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Les Livres

La Déroute des idées, Appel à la résistance, Philippe-Joseph Salazar (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 18 Janvier 2022. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres

La Déroute des idées, Appel à la résistance, Philippe-Joseph Salazar, Piranha Editions, octobre 2021, 252 pages, 18 €

 

 

La rhétorique ? Un mot très ancien pour désigner une chose plus ancienne encore. Selon d’aucuns, le mot et la chose sentent le renfermé, le moisi, la naphtaline, la toge mitée, les estrades vermoulues, les péroraisons prévisibles d’avocat commis d’office ou de sous-préfet d’arrondissement aux comices agricoles, les effets de manche, les figures de style aux noms qu’on imagine échappés des pages d’un dictionnaire médical (chleuasme, épanorthose, tapinose, etc.).

Et s’il s’agissait d’autre chose ?

C’est la terre qui marche sous mes pas, Colette Klein (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 18 Janvier 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

C’est la terre qui marche sous mes pas, Colette Klein, éditions La Feuille de Thé, 2019, 111 pages, 20 €

Colette Klein dans ce nouvel ouvrage poétique n’a pas intitulé son livre « Ce sont mes pas qui marchent sur la terre », mais bien « C’est la terre qui marche sous mes pas »… La course du temps et du monde est ici affirmée, non asservie à la volonté individuelle. Celle-ci s’affirme, pour sa part, en orientant sa propre course au cœur du temps et du monde, mais au sein d’une terre qui l’entoure et l’enveloppe. Nous sommes effectivement les habitants d’une terre à laquelle notre appartenance fonde nos liens et nous assigne un rôle actif fortifié de responsabilités envers autrui, soi-même, l’environnement, le monde. La poète Colette Klein inscrit ce nouveau recueil poétique dans le cadre et la perspective de cette appartenance fondatrice. Nos racines, autant que nos projets, consolident notre traversée existentielle. Le texte en prose rappelant d’entrée le titre et dédié « à Pierre », fait écho, écrit Colette Klein, à « Ce que me dicte l’absence » alors que son existence poursuit son chemin et que la poète « marche », marche et encore et toujours afin de poursuivre la route, « sans prendre garde au ricanement de l’ange / retranché dans un deuil impossible ».

La Passe-Miroir, Christelle Dabos (4 tomes) (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 17 Janvier 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

La Passe-Miroir, Christelle Dabos, Folio, octobre 2021, quatre tomes : Les Fiancés de l’hiver (608 pages, 8,70 €), Les Disparus du Clardelune (704 pages, 9,50 €), La Mémoire de Babel (576 pages, 8,70 €) & La Tempête des échos (704 pages, 9,50 €) Edition: Folio (Gallimard)

 

Un « phénomène éditorial », c’est ainsi qu’est présentée la tétralogie de La Passe-Miroir, publiée par Christelle Dabos entre 2013 et 2019 : le succès a immédiatement été au rendez-vous, et le premier tome, Les Fiancés de l’hiver, a été primé à quatre reprises. Dans la catégorie Roman pour la jeunesse, cette tétralogie est chaudement recommandée à n’importe quel parent s’enquérant de lectures pour un enfant déjà amateur de J.-K. Rowling, C.-S. Lewis ou Philip Pullman (l’auteur de ces lignes en est témoin : c’est ainsi qu’il a découvert La Passe-miroir, pour sa fille âgée de onze ans). La curiosité, ainsi que le goût pour les romans à destination de la jeunesse qui font rêver, réfléchir et au fond montrent que l’adolescence n’est qu’une transition parfois heurtée et chaotique vers l’âge adulte (qui elle-même ne sort jamais vraiment de la jeunesse, de l’émerveillement de l’enfance), incitaient à lire cette tétralogie, récemment rééditée chez Folio.

Vivian Maier, À la surface d’un miroir, Paulina Spucches (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 17 Janvier 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts

Vivian Maier, À la surface d’un miroir, Paulina Spucches, éditions Steinkis, novembre 2021, 151 pages, 22 €

 

 

Vivian Maier, en peinture

Dans les quelques publications récentes autour de Vivian Maier (catalogue de l’exposition au Musée du Luxembourg, essais biographiques de Françoise Perron et de Ann Marks qui retracent sa vie et interrogent son œuvre), le livre de Paulina Spucches occupe une place particulière. Il s’agit d’un roman graphique, le premier livre de la jeune autrice, âgée de 21 ans, qui a découvert le travail de Maier lors d’une exposition à San Sebastian en 2019. Elle créé ici un dialogue inattendu mais bienvenu entre l’art photographique, celui de Vivian Maier et la bande-dessinée, mais aussi entre le biographique et la fiction, raison pour laquelle le livre n’a pas été approuvé par la succession de Vivian Maier, la collection Maloof ou la galerie Howard Greenberg.

Le temps a basculé, Andriana Škunca (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Janvier 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Le temps a basculé, Andriana Škunca, éditions L’Ollave, octobre 2021, trad. croate, Martina Kramer, 102 pages, 15 €

 

 

Matérialité

Découvrir ici où là la poésie croate est une activité très riche et vivante. Cela autorise à transcender le langage poétique par une esthétique et des thèmes novateurs – car dans ce cas la poétesse écrit depuis 1969, et que sa traduction est très récente. Andriana Škunca nous plonge et nous territorialise dans l’île de Pag où elle réside, dans une relation avec le temps, temps d’un lieu, temps du poème, temps de l’écrivaine. Ici se définit la matérialité propre à l’insularité, aux choses qui lui sont proches, aux objets ou choses de la réalité, s’appropriant de cette façon le calme et l’intensité du séjour îlien. La réalité ici reste saisie comme par une glace, par un sérac de langage, une gangue, une immobilité, un séjour.