquelle nous nous enlisons fièrement. Mais dénoncer n’est pas le fort de ce penseur, qui s’abstient précisément d’ajouter ainsi à la misère psycho-culturelle dont son petit livre souhaite, au contraire, nous extraire et au fond, nous sauver !

Par la vaste mer, Andrés Sanchez Robayna (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 13 Juillet 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Poésie

Par la vaste mer, Andrés Sanchez Robayna, éditions Le Taillis Pré, décembre 2021, trad. espagnol, Claude Le Bigot, 113 pages, 15 €

 

 

Qu’est-ce qu’un poète ? Une sorte de sonneur de la présence : quelqu’un qui garde dans l’oreille les sons mêmes qui, une première fois, lui ont donné envie d’entendre ; et un poète lucide et généreux est celui qui, même athée, soigne et diffuse le son religieux – un carillon lointain dans le ciel familial – qui fut son premier chant de monde. C’est que la « vaste mer » qu’évoque le titre du recueil semble bien plutôt renvoyer à un océan d’air et d’échos, tant ce qui, tout jeune, a sorti d’enfance ce poète presque septuagénaire, est – écrit-il dès les premières pages – une volée de cloches, un jour, inattendue, immense et ineffaçable, dans le ciel bas de la contrée familiale (les Îles Canaries). Comme c’est sa vocation lyrique même qui s’est jouée là, voici son récit fondateur :

Sommeil de l’ange, Marie Étienne (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 06 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Poésie, Récits, Le Castor Astral

Sommeil de l’ange, Marie Étienne, Le Castor Astral, juin 2022, 118 pages, 14 €

 

Aucun doute possible : la sorte de rêveur public qui hante (et construit) ce recueil est une femme (et une femme ardente, inquiète et drôle) ; ainsi le court récit n°36 :

« … Rien à voir avec Jules qui, une nuit récente, me réveille et joyeux me demande si je veux l’épouser.

Je ronchonne et me tourne pour dormir.

Lui joyeux à nouveau me demande, je me fâche, il ronchonne, je l’apaise :

Viens plutôt dans ma Bible ».

Un dédale de ciels, Benoît Reiss (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 28 Juin 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arfuyen, Poésie

Un dédale de ciels, Benoît Reiss, Arfuyen, juin 2022, 120 pages, 13 €

 

« Je marche en compagnie de mon arrière-grand-père

sur un chemin de terre dans la plaine du Forez

dans mon pays dit-il

avec cette drôle de fierté

mon ombre enveloppe la sienne

ses sandales sont couvertes de poussière

il me montre sur ses jambes ses avant-bras ses joues les éraflures

mes médailles mes blessures gagnées dit-il

contre l’écorce l’ongle des arbres dans le verger voisin