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Roman

Le Château d’Eppstein, Alexandre Dumas

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 25 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Le Château d’Eppstein, septembre 2015, édition présentée, établie et annotée par Anne-Marie Callet-Bianco, 400 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Alexandre Dumas Edition: Folio (Gallimard)

 

Avec Le Château d’Eppstein, la collection Folio classique nous permet de redécouvrir un roman peu connu, mais très séduisant d’Alexandre Dumas. Relativement bref, ce roman fantastique se révèle en effet d’une grande richesse narrative et poétique.

Rien d’original, pourtant, en apparence. Le début du roman met en place un dispositif éprouvé : un cercle d’amis, se racontant des histoires de fantômes. Nous n’en connaîtrons qu’une, celle du château d’Eppstein, hanté par le spectre de la comtesse Albine qui par-delà la mort veille sur son fils bien-aimé.

Dès cette ouverture, le charme opère, et la rencontre dans la chambre rouge du narrateur avec la comtesse défunte n’est pas sans évoquer Les Hauts de Hurlevent. L’histoire de la comtesse Albine et de son fils Éverard que le narrateur apprend à cette occasion joue ensuite davantage sur le registre sentimental et merveilleux que sur l’horreur. Bien que les apparitions d’Albine dans la chambre rouge soient dramatisées à plaisir, le récit est plutôt dominé par la formation d’Éverard, ses amours, son éducation et son lien à la nature à laquelle se mêle la figure de sa mère.

Georges Bernanos en La Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 23 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Georges Bernanos, Œuvres romanesques complètes suivi de Dialogues des carmélites. 2 tomes . Ecrivain(s): Georges Bernanos Edition: La Pléiade Gallimard

 

En son œuvre romanesque (magnifiquement rééditée aujourd’hui dans la collection de la Bibliothèque de la Pléiade), Bernanos (et c’est ce qui frappe aujourd’hui) interroge le moment acméique de la vie selon Jean Grosjean, celui qui se tient au plus haut sur la crête du sens et de la nécessité : le mourir.

Cette mort peut être subie ou choisie comme l’on choisirait une branche de houx pour la placer (étrangement) en un vase que le temps nous aurait confié, par l’entremise de la présence aimée de quelque grand (ou arrière-grand) parent.

Elle peut être subie ou choisie pour que soit épousé l’éphémère (l’éphémère qui est, invariablement, ce qui repart, ce qui renaît), ainsi que l’a théorisé à sa façon Rutger Kopland dans Songer à partir (poèmes traduits du néerlandais par Paul Gellings) : « Un feu dans la nuit, flambe, / hésite, et couve soudain / sous la cendre. // La musique d’une guitare, cette / danse, et tout à coup / des murmures. // Les champs à l’aube, des nuées d’oiseaux / voltigeant un instant, et puis / ils se posent. // Songer à partir, / à disparaître ».

Le feu, Henri Barbusse

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 23 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Petite bibliothèque Payot

Le feu, 464 pages, 8,65 € . Ecrivain(s): Henri Barbusse Edition: Petite bibliothèque Payot

 

Un des grands livres, sinon « le » livre sur la grande Guerre, écrit, dans le même temps que les faits, à la manière d’un reportage heure par heure, « Journal d’une escouade » en étant le sobre sous-titre. Le titre lui-même – trois lettres tirées à bout portant, lumière d’un autre monde de cauchemars – vise dès l’ouverture du livre son lecteur au cœur.

Le feu, Goncourt 1916 – en un temps où les Goncourt pesaient vraiment en termes de talent et d’importance. Cent ans et pas une ride. Chef d’œuvre absolu. On lit le Barbusse, et après, on voit.

Mieux que toutes les images des archives – même recolorisées – plus fort que les banques de sons rameutant les bruits éraillés des obus et fusées des plaines du Nord, ces 400 pages incontournables donnent – pour ceux qui en douteraient – à la littérature, à la force des mots seuls, la place tout en haut du podium, face à l’Histoire. « Voyage au bout de l’enfer », a dit, en un autre temps, un film sur une autre guerre. On y est.

Wulf, Hamish Clayton

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 22 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Océanie, Editions de la Différence

Wulf, mai 2015, trad. anglais (Nouvelle-Zélande) Marc Sigala, 270 pages, 22 € . Ecrivain(s): Hamish Clayton Edition: Editions de la Différence

 

A la frontière du mythe

« Au cours de mes nombreuses errances, jamais je n’ai vu de pays si frais, si rude, si majestueusement vert. Jamais je n’ai mis les pieds dans aucun pays dont le froid soit si mordant à ses beaux jours. Juillet et août, joyaux de givre. Ainsi les ressentaient nos peaux nordiques.

Cette terre repose en des eaux lointaines et agitées. L’histoire reste dans l’attente de cette terre lointaine et agitée ».

Ainsi débutent les premières pages de ce roman consacré à la découverte de la Nouvelle-Zélande et de ses héros par les Européens commerçants.

Les premières pages s’ouvrent sur l’année 1830. Le narrateur ainsi que l’équipage du navire Elisabeth quittent Londres pour un long périple qui les mène vers les terres lointaines en pleine hémisphère sud :

Les chemins de la fraternité, Jean-François Nahmias

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 21 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel

Les chemins de la fraternité, novembre 2015, 518 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jean-François Nahmias Edition: Albin Michel

 

Le personnage central de ce roman est Frédéric Legendre, en rupture avec sa famille et sa condition d’origine : son père dirige avec beaucoup d’autoritarisme et de dureté vis-à-vis de ses salariés une entreprise de confection consacrée à la fabrication de boutons. Le différend familial prend sa source dans un accident de travail dont est victime une ouvrière de l’usine. Frédéric Legendre décide de partir pour Paris. Il s’agit du Paris du Second Empire, en l’année 1865.

Les premiers temps sont difficiles, marqués par une grande précarité matérielle, jusqu’à ce que notre jeune homme en recherche d’une nouvelle orientation à sa vie se mette au service d’un libraire nommé Amédée Silvestri, qui lui attribue comme tâche de ranger ses manuscrits par ordre alphabétique. Il rencontre également des personnages tels que Raoul Rigault, agent très officieux des milieux révolutionnaires de Paris, Augustin Grandier, autre militant, et aussi Eugène Varlin, alors chef du syndicat des relieurs qui jouera un rôle-clé dans la Commune de Paris.