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Les Livres

Les nouvelles femmes de droite, Magali Della Sudda (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 25 Mars 2022. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Les nouvelles femmes de droite, Magali Della Sudda, éditions Hors-d’atteinte, Coll. Faits & Idées, février 2022, 320 pages, 19 €

 

Les nouveaux fanatiques se rallièrent sous l’étendard du fils de Marie

(Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794)

 

Pour les étrangers, les fonctionnaires, les Israélites, les colons, les trafiquants, l’Arabe, moins considéré que ses moutons, est fait pour être écrasé. Le refouler dans le désert pour s’emparer de ce qu’on ne lui a pas encore pris, tel est le rêve. Les Français algériens, qui ont déclaré que le fanatisme rendait les Arabes incivilisables, s’obstinent à ne rien tenter pour les tirer de l’ignorance, si favorable à l’exploitation et à la domination

(Hubertine Auclert, Les femmes arabes en Algérie)

Le grand combat, Ta-Nehisi Coates (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 25 Mars 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Autrement

Le grand combat (The Beautiful Struggle), Ta-Nehisi Coates, Les éditions Autrement, 2017, trad. anglais, Karine Lalechère, 272 pages, 19 €

 

La romancière Toni Morrison avait écrit Dans l’origine des autres, paru en France en 2018 aux éditions Bourgeois : « Il n’y a pas d’étranger, il n’y a que des choses étrangères à soi ». Ta-Nehisi Coates avait rédigé alors la préface. Auteur et journaliste, Ta-Nehisi travaille ses textes comme ses articles et réciproquement. La rigueur, la distance, le détail et la source vérifiée, ici, la source c’est lui. Rigueur, distance, détail. Sa famille. Sa mère. Son père. Ses frères et sœurs. Description crue de la réalité, voire fantomatique, une exploration physique et mentale dans l’hyper réalisme ou une fiction augmentée dans laquelle l’entrée est celle de l’adolescence. Les identités éclatées, les plaies des adultes comme autant d’alvéoles dans la peau des plus jeunes, les hormones qui la soulèvent et cette peau qui, pour survivre, doit se tendre jusqu’à la rupture. Les percussions des djembés comme bande-son du livre. Entre autres.

Je jouais devant chez lui avec ses G.I. Joe.

Le Trio Bleu, Ken Bugul (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Jeudi, 24 Mars 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman

Le Trio Bleu, Ken Bugul, Editions Présence Africaine, janvier 2022, 251 pages, 13 €

 

L’image n’est certes pas littéraire. Supposons une ligne droite qui va de A à D ; le récit commence au point C, s’oriente vers le passé en un agencement subtil des faits, des gestes et des pensées, déroule ainsi peu à peu la vie écoulée d’un homme, revient au point de départ (C) et achève en contant le dernier quart qui est l’avenir immédiat du personnage. Schématique. Il ne s’agit pas à proprement parler de successifs flashbacks placés tels quels, mais d’un déroulé hybride (aujourd’hui, hier, avant-hier, plusieurs années en arrière se mélangent) de la conscience chez Góora, personnage principal auquel tiennent compagnie deux autres qui s’appellent Suleiman et François. Tout ce début explicatif de notre compte rendu énonce que l’une des qualités du Trio Bleu est la maîtrise narrative que démontre ici Ken Bugul, romancière africaine d’expérience dont le premier et fameux roman, Le Baobab fou, a paru il y a près de quarante ans.

Rue des fleurs, Jean-Michel Maulpoix (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 24 Mars 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Mercure de France

Rue des fleurs, Jean-Michel Maulpoix, Mercure de France, février 2022, 88 pages, 10,50 € . Ecrivain(s): Jean-Michel Maulpoix Edition: Mercure de France

 

Près de cinquante livres : vingt-cinq livres de poésie et presque autant d’essais ; sur le lyrisme, sur « les mots de la poésie », sur Verlaine.

Le poète est aussi professeur d’université, spécialiste du lyrisme et grand connaisseur des poètes contemporains de premier ordre.

Je retrouve dans ce beau livre de poèmes, les grandes qualité de regard et de scansion qui m’avaient déjà tant frappé dans Le Voyageur à son retour, ou L’Hirondelle rouge.

L’écriture instille une mélancolie douce et prenante à l’égard du réel frôlé, ressuscité, au fil des saisons, au gré des images de rues ou de banlieue « pauvre ». Tout en s’interrogeant sur son art, sur cette « fonction » du poète dans un monde devenu sans regard, Maulpoix déploie, en de brefs poèmes – il affectionne le douzain –, une vision d’un monde perdu, qu’il faut sauvegarder de l’oubli.

Ballade du vent et du roseau, Christian Viguié (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 24 Mars 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, La Table Ronde

Ballade du vent et du roseau, Christian Viguié, La Table Ronde, mars 2022, 224 pages, 18 €

 

« J’aime bien ma pensée

lorsqu’elle est plus haute qu’une ortie

plus ronde qu’une pierre

Elle devient un objet concret

comme une clé qui ouvre une serrure

Il y a une serrure pour regarder un arbre

une serrure pour le ruisseau

une autre pour un mot

il y a aussi la serrure d’un éclair

pour que la pensée devienne un éclair… » (p.126) ==>