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Les Livres

Le Yark, Bertrand Santini & Laurent Gapaillard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 16 Décembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Grasset, Jeunesse

Le Yark, Bertrand Santini & Laurent Gapaillard, Grasset Jeunesse, octobre 2021, 80 pages, 17 €

 

Fabuleuse bestiole

La légende du Yark écrite par Bertrand Santini, illustrée par Laurent Gapaillard a déjà dix ans d’existence, et a été traduite en quinze langues. Ce nouvel album magique est doté d’une jaquette et agrémenté d’une planche tirée à part. Les titres typographiés en rouge basque tranchent sur le noir et blanc de l’ensemble. De suite, l’exergue de John Locke à propos de la malignité des enfants, nous met sur la piste du registre de l’épouvante et du merveilleux. Le texte de B. Santini rime joliment tout en présentant le terrifiant Yark tel un monstre « immense comme une lune noire », mais qui souffre parfois, même en commettant le pire ! À mi-chemin entre l’ogre du Petit Poucet, King Kong et la gigantesque créature extraterrestre Cthulhu, Yark en possède quelques caractéristiques, notamment le pouvoir d’évoluer dans la stratosphère et d’être toujours affamé.

Garonne in absentia, Jean-Michel Devésa (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Mercredi, 15 Décembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres

Garonne in absentia, Éditions Mollat, octobre 2021, 160 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jean-Michel Devésa

 

 

Mathilde et Jean se rencontrent passé la trentaine. Ce sont de ces personnes qui font de longues études supérieures et qui n’en sortent pas. Elle est psychologue et lui professeur à l’université. Ils achètent une grande demeure qui nécessite des travaux coûteux et du temps. Ils vont y vivre une vingtaine d’années. D’abord le bonheur (la première moitié) puis le délitement inexorable de leur vie en commun. Histoire classique a priori, comme en écho au style du château Labrune, en bordure de la Garonne, où cela se passe. Mais comme dans ses deux beaux précédents romans – Bordeaux la mémoire des pierres et Une fille d’Alger –, Jean-Michel Devésa élabore un récit original et prenant grâce à une écriture minutieusement ouvragée et un art maîtrisé de la description des choses et des sentiments.

Célébration du chemin, Jean de Breyne (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 15 Décembre 2021. , dans Les Livres, Ecriture, La Une CED

Célébration du chemin, Jean de Breyne, Propos Deux éditeur, juillet 2021, 74 pages, 13 €

Gratitude à l’homme de Rustrel

Célébrer ton chemin,

Sans âme à rendre au bout,

Sans Juge du demain,

Te tient-il, Jean, debout,

Ce bois mort dans la main ?

 

Le dernier des voyages

Sait-il quand il commence ?

Admettons qu’à son âge,

Bien peu n’en nous dispense :

Bien peu reste à la rage !

Œuvres complètes, Louise Labé, Bibliothèque de La Pléiade (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 14 Décembre 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, La Pléiade Gallimard

Œuvres complètes, Louise Labé, octobre 2021, 736 pages, 49 € jusqu’au 31 mars 2022, 55 € ensuite Edition: La Pléiade Gallimard

 

Louise Labé Lyonnaise, dite la Belle Cordière, entre en Pléiade. Mais qui entre en fait ? Le dynamisme littéraire de la bonne ville de Lyon vers le milieu du XVIème siècle, le goût du mystère et du jeu littéraires, l’esprit coquin des poètes lyonnais (Maurice Scève et sa troupe) laisse supposer que Louise est un mythe littéraire, une pochade géniale d’un groupe d’amis poètes qui se seraient servi d’une courtisane de l’époque – réputée pour ses prouesses amoureuses – pour inventer une poétesse. Mireille Huchon, qui dirige cette édition, avait largement contribué à semer le doute dans son étude sur Louise Labé (Louise Labé, une créature de papier).

Et pourtant. Rien au monde ne vient à l’appui définitif de cette thèse. L’ouvrage de La Pléiade présente 24 sonnets de la plume de Louise Labé et 24 poèmes dédiés à Louise Labé par ses amis lyonnais (dont Maurice Scève, Pontus de Tyard, Guillaume des Autels, Pernette du Guillet…). Faux hommage ou vraie admiration pour une femme stupéfiante, putain et poète ? Clore ce débat sans fin s’impose. Mireille Huchon nous y invite dans son introduction : qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.

Un jour, Maurice Genevoix (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 14 Décembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Roman, Plon

Un jour, Maurice Genevoix, Plon, septembre 2021, 208 pages, 19 €

 

 

En 1976, Maurice Genevoix est âgé de quatre-vingt-six ans et publie un bref et intensément paisible roman, Un jour. Que ce roman soit une somme, une synthèse ou un testament importe peu, ce ne sont que des étiquettes. À vrai dire, malgré les références faites à la propre œuvre et à la propre biographie de l’auteur, ce roman peut (doit ?) être lu comme un récit indépendant de toute littérature, de toute histoire littéraire, de toute considération universitaire – un peu comme l’œuvre de Genevoix, qui se méfiait voire se gaussait des théories littéraires ou psychanalytiques, surtout appliquées à ses livres. Juste, mais c’est suffisant pour l’âme, une déambulation entre amis silencieux malgré les mots prononcés, un de ces moments rares de proximité absolue avec l’Autre – qui est peut-être au fond soi-même, on y reviendra.