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Les Livres

La Fille de l’optimiste, Eudora Welty (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 19 Octobre 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Cambourakis

La Fille de l’optimiste (The Optimist’s Daughter, 1972) Eudora Welty, trad. américain, Louise Servicen, 178 pages, 20 €

On reconnaîtrait le style d’Eudora Welty entre mille. La linéarité de ses phrases n’est qu’apparente et cache des collisions, des suites improbables, parfois même une logique narrative déroutante, faisant bifurquer des phrases d’un propos à un autre sans prévenir. Ce qui est sûr est que Welty est une Sudiste authentique. On retrouve dans ce roman son goût immodéré pour les scènes de vie archétypiques du monde du Delta, son enracinement dans le territoire et les fleuves, l’extravagance des personnages.

Et en matière d’extravagant(e)s, on peut dire que ce roman en déborde. Le vieux juge McKelva est mort et, autour de l’événement, toute une troupe de gens va s’agiter, s’époumoner, pleurer, rire, dans un vacarme étonnant et burlesque. On a en mémoire les inoubliables funérailles d’Addie Brunden de Faulkner, on peut y ajouter le tonitruante veillée funèbre autour du juge McKelva de Welty. Le cercueil exposé devient l’axe autour duquel vont se présenter des personnages hauts en couleur, sorte de défilé sudiste où l’on retrouve tant d’archétypes de la littérature du pays : le paysan obtus, les bourgeoises créoles, les parvenus infatués, les autorités stupides, etc. Mais la scène, et le roman entier, sont dominés par deux femmes.

Par où Or (ne) ment, Vincent Wahl (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 19 Octobre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Par où Or (ne) ment, Vincent Wahl, Éditions Henry, Coll. Les Écrits du Nord, avril 2021, 204 pages, 14 €


Cet opus constitue la preuve par sa publication que la poésie peut prendre en charge la réalité, en l’occurrence le réel économique contemporain puisque le focus de ses mots s’est orienté sur un examen de l’économie néolibérale en cours (« Aucun de nous n’échappe à l’économie. Comment la poésie le pourrait-elle ? »). Davantage, ses mots se livrent au combat contre cette perspective économique : « quiconque en empoigne le pommeau, écrit Alain Damasio dans la préface, peut ressentir, je crois, cette excitation étrange d’avoir enfin une arme pour se battre (…) contre ce qui nous tient, se battre moins en frappant qu’en jouant du tranchant de la lame pour découper cette viande d’évidence qui s’avançait fauve et qui n’est qu’un monstre de papier, de frictions et de croyances : l’économie néolibérale, toute rugissante dans sa dette ».

La Conspiration de l’ombre, Steve Berry (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 18 Octobre 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, USA, Le Cherche-Midi

La Conspiration de l’ombre, Steve Berry, juin 2021, trad. anglais (USA) Philippe Szczeciner, 550 pages, 23 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Peintre peu doué, Hitler fut également un écrivain en-dessous du médiocre. Les débats autour de l’intérêt ou de la pertinence qu’il y aurait à rééditer Mein Kampf (débats typiquement européens, car l’ouvrage est très largement diffusé dans le monde arabe ou en Turquie) perdent une partie de leur acuité quand on songe que très peu de gens seront capables de lire d’un bout à l’autre cette prose hystérique et nauséeuse. C’est un point de divergence – un de plus – avec Churchill, authentique écrivain (et honoré comme tel), s’ajoutant au fait que le chancelier du Reich ne fumait pas, ne buvait pas d’alcool et ne mangeait pas de viande, tandis que son adversaire ne se privait dans aucun de ces domaines.

Il est pourtant un texte sorti de la plume de Hitler qui luit aujourd’hui encore d’un éclat trouble et maléfique : le dernier qu’il ait écrit, son testament (on en trouvera le texte et une analyse magnifique dans l’ouvrage de Fabrice Bouthillon, Nazisme et révolution, 2011).

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 18 Octobre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Bassin méditerranéen, Poésie

Ars Poetica, Poèmes bibliques, Yorgos Thèmelis, Éd. Ressouvenances, mai 2021, trad. grec moderne, Bernard Grasset, 188 pages, 21,99 €

 

La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.

Luc XXII, 23

 

Poèmes aigus

Pour définir mon sentiment à l’égard de cette traduction et du travail de Bernard Grasset, je voudrais user d’un peu d’étymologie avec une certaine licence. Car ces poèmes aigus, comme le titre de cette chronique le souligne, s’apparentent intellectuellement à la définition du baroque, ici pensé comme perle irrégulière. Et comme de plus cette poésie défend une idée de la croyance religieuse (orthodoxe ?), cette perle irrégulière donne à penser au caractère aigu de l’irrégularité de la perle. Angles, décrochements sur la page, majuscules, tout est ici hérissé, cubique.

L’histoire d’Erika, Ruth Vander Zee, Roberto Innocenti (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 15 Octobre 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Jeunesse, Histoire

L’histoire d’Erika, Ruth Vander Zee, Roberto Innocenti, éditions D’Eux, septembre 2021, trad. anglais, Christiane Duchesne, 24 pages, 14 €

 

Déportation


Ruth Vander Zee, née près de Chicago, longtemps enseignante puis suppléante, a écrit deux livres à succès, Erika’s Story et Mississipi Morning. Après une première version intitulée L’étoile d’Erika, sortie en 2003, France Leduc et Yves Nadon, des éditions canadiennes D’eux, ont jugé important de publier à nouveau ce grand album jeunesse, avec un tout nouveau graphisme et une nouvelle traduction de Christiane Duchesne. L’histoire est terrible en soi : une femme confie un secret douloureux, ayant été lancée nourrisson hors d’un train en route vers un camp de la mort nazi en 1944, élevée par quelqu’un qui a risqué sa propre vie pour sauver la sienne. L’histoire d’Erika est illustrée par Roberto Innocenti, né près de Florence en 1940, affichiste et graphiste, dont l’œuvre plastique a été couronnée du Prix Hans Christian Andersen en 2008.