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Roman

Octobre, Zoë Wicomb

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 28 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Mercure de France

Octobre, septembre 2015, trad. Anglais (Afrique du Sud) Edith Soonckindt, 290 pages, 23 € . Ecrivain(s): Zoë Wicomb Edition: Mercure de France

Une femme en crise

« Mercia Murray est une femme de cinquante-deux ans qui vient d’être quittée.

Nous le savons, et elle aussi d’ailleurs, cette situation pour le moins banale équivaut à une forme de mort ».

Ainsi commencent les premières lignes de ce roman. Zoë Wicomb prend comme point de départ cet instant de crise. Mercia Murray devient, au lendemain de la terrible nouvelle, une femme anéantie. Son compagnon la quitte pour une femme plus jeune et comble de l’ironie, il va aussi devenir père. Face à cet échec sentimental, Zoë entame une introspection. Son voyage intérieur la ramène aux sources. En effet, au même moment où elle entame sa vie de célibataire forcée en Ecosse, Mercia reçoit une lettre de son frère alcoolique et malade lui demandant de revenir au pays, en Afrique du Sud. Notre protagoniste n’a plus rien à perdre et décide d’effectuer son voyage de retour. Elle ne s’attend pas à l’ampleur du désastre et constate avec impuissance la déchéance de son frère rongé par la haine qu’il porte à son défunt père. Le retour à la terre natale fait émerger des souvenirs douloureux. Les images d’une enfance malheureuse resurgissent et avec elles, l’ombre d’un père terrible dévoré par l’angoisse du péché et le puritanisme.

La nuit de Zelemta, René-Victor Pilhes

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 28 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel

La nuit de Zelemta, janvier 2016, 185 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): René-Victor Pilhes  Edition: Albin Michel

 

Trois personnages sont présents dans ce roman : Jean-Michel Leutier, élève au lycée Pierre-de-Fremat à Toulouse durant l’année 1953. Il est pensionnaire, originaire d’Algérie, de Ain-Temouchent en Oranie, localité située entre Sidi Bel Abbès et Béni Saf, d’où sa mère est native. Son père l’a envoyé en France où il retrouve à Albi une de ses sœurs, institutrice. Il tombe amoureux d’une jeune Albigeoise, Rolande Jouli, sœur de Jacques, son meilleur ami de lycée.

Le deuxième est Abane Ramdane, l’un des chefs historiques du FLN, qui a participé au déclenchement de l’insurrection de 1954, et a été emprisonné à plusieurs reprises dans différentes prisons en Algérie et en France, puis transféré à Albi en 1953.

Le troisième personnage est le « petit curé », sobriquet donné par Jean-Michel Leutier à l’aumônier de son régiment où il accomplit son service militaire, comme officier, en 1957 dans la région de Zelemta. Tout le roman est articulé autour des récits respectifs de ces derniers, avec retours en arrière, mises en perspective et en abyme.

Demain, si Dieu le veut, Khadi Hane

Ecrit par Theo Ananissoh , le Mercredi, 27 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Joelle Losfeld

Demain, si Dieu le veut, octobre 2015, 159 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): Khadi Hane Edition: Joelle Losfeld

 

Paris, le Parc Montsouris, septembre 2042. Joseph Diouf, quarante-deux ans, est couché sur l’herbe mouillée. Il suit des yeux les pigeons, les canards, les promeneurs, et se remémore sa vie. Une vie extrêmement triste. Une enfance sans père. La prison à vingt et un ans – condamné pour le meurtre d’un commerçant chinois de Dakar. Joseph a voulu venger la mort de son frère aîné et très aimé qu’il impute audit Chinois. La mère que la douleur finit par rendre folle. En prison, au bout de vingt ans, Joseph est frappé par une seconde condamnation, sans rémission : un cancer de la prostate. Libéré, il est évacué à Paris pour des soins qui sont sans doute pour la forme.

L’existence de Joseph n’est qu’une suite de souffrances, cela est certain. Mais le propos de Khadi Hane ne doit pas être éclipsé par ce chapelet de malheurs. Ce serait passer à côté d’une œuvre qui, il est vrai, ne paye pas de mine. La romancière sénégalaise développe en effet discrètement quelques qualités tout à fait appréciables. Après Congo Inc. de Jean In Koli Bofane, paru chez Actes Sud en 2014, Demain, si Dieu le veut présente à notre connaissance la deuxième apparition véritable du Chinois dans un roman africain en langue française.

La Nuit du Bûcher, Sándor Márai

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 27 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Albin Michel

La Nuit du Bûcher, octobre 2015, trad. hongrois Catherine Fay, 272 pages, 19 € . Ecrivain(s): Sandor Marai Edition: Albin Michel

 

Depuis quelque temps, sous l’excellente plume traduisante de Catherine Fay, Albin Michel continue son programme de publication de l’œuvre du Hongrois Sándor Márai (1900-1989), entamé en 1992, gratifiant en 2015 l’amateur de l’auteur des Braises et de La Nuit du Bûcher, Erösítö en hongrois : littéralement « confortateur », celui en charge de conforter un hérétique dans sa conversion durant les grandes heures de l’Inquisition italienne, fin du XVIe siècle, début du XVIIe siècle. En effet, contrairement à nombre de romans signés Sándor Márai traduits en français à ce jour, celui-ci n’est pas un récit de la Mittel-Europa déclinante, un de ces récits qui ont permis de dresser des comparaisons aussi élogieuses que méritées entre Márai et Zweig, Roth ou Schnitzler ; La Nuit du Bûcher, sous un titre français un rien malheureux car donnant l’impression qu’un seul moment compte, raconte seize mois dans la vie d’un carmélite castillan originaire d’Avila, la ville de Thérèse, arrivé à Rome en novembre 1598 pour y étudier les méthodes inquisitoriales italiennes et ainsi répondre à une question cruciale, éliminer ce « doute qui […] rongeait au moment de délivrer la sentence et de l’exécuter, [qui] concernait la parole d’un hérétique qui se convertit : pouvait-on y croire et quel était le signe attestant de la sincérité de cette conversion ? »

Le Château d’Eppstein, Alexandre Dumas

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 25 Janvier 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Le Château d’Eppstein, septembre 2015, édition présentée, établie et annotée par Anne-Marie Callet-Bianco, 400 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Alexandre Dumas Edition: Folio (Gallimard)

 

Avec Le Château d’Eppstein, la collection Folio classique nous permet de redécouvrir un roman peu connu, mais très séduisant d’Alexandre Dumas. Relativement bref, ce roman fantastique se révèle en effet d’une grande richesse narrative et poétique.

Rien d’original, pourtant, en apparence. Le début du roman met en place un dispositif éprouvé : un cercle d’amis, se racontant des histoires de fantômes. Nous n’en connaîtrons qu’une, celle du château d’Eppstein, hanté par le spectre de la comtesse Albine qui par-delà la mort veille sur son fils bien-aimé.

Dès cette ouverture, le charme opère, et la rencontre dans la chambre rouge du narrateur avec la comtesse défunte n’est pas sans évoquer Les Hauts de Hurlevent. L’histoire de la comtesse Albine et de son fils Éverard que le narrateur apprend à cette occasion joue ensuite davantage sur le registre sentimental et merveilleux que sur l’horreur. Bien que les apparitions d’Albine dans la chambre rouge soient dramatisées à plaisir, le récit est plutôt dominé par la formation d’Éverard, ses amours, son éducation et son lien à la nature à laquelle se mêle la figure de sa mère.