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Les Livres

La Racine ombreuse du mal, Isabelle Caplet, Simone Soulas (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 26 Novembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

La Racine ombreuse du mal, Isabelle Caplet, Simone Soulas, octobre 2021, 242 pages, 19 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Un tout jeune homme, Henri Montfort, brillant étudiant, fils « de bonne famille » au visage d’ange, est retrouvé mort, allongé dans un décor bucolique rappelant celui du Dormeur du Val, avec, détail intrigant, de la cendre d’origine mystérieuse dans la bouche et dans la main droite. L’autopsie révèle que le décès est dû à l’ingestion d’un mélange de curare et de matières hautement toxiques très rares. Suicide ? Crime ? Mise en scène macabre d’un rituel sectaire ?

Le roman commence, juste avant la découverte du corps, par le récit du cauchemar qui agite en son sommeil un des personnages principaux, Juliette, détentrice aléatoire de pouvoirs divinatoires intermittents. Réveillée par le malaise qu’a provoqué en elle son rêve inachevé, Juliette « sait » que son cauchemar contient « une annonce, un péril imminent ». Mais lequel ? Il se trouve que Juliette est l’amie fidèle du commissaire Louis Gardeur, à qui est confiée la mission d’enquêter sur l’affaire.

Châteaux de sable, Louis-Henri de La Rochefoucauld (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Novembre 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Robert Laffont

Châteaux de sable, Louis-Henri de La Rochefoucauld, août 2021, 256 pages, 19 € Edition: Robert Laffont

 

« Notre amicale de descendants de guillotinés triés sur le volet se réunissait trop rarement. Il aurait fallu se voir une fois par mois sans que personne ne le sache, dans des lieux secrets : le cimetière Picpus, un salon du Jockey Club, les jardins du château de Versailles, le sous-sol de la Chapelle expiatoire… ».

Le narrateur de ce roman virevoltant n’est autre qu’un descendant de La Rochefoucauld, un nom qui s’accorde avec l’Histoire de France, celle de l’Ancien Régime, avec ses sauts et soubresauts, ses passions et ses trahisons, ses mensonges et ses gloires. Difficile de passer à côté de l’Histoire lorsque l’on descend de La Rochefoucauld-Liancourt qui prévient Louis XVI de la prise de la Bastille. Difficile d’oublier son histoire lorsque l’on apprend que les La Rochefoucauld détiennent le record du nombre de morts sous la Révolution française, quatorze au total, de Pierre-Louis et François-Joseph, deux évêques, assassinés à la prison des Carmes, à Anne, guillotinée place de la Révolution – Nous avions payé cher le prix de l’agitation populaire. Le jacobinisme était-il un humanisme ? Vous avez quatre heures.

Respire, Victor Malzac (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 25 Novembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Respire, Victor Malzac, éditions de La Crypte, 2020, 64 pages, 12 €

 

Respire de Victor Malzac est édité à la Crypte. Le Prix de la Crypte 2020 est attribué à un jeune poète né en 1997, intense, brillant. « Gilet rouge » dans un univers qui tremble, où il faut reprendre respiration. Rien de faux dans cette description.

 

« tôt dans la nuit je respire

la mer

et je converse avec – »

« les lumières de la ville font maintenant comme un carrefour

dans les nœuds crispés de ma conscience

maintenant libre – »

Leçons sur la traduction, Franco Fortini (par Jean-Charles Vegliante)

, le Jeudi, 25 Novembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Leçons sur la traduction, Franco Fortini, éditions Les Belles Lettres, octobre 2021, 155 pages, 25 €

 

Il est toujours délicat, pour qui connaît une œuvre étrangère, de rendre compte le plus « objectivement » possible de sa publication nouvelle dans notre langue. Publication (et traduction) dont avant tout l’on ne peut que se réjouir. Dans le cas présent, Fortini étant l’un des intellectuels, critiques, poètes, professeurs qui ont certainement compté dans l’Italie du XXème siècle, on salue d’abord cette seconde parution d’un de ses livres en France, et l’on attend toujours la réédition annoncée de ses poèmes.

Cet ouvrage est la version française, avec une Présentation de Julien Bal, des Lezioni sulla traduzione procurées chez Quodlibet (Macerata) par Maria Vittoria Tirinato, qui signait également une ample Introduction au titre intéressant (mais non explicité) Larvatus prodeo, en 2011. L’ouvrage comportait également un court Avant-dire de l’un des meilleurs éditeurs-connaisseurs de Fortini en Italie, Luca Lenzini, également coordonnateur du Centre Fortini de Sienne. Il possédait aussi un très utile Index des noms (p.223-31), que les éditeurs français auraient été bien inspirés de conserver, et quelques documents d’Archives de reproduction plus délicate.

Contes philosophiques du monde entier, Jean-Claude Carrière (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 24 Novembre 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Plon

Contes philosophiques du monde entier, Jean-Claude Carrière, août 2021, 384 pages, 12 € Edition: Plon

Feu Jean-Claude Carrière avait la passion des histoires, celles qui, sans aucunes distinctions géographiques ou temporelles, nous fondent, nous les humains, qui nous disent qui nous sommes de façon symbolique, qui nous incitent à nous poser des questions auxquelles il n’y a pas nécessairement de réponses – peut-être les plus intéressantes parmi les questions, soit dit en passant – un exemple ? Pourquoi j’aime telle personne – aucune réponse, aucune certitude, juste le sentiment. Il suffit pour se sentir humain.

Le présent recueil, dans sa première édition datant de 2008, était sous-titré Le Cercle des menteurs 2, et donc présenté comme une sorte de suite au recueil Le Cercle des menteurs, publié quant à lui en 1998. Des menteurs ? Non, des diseurs de vérités, ces vérités simples que la psychanalyse moderne a dévoyées – le plus bel exemple étant le supposé « complexe d’Œdipe », auquel aucun helléniste ne comprend rien puisque toutes les histoires, de celle de la famille des Labdacides à celle de Blanche-Neige ou même d’une petite fille devant échapper à l’emprise de sa grand-mère-loup, disent ceci : le parent a toujours tort de chercher à empêcher l’enfant de grandir, de lui échapper, de le dépasser, de prendre sa place, alors que telle est pourtant la destinée commune.