Ce livre est un enchantement et, peu importe au fond, que nous l’appelions roman alors qu’il a tous les attraits d’un conte pour grandes personnes. Peu importe même qu’à raison de l’univers qu’il dépeint, des images qu’il suscite, de la langue et du souffle envoûtants, teintés d’érotisme, qui l’animent, nous le jugions d’autrefois alors qu’il nous parle d’hier, des amours de jeunesse et des mythes de toujours ; des projections sans suite et des authentiques douleurs d’un siècle qui a précédé le nôtre. Un éveil des sens au fil d’une plume alerte, à frôler les forêts, à en atteindre le cœur, à se perdre en vertiges, en caresses, en parfums, une Diane chasseresse découvrant ses appâts, Icare chutant du haut des utopies : voilà en bref ce livre, le point d’orgue d’une vie.
Né à Alexandrie Fouad El-Etr, son auteur, est d’origine libanaise. Il fête en 2021 ses 79 ans. Cet amoureux des langues (le français, l’anglais, l’allemand, l’Italien, le hongrois, l’arabe et même le japonais) a un goût prononcé de la belle ouvrage. Son œil très sûr, son sens de la composition doublé d’une indépendance farouche, l’ont conduit à fonder en 1967, seul et à contre-courant la somptueuse revue La Délirante, puis la maison d’édition éponyme.