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Les Livres

Georges Brassens, militant anarchiste, Frédéric Bories (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 28 Février 2022. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Le Mot et le Reste

Georges Brassens, militant anarchiste, Frédéric Bories, janvier 2022, 190 pages, 17 €

 

Chacun ou presque a en tête un vers, voire une strophe d’une chanson de l’enfant de Sète où il vit le jour en 1921. Mais qui sait ce qui est à l’origine des textes de ses chansons, dont on saisit plus ou moins confusément un engagement lié à des convictions dont l’auteur n’use jamais pour une morale quelconque qu’il a toujours réprouvée, même s’il était un admirateur de La Fontaine ?

Frédéric Bories a consacré son ouvrage à retracer dans le détail les années, entre 1946 et 1948, que Brassens a consacrées à l’anarchisme, parce que c’est là, selon l’auteur, que se situent les éléments qui vont conditionner toute son œuvre, et au-delà, sa vie, une après-guerre vécue dans la pauvreté, avec le strict nécessaire matériel pour vivre, pas de superflu donc, mais une avidité intellectuelle qui lui fera dévorer littérature et philosophie.

Essais d’iconologie, Erwin Panofsky (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 28 Février 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Essais d’iconologie, Erwin Panofsky, Tel/Gallimard, novembre 2021, trad. anglais (USA) Claude Herbette, Bernard Teyssèdre, 400 pages + 64 pages hors texte, 16,50 €

À force de s’intéresser en dilettante à l’histoire de l’art, on finit par croiser avec régularité le nom d’Erwin Panofsky, dont feu Daniel Arasse reconnaissait l’impact majeur qu’il avait eu sur l’histoire de l’art en tant que discipline interprétative outre que descriptive ; l’occasion est belle de lire ses Essais d’iconologie, sous-titrés Thèmes humanistes dans l’art de la Renaissance, dans une réédition présentant l’avantage d’offrir en sus du texte un très beau cahier d’illustrations en couleurs qui permettent au lecteur de mieux encore comprendre le propos de Panofsky en le confrontant aux tableaux, fresques, enluminures et autres tapisseries évoqués.

Autant le dire d’emblée : ces conférences, datées de 1939, semblent aujourd’hui à certains égards… datées. Il est vrai que depuis de nombreux historiens de l’art ont écrit sur l’œuvre du Titien ou de Piero Cosimo, et que l’approche des tableaux est elle-même désormais facilitée par les techniques modernes – pour citer un seul exemple, sans rapport avec le propos de Panofsky, quiconque est allé jeter un œil sur le site Closer To Van Eyck peut se targuer d’avoir vu L’Agneau mystique comme nul ne l’a vu ou presque depuis… Van Eyck.

Penser le communisme, Thierry Wolton (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 28 Février 2022. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Grasset

Penser le communisme, Thierry Wolton, octobre 2021, 276 pages, 20,90 € Edition: Grasset

 

On doit à Thierry Wolton une Histoire mondiale du communisme, en trois forts volumes, véritable somme sur cette idéologie qui assombrit un siècle que certains, et non des moindres, annonçaient glorieux (on s’édifiera en relisant la section « Vingtième siècle » de la Légende des siècles : « Comme une éruption de folie et de joie, / Quand, après six mille ans dans la fatale voie, / Défaite brusquement par l’invisible main, / La pesanteur, liée au pied du genre humain, / Se brisa ; cette chaîne était toutes les chaînes ! / Tout s’envola dans l’homme, et les fureurs, les haines, / Les chimères, la force évanouie enfin, / L’ignorance et l’erreur, la misère et la faim, / Le droit divin des rois, les faux dieux juifs ou guèbres »). Si monstrueux fût-il, le nazisme (qui se revendiquait également du socialisme) dura douze ans et disparut sous les bombes. Ses principaux dirigeants se firent justice, furent exécutés ou allèrent se tapir en Amérique du Sud et plus personne n’ose s’en revendiquer publiquement. Le communisme, en revanche, paraît se porter aussi bien que possible.

Ainsi parlait Montaigne, Dits et maximes de vie, Gérard Pfister (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 28 Février 2022. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Anthologie, Arfuyen

Ainsi parlait Montaigne, Dits et maximes de vie, janvier 2022, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): Gérard Pfister Edition: Arfuyen

 

L’italianisme de Montaigne

Il est des collections que des éditeurs cultivent avec exigence et méthode qui méritent tout notre intérêt. Celle des « Ainsi parlait… » des Editions Arfuyen en fait partie, elle qui rassemble les « dits et maximes » des auteurs qui ont marqué de leurs empreintes la réflexion ou la richesse de sensibilité dont l’humanité est capable. Ces ouvrages ont valeur d’initiation mais aussi d’éclairage et de révélation sur un auteur qu’on pense parfois bien connaître. Ainsi de Montaigne, dont les maximes de vie ont été choisies et présentées par Gérard Pfister. Une des grandes originalités de ce petit ouvrage (par son format) est de montrer l’importance du voyage en Italie que fit Montaigne dans les années 1580-81. Outre la culture antique dont il est pétri, c’est de l’influence italienne dont il est question ici.

Music-hall, Jean-Luc Lagarce (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 28 Février 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Music-hall, Les Solitaires intempestifs, 2017, 64 pages, 12 € . Ecrivain(s): Jean-Luc Lagarce

 

Théâtre de la présence

Si je devais qualifier d’une seule épithète Music-hall de Jean-Luc Lagarce, je dirais le plaisir, le plaisir de la langue. Car au centre de ce travail pour la scène, le langage fructifie. Ainsi, les réflexions qui m’occupaient durant cette lecture, relevaient plus du champ de l’expression écrite que du saisissement par une histoire, par une diégèse. De ce fait, la pièce est rédigée presque exclusivement à la troisième personne du singulier. Cela présage donc d’une distance, d’un endroit où le personnage se confronte à une chose étrangère. Cette distanciation joue un rôle dans l’intrigue et importe dans cette intrigue langagière.

Cette langue en tout cas est la seule capable de révéler cette inquiétude du présent, d’un auteur atteint d’une maladie incurable et mortelle. Inquiétude qui fait le ferment de l’instant, augmentant la surface des acteurs, inquiétude profonde du passage du temps. Cette angoisse latente est consubstantielle à l’identification par la parole du dramaturge. Le personnage désigne et est désigné. Il montre une douleur et porte cette douleur. Le SIDA a désigné Lagarce, et ce faisant celui-ci désigne la maladie.