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Les Livres

La mutation, Olivier Larizza (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 17 Mai 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

La mutation, Olivier Larizza, éditions Andersen Plus, novembre 2021, 104 pages, 9,90 €

 

La mutation, publiée par les éditions Andersen Plus, dans la Collection Confidences, de l’écrivain et universitaire Olivier Larizza (poète, romancier, nouvelliste, essayiste, conteur et dramaturge, enseignant-chercheur à la faculté de Strasbourg puis de Toulon), s’inscrit dans le cycle La vie paradoxale amorcé en 2016 avec L’Exil suivi de L’Entre-deux en 2017. Ici l’œuvre poétique en cours d’édification tente d’opérer une alchimie des ingrédients du vécu transformé en un chaudron livresque mélancoliquement solaire, et forme un ensemble autobiographique (« – bien plus que cela à vrai dire – entamé en 2006 et se refermant en 2014 », précise la « Préface de l’auteur »). Cette partie du cycle s’inscrit dans une période déterminée de l’auteur, celle-là qui a opéré « la mutation » intérieure, à l’âge de trente-six ans, d’un être dévoré par une fureur de vivre et le feu brûlant de la passion, jusqu’à un état de maturité convalescente qui correspond au laps d’écriture du livre.

Moi, Asimov, Isaac Asimov (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 16 Mai 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Biographie, Folio (Gallimard)

Moi, Asimov, avril 2022, trad. anglais (USA) Hélène Collon, 624 pages, 10,40 € . Ecrivain(s): Isaac Asimov

 

Autant être honnête : à moins d’être un admirateur quasi pathologique d’Isaac Asimov, cette autobiographie a tôt fait de lasser, voire peut franchement tomber des mains. Pour l’apprécier, il faut avoir envie de lire les propos auto-célébrants d’un auteur qui certes prévient que la modestie est absente de ses qualités mais dont l’autosatisfaction confine parfois à la cuistrerie. Un exemple puisé au hasard : lorsqu’il évoque Robert Silverberg, autre grand écrivain américain de science-fiction, il écrit ceci : « il était certainement aussi brillant que moi, ce qui a dû lui poser les mêmes problèmes d’insertion sociale ». C’est le « certainement » qui fait grincer des dents…

D’un autre côté, force est d’admettre qu’Isaac Asimov fut un auteur prolifique au possible, un touche-à-tout de génie, un vulgarisateur scientifique de première importance, et le créateur d’au moins deux séries de romans de science-fiction indépassables, celui de Fondation (où il crée la notion de « psychohistoire », dont on pourrait penser que le Club de Rome s’est inspiré au début des années soixante-dix) et celui des robots (dans lequel il crée les trois lois de la robotique, qui vont marquer l’ensemble de la création littéraire et cinématographique, puis télévisuelle). Bref, oui, un génie.

Fortune de mer, Chawki Abdelamir (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 16 Mai 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Al Manar

Fortune de mer, Chawki Abdelamir, éditions Al Manar, février 2022, Illust. Tarif Masri Zada, 108 pages, 25 €

Archétypes

On connaît la savante langue de la poésie arabe, arabo-andalouse ou encore préislamique, abbaside… Cette tradition classique indique pour moi une sorte de musique, des rythmes propres, des chants et des thèmes nobles. Et je remarque que souvent cette influence se retrouve aussi dans la poésie contemporaine. Chaque poète d’aujourd’hui se place dans cette tradition, tout autant Abdellatif Laâbi, Adonis, Dib, que Darwich. Je compare cela (peut-être abusivement) à la peinture de montagne en Chine qui est restée fixée dans ses codes près de mille ans.

Ici, avec ce recueil de Chawki Abdelamir, cette question de la filiation se pose aussi. Car le poète utilise une langue arabe, faite je crois tout spécialement pour la poésie, et l’utilise sans méfiance, sans soupçon. Cependant, je n’ai pas abordé le livre avec les yeux d’un spécialiste de la poésie orientale, car je n’ai pas suffisamment de compétences pour y voir toutes les continuités ou les ruptures. J’y ai trouvé une joie simple de liseur, bercé par des musiques et leurs échelles de sons particulières, par les chansons de Oum Kalthoum ou Asmahan, ou par la tension de la musique vocale ou instrumentale, les maqâms

Tout ce qui brûle, Lisa Harding (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 13 Mai 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Joelle Losfeld

Tout ce qui brûle, mars 2022, trad. Irlandais, Christel Gaillard-Paris, 331 pages, 22 € . Ecrivain(s): Lisa Harding Edition: Joelle Losfeld

Tout ce qui brûle est le roman d’un personnage féminin en combustion dans le contexte volontairement flou d’une Irlande moralisatrice, socialement conservatrice et structurellement patriarcale.

Sonya, après des débuts prometteurs sous les feux des projecteurs dans une carrière de comédienne interrompue dans des circonstances qui ne sont pas communiquées de façon précise, vit seule avec ses deux « garçons » : son fils, Tommy, à qui elle voue un amour fusionnel, âgé d’un peu plus de quatre ans quand commence le récit, et le chien Herbie, qui est, de jour comme de nuit, compagnon de toutes les activités (jeux, promenades, sieste, repas, télévision). Mais Sonya est alcoolique. Son comportement de plus en plus anticonformiste, antisocial, épié par une voisine « qui lui veut du bien », ouvertement réprouvé par les bien-pensants du village, finit, estiment les quelques témoins de ses transes éthyliques, par mettre en danger tant sa propre vie que celles de son fils et de leur compagnon canin. Sur intervention de son père, avec qui elle a peu de contact mais qui semble la faire perpétuellement surveiller, Sonya est placée dans une institution religieuse spécialisée dans la désintoxication, et Tommy et Herbie sont envoyés séparément dans des lieux d’accueil dont on refuse de dévoiler la localisation à l’actrice privée momentanément, à son profond désespoir, de ses droits parentaux et de sa liberté de mouvements.

Les Secrets de Pandorient, Les Fleurs de Mégalove, Carbone (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 13 Mai 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse, La Martinière Jeunesse

Les Secrets de Pandorient, Les Fleurs de Mégalove, Carbone, mars 2022, Illust. Myrtille, 128 pages, 9,90 € Edition: La Martinière Jeunesse

 

La planète à fleurs

Bénédicte Carboneill, dite Carbone, a déjà publié une série fantastique chez Dupuis, La Boîte à musique. Elle signe ici, avec Myrtille, graphiste ayant illustré la série Célestine, un très joli roman : Les Secrets de Pandorient, Les Fleurs de Mégalove. La planète Pandorient sur laquelle évolue le jeune Igor est un mixte du Moyen Âge, du Magicien d’Oz et de La Petite Boutique des horreurs, mâtiné de futurisme. Dans cette galaxie étrange, la nature est fantaisiste, capricieuse. Il y pousse des plantes cannibales et l’on y rencontre des « oiseaux poilus ». L’on y mange du Gloubilboulgi et l’on y vit très longtemps. La stylisation graphique des visages et des postures, la réduction des traits, le minimalisme, ne sont pas sans évoquer la ligne plastique de Goldorak. Myrtille figure ce monde un peu inquiétant par une quarantaine d’illustrations, plus une couverture dans les couleurs les plus vives.