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Roman

Ciao connard, Florian Eglin

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 20 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, La Grande Ourse

Ciao connard, mars 2016, 139 pages, 15 € . Ecrivain(s): Florian Eglin Edition: La Grande Ourse

 

Le titre du livre ne dit pas tout, loin s’en faut, il n’est en fait qu’une des réparties de l’un des deux protagonistes. C’est un huis clos, mais un huis clos bien singulier, puisqu’il réunit un bourreau et son supplicié. Et ce tête-à-tête a lieu dans une bibliothèque qui est celle du supplicié. « Connard » est le mot qu’emploie le supplicié pour désigner, à plusieurs reprises, son bourreau.

Le début du récit se situe au moment où le narrateur nous apprend que son ventre, sa « cavité abdominale », est ouvert et partiellement délesté d’une grande partie de son contenu, ses intestins, qu’il décrit par le menu. L’absurdité de la situation est accrue par la capacité du narrateur à décrire ses intestins, posés sur une table à côté de lui, puis d’autres organes qui seront tranquillement prélevés au fur et à mesure de l’évolution de ce qui apparaît comme une expérience. Le bourreau suit en fait les indications que précise un livre, celui d’un auteur qui a lui aussi commis ce type d’expérience. Le foie sera particulièrement apprécié, puisque qu’il sera préparé pour être dégusté…

Dispersez-vous, ralliez-vous !, Philippe Djian

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 18 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Dispersez-vous, ralliez-vous !, février 2016, 208 pages, 18 € . Ecrivain(s): Philippe Djian Edition: Gallimard

 

La sortie d’un roman de Philippe Djian déclenche systématiquement des articles enflammés creusant le fossé entre ceux qui regrettent l’époque de Bleu comme l’enfer et de 37°2 le matin (publiés pour mémoire il y a plus de trente ans), ceux qui le défendent becs et ongles à chaque nouvelle publication en se pâmant sur son style, et enfin ceux qui d’un ouvrage à l’autre sont saisis par le vertige des montagnes russes. Mention à part pour Yann Moix qui de toute manière déteste. Sans doute faut-il oublier non seulement tout ce que l’écrivain a déjà écrit, mais aussi tout ce que l’on a déjà écrit sur lui et son œuvre pour aborder sans idées préconçues son dernier ouvrage.

Une lecture, l’esprit vierge. Difficile, car les « histoires de famille » forment le creuset récurrent de son inspiration et l’ellipse, son empreinte stylistique. À défaut de pouvoir totalement s’abstraire, de ne pas être tenté par la comparaison, il reste possible avec un minimum de souci d’équité de se laisser surprendre et porter par le récit.

La Justice de l’Ancillaire (Les Chroniques du Radch tome 1), Ann Leckie

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 16 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, USA, J'ai lu (Flammarion), Aventures

La Justice de l’Ancillaire (Les Chroniques du Radch tome 1), septembre 2015, trad. anglais (USA) Patrick Marcel, 443 pages, 20 € . Ecrivain(s): Ann Leckie Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

 

Depuis sa publication en 2013, La Justice de l’Ancillaire, premier roman de l’Américaine Ann Leckie (1966), s’est vu attribuer quelques prix parmi les prestigieux dans le domaine de la science-fiction : le Prix Hugo (meilleur roman), le Nebula (meilleur roman), le Locus (meilleur premier roman), le Arthur C. Clarke (meilleur roman de science-fiction) et celui de l’Association Britannique de Science Fiction (meilleur roman), n’en jetez plus, on a compris, il est chaudement recommandé de le lire selon les membres éminents de la profession, si tant est que la science-fiction soit une profession. C’est donc avec une certaine bienveillance qu’on ouvre ce volume de taille raisonnable (environ quatre cent-quarante pages) dont on sait déjà qu’il sera suivi de deux autres d’une épaisseur similaire, les deux suites de ces Chroniques du Radch, et cette bienveillance se trouve récompensée par un roman aussi solide dans sa narration qu’inventif dans sa technique et son style.

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, Vladimir Vertlib

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 15 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Langue allemande, Métailié

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, février 2016, trad. allemand (Autriche) Carole Fily, 420 pages, 22 € . Ecrivain(s): Vladimir Vertlib Edition: Métailié

 

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur est le quatrième ouvrage publié par l’Autrichien d’adoption Vladimir Vertlib (1966). Malgré le succès rencontré Outre-Rhin, il aura fallu attendre quinze ans pour qu’il soit traduit en français – c’est d’ailleurs le premier ouvrage de Vertlib à connaître ce sort. Etant donné l’accueil plus que favorable réservé à L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, récompensé par le prix Adalbert-von-Chamisso (un prix décerné à un ouvrage de langue allemande écrit par un auteur dont ce n’est pas la langue maternelle) et le prix Anton-Wildgans (un prix destiné à encourager de jeunes écrivains autrichiens prometteurs), nul doute que d’autres traductions suivront.

Ce roman débute quasi comme un gag, une farce flaubertienne : dans une petite ville fictionnelle allemande du nom de Gigricht, en vue du nouveau millénaire et en célébration de son (supposé – Vertlib s’en amuse avec délectation vers la fin du roman (se) jouant de la notion de document historique fiable… ou non, ce qui remet en perspective un certain point des faits narrés par Rosa Masur) sept cent cinquantième anniversaire, la municipalité décide de publier un ouvrage, avec l’aide d’un institut d’histoire, un livre destiné à favoriser et montrer l’intégration des étrangers, qui « s’intitulerait Etrange patrie. Une patrie à l’étranger […].

Souriez, vous êtes ruiné, Yves Bourdillon

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 15 Avril 2016. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les éditions du Rocher

Souriez, vous êtes ruiné, avril 2016, 510 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Yves Bourdillon Edition: Les éditions du Rocher

 

Une farce au vitriol et donc forcément indigeste, qui dépeint à grands traits décomplexés une France actuelle, de fiction certes, mais à peine…. Avec pour personnage central, le narrateur, antihéros, journaliste (comme l’auteur) qui travaille pour Le Journal, un journal « de gauche », qui soutient ouvertement la position des Indignés, Enragés, Sans-Slibards, qui s’affrontent avec « leurs concurrents, tout aussi remontés contre le pouvoir » qui crient : « Nous n’avons plus que l’impôt sur les os », ou bien plus intello et vulgaire à la fois « Léviathan, on t’encule », les libéraux donc, fédérés en « les Baudets » par autodérision. Léviathan étant une métaphore qu’avait utilisée le philosophe anglais Hobbes, pour faire référence à un état tout puissant.

Fred Beaumont donc, couvre pour Le Journal, les évènements qui mettent le pays sens dessus dessous, grève et pénuries de presque tout, manifestations, émeutes, affrontements permanents… sauf que Fred Beaumont, lui, ses opinions sont plutôt à l’opposé de la ligne que défend Le Journal. il a viré sa cuti depuis bien des années déjà, au profit de la ligne libérale, et faute de pouvoir s’y faire embaucher, même les journaux de droite manquant de moyens, il accepte donc de faire aussi des piges pour Libertas, sous la fausse identité de Paquette, journaliste fraîchement inventé et débarqué du Québec.