Drôle de premier roman que donne ici Claire Julliard, dans lequel la narratrice (qui s’exprime en « je ») est une adolescente qui fuit, avec deux gardes du corps, la secte où elle est retenue prisonnière et cherche protection sur une île semi-déserte. On y retrouve des réminiscences de très bons romans dystopiques pour la jeunesse – Le Passeur de Lois Lowry (1994), lui-même inspiré du Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley (1932) –, ainsi que de romans d’aventure ou robinsonnades comme L’Ile mystérieuse de Jules Verne ou L’Ile au trésor de Robert Louis Stevenson. Le titre est lui-même inspiré du titre d’un poème de Jules Supervielle, Le hors-venu, qui illustre la figure du réfugié.
Les relations entre les personnages de ce huis-clos à trois, puis quatre personnages – Mikael, le détective infiltré et lâché par la police, Harlan le gorille dépressif et Bienvenu Bonfeuille, dit Le Gabelou – se font tour à tour amicales puis tendues. Le personnage de Mélanie fait preuve d’une résilience extraordinaire lorsqu’on apprend et comprend les tourments que la jeune fille a endurés auprès du gourou de l’Eglise de la Sainte-Lumière cosmique, Jordan Kimmel, stéréotype du dictateur paranoïaque, dont Mylène, la mère de Mélanie, est l’une des proches. Du désert du Nouveau Mexique à la Polynésie française, le voyage romanesque est dépaysant, très couleur locale :