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Les Livres

Tourner la page, Marc Jérusalem (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 16 Février 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Editions Douro

Tourner la page, Marc Jérusalem, éditions Douro, 2020, 163 pages, 18 €

D’entrée nous apprenons que c’est le besoin de se retourner sur son passé à un moment décisif de sa vie – en l’occurrence un départ en retraite envisagé « sur un mode plutôt serein » – qui a motivé l’auteur Marc Jérusalem à entreprendre l’écriture de ce livre dans lequel il dresse le bilan d’une vie active passée en majeure partie au sein d’une grande entreprise dédiée au transport aérien. « La vie, après tout, continue sous une autre forme, un autre rythme, avec de nouvelles perspectives », écrit-il dans le Prologue, à l’aube d’une « deuxième existence, (d’) un nouveau parcours ».

Nous apprenons que Marc Jérusalem vient de quitter le tarmac de sa vie professionnelle pour s’envoler vers d’autres horizons. Le laps de temps durant lequel il rédige ce livre correspond à celui où il vient de quitter un quotidien exaltant au sein des aéroports parisiens, une existence au rythme des voyages et au croisement de « passagers en provenance de tous les coins du monde ». Cet univers du transport aérien, toujours sur le départ en quelque sorte, traversé par « une effervescence de tous les instants », correspond avec son rythme et sa diversité au tempérament de l’auteur qui croise là aussi l’actualité du monde avec ses réfugiés, les secousses ou bouleversements climatiques ou géopolitiques à travers le réseau international.

Honorer la fureur, Rodolphe Barry (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 15 Février 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Points

Honorer la fureur, 304 pages, 7,40 € . Ecrivain(s): Rodolphe Barry Edition: Points

 

Barry bâtit un roman à partir d’une recherche biographique rigoureuse sur une partie essentielle de la vie du grand – et pourtant bien négligé – James Agee. Et c’est bien d’un roman qu’il s’agit car les jours et les heures de ces années fiévreuses d’Agee sont tissés dans une trame narrative en grande partie fictionnelle mais néanmoins fondée sur les éléments de la réalité. Agee, personnage bouillant, souvent emporté par ses élans passionnés, apparaît ici, page après page, dans ses recoins, ses complexités, ses excès, ses folies.

Agee est journaliste, grand lecteur de Thomas Wolfe et William Faulkner dont il rêve d’atteindre l’art. Il va même jusqu’à se promener dans le quartier de NYC où on lui a dit qu’habite Wolfe dans l’espoir de le croiser.

« La ville est aussi insomniaque que lui. Il cherche le visage des promeneurs, l’un d’eux pourrait être celui de Thomas Wolfe dont il a découpé le portrait dans un journal. Il a appris que l’auteur de L’Ange exilé vivait dans un modeste meublé dans le quartier assyrien du sud de Brooklyn, dont il ne sort qu’à la nuit tombée, la main gauche tachée d’encre ».

Hamnet, Maggie O’Farrell (par Marie Duclos)

, le Mardi, 15 Février 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Belfond

Hamnet, Maggie O’Farrell, Ed. Belfond, avril 2021, trad. anglais (Irlande) Sarah Tardy, 368 pages, 22,50 € Edition: Belfond

 

Cette œuvre de fiction nous transporte au 16ème siècle dans la famille de Shakespeare dans la campagne anglaise.

Hamnet est le frère jumeau de Judith. C’est une deuxième naissance dans ce foyer un peu insolite mélangeant des histoires de famille complexes avec des personnalités dont la vie et les tourments sont décrits avec détails, force et délicatesse dans un langage poétique malgré la dureté du monde qui les entoure.

La poésie est aussi restituée par le tempérament et les activités d’Agnès, maman des jumeaux et d’une première fille, Susanna. Agnès est l’épouse de Shakespeare qui est plutôt évoqué comme le précepteur de latin, le fils puis le père puis l’écrivain et directeur de troupe à Londres.

Agnès a la connaissance des plantes médicinales et de la nature en général, ce qui occupe ses journées. Elle dispense des soins à ceux qui frappent à sa porte jusqu’au jour où la maladie « pestilentielle » et ses bubons rentre dans la maison et touche les deux jumeaux.

Le Dernier homme, Mary Shelley (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 15 Février 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une Livres, La Une CED, Iles britanniques, Roman, Folio (Gallimard)

Le Dernier homme, Mary Shelley, Gallimard Folio, octobre 2021, trad. anglais, Paul Couturiau, 672 pages, 11 €

 

Pour le commun des mortels lisant, Mary Shelley (1797-1851) est l’auteur de Frankenstein (1818), et au passage aurait inventé le roman de science-fiction. C’est un peu court, et l’on peut remercier les éditions Folio de proposer, toujours dans la très bonne traduction de Paul Couturiau (qui avait dépoussiéré Frankenstein en 1988 déjà), un roman publié huit ans plus tard, Le Dernier homme.

Le synopsis de ce roman est fulgurant : dans le monde du dernier tiers du vingt-et-unième siècle surgit une épidémie de peste qui détruit toute l’humanité, à l’unique survivant près, Lionel Verney, condamné à une errance solitaire dont le point de départ est Rome et… le point final du roman, en l’an 2100. Mais comme dans Frankenstein, le lecteur serait le bienvenu de ne chercher sous la plume de Shelley aucune intention relative à une quelconque vérité scientifique (Verney est le seul à se remettre de l’infection ; tous les autres êtres humains succombent après quelques heures parfois de ce qui ressemble seulement à une grosse fièvre, et aucun animal n’est touché) ou à une quelconque prospection ou vision futuriste.

Le Lac de nulle part, Pete Fromm (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 14 Février 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, Gallmeister

Le Lac de nulle part, janvier 2022, trad. américain, Juliane Nivelt, 448 pages, 24,60 € . Ecrivain(s): Pete Fromm Edition: Gallmeister

 

C’est un retour vers le passé que Bill, vieillissant, propose à ses enfants, désormais adultes. Un dernier voyage aux pays des lacs canadiens en Ontario, le Parc Provincial Quetico, ses 400.000 km2 et ses deux milles lacs. Alors qu’ils étaient encore enfants et que Bill n’était pas divorcé, les jumeaux Al et Trig (Algèbre et Trigonométrie), de la famille Mathématiques, avaient l’habitude de ces longues randonnées en canoë et des campements sauvages. Désormais Al vit à Denver et Trig en Californie (précisément dans sa voiture depuis qu’il s’est fait renvoyer de son emploi). Bill est divorcé de son épouse Dory. Alors pourquoi renoncer à revoir ce père, à revivre les souvenirs d’antan ? Nous sommes fin octobre, la saison se termine, rendez-vous est donc donné à Minneapolis dans le Minnesota avant de rejoindre International Falls, la ville frontière, en avion.

Notre petit monde se retrouve à l’aéroport de Minneapolis mais Bill qui était là le premier semble ailleurs, il avoue même avoir égaré les bagages. Alors on bouleverse les plans, on rachète des équipements, nourriture déshydratée comprise, on loue une Jeep Cherokee rouge, le voyage jusqu’à la base de départ se fera en voiture. On arrime deux canoës sur la Cherokee et c’est parti pour la grande aventure, la dernière en « famille » !