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Les Livres

La Divine Comédie, Dante Alighieri, traduction nouvelle Michel Orcel (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 16 Mars 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Italie

L’enfer (2018, 456 pages, 35 €), Le Purgatoire (2020, 464 pages, 35 €), Le Paradis (2021, 480 pages, 35 €)

Le Dossier Dante, Autour de la traduction de la Divine Comédie par Michel Orcel, éditions La Dogona, Arcadès Ambo, octobre 2021, 80 pages, 12 €

 

« O donna in cui la mia speranza vige,

e che soffristi per la mia salute

in inferno lasciar le tue vestige,

 

di tante cose quant’ i’ ho vedute,

dal tuo podere e da la tua bontate

riconosco la grazia e la virtute.

Suttree, Cormac McCarthy (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 15 Mars 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Folio (Gallimard), En Vitrine

Suttree, Cormac McCarthy, trad. américain, Guillemette Belleteste, Isabelle Reinharez, 620 pages . Ecrivain(s): Cormac McCarthy Edition: Folio (Gallimard)

 

Ce livre déferle sur nous comme un flot terrible. Le langage lèche, frappe, blesse – un flot de débris, poétique et trouble. C’est intime et rude, sans cette netteté ennuyeuse et la volonté de clarté que vous trouvez dans n’importe quel roman bien fait. Cormac McCarthy a peu de pitié à partager, pour ses personnages ou pour lui-même. Son texte est brisé, beau et laid, c’est selon. M. McCarthy ne nous bercera pas avec une chanson douce. « Suttree » est comme un bon, long hurlement dans l’oreille.

Les lignes qui précèdent sont de Jerome Charyn : New York Times, 18 février 1979. Il n’est pas de meilleure introduction à ce qui suit.

Suttree est le roman le plus faulknérien de l’auteur le plus faulknérien. Jamais le flux de conscience n’avait retrouvé vie avec l’intensité, la brûlure que lui imprime Cormac McCarthy dans Suttree. Bien sûr, il y aura quelques années plus tard le très beau et très obsessionnel Méridien de sang, mais c’est bien dans Suttree que McCarthy déploie totalement son manifeste littéraire, celui qui proclame la langue comme objet central de la littérature.

Misère de l’homme sans Dieu, Michel Houellebecq et la question de la foi, Collectif, Caroline Julliot, Agathe Novak-Lechevalier (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 15 Mars 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Flammarion

Misère de l’homme sans Dieu, Michel Houellebecq et la question de la foi, Collectif, Caroline Julliot, Agathe Novak-Lechevalier, Flammarion, janvier 2022, 384 pages, 14 €

 

S’agit-il vraiment d’une qualité propre à un écrivain, au même rang que le style, l’aptitude à construire une intrigue, à créer des personnages auquel le lecteur aura envie de croire ? On peut en discuter. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître à Michel Houellebecq une impressionnante capacité à distinguer les « signes des temps ». Par quel prodigieux hasard, après ses déclarations franches sur l’islam, « religion la plus con », ses éditeurs choisirent-ils la date du 11 septembre 2001 pour aller faire amende honorable à la Grande Mosquée de Paris ? Quelques années plus tard, en décembre 2014, la publication annoncée de Soumission s’accompagna d’une écœurante odeur de sang : on allait voir ce qu’on allait voir et tout le landernau de l’antiracisme subventionné, de l’islamophilie aveugle et de la dhimmitude volontaire, se préparait pour la curée médiatique, en attendant peut-être mieux (accuser quelqu’un d’islamophobie équivaut à lui peindre une cible dans le dos ou des pointillés sur la gorge).

Karmina Ultima, Philippe Pratx (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 14 Mars 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Le Coudrier

Karmina Ultima, Philippe Pratx, septembre 2021, Ill. Odona Bernard, préface Jean-Michel Aubevert, 162 pages, 20 € Edition: Le Coudrier

 

Ce « chant ultime » du dernier Mangbetu, tel que nous le propose Philippe Pratx, se décompose (et nous entraîne) en quatre voyages fondateurs. La prégnance aventureuse, magique, voire mystique, associée aux paysages du périple, ne se départit pas d’une large signification philosophique : les montagnes – la Morte-Terre – les îles de la Nuit – les contrées de la Brume. Vraisemblablement, l’enjeu est ici de mourir et de renaître : « Il fallut bien me résoudre à la quitter, cette pauvre vieille Terre corrompue (…) Ma vie n’est qu’errance. (…) Ceux que je rencontre se lèvent et partent » (p.16-17). Il s’agit aussi de construire, à travers ces voyages décisifs, sa propre « maison intime », et les livres y ont une place centrale, pour ne pas dire qu’ils représentent la vie.

Le Chant liminaire nous dévoile en partie les raisons qui ont poussé le poète à errer : « Si tu veux être heureux, ignore-toi toi-même, sois à toi le perpétuel “autre”, l’alien et le fou de ta conscience ; ne connais non plus jamais tout à fait “les autres” ni le monde (…) J’ai toujours su (…) dans la catastrophe universelle, demeurer réellement moi-même, j’ai toujours su tout de moi-même. (…) Cela est aussi ma souffrance » (p.34-35).

Le Diable est une Femme, Gérald Wittock (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 14 Mars 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Le Diable est une Femme, Gérald Wittock, Éditions Vérone, février 2022, 418 pages, 25 €

 

S’appuyant sur force chiffres et statistiques, l’auteur se livre, dans sa préface, à une démonstration menant à conclure qu’un homme ordinaire ne peut vraiment connaître que sept villes dans sa vie, ce qui semble à peu près aussi vrai que dire qu’un chat a sept vies. Prenons cette proposition comme un axiome et acceptons-la pour vraie comme nous prenons pour exact les chiffres de l’OMS donnant comme âge moyen d’un être humain soixante-neuf ans et voyons voir où veut en venir Wittock.

La première partie de son livre, qui en comporte quatre, a tout du récit autobiographique si l’on accepte que de la naissance à l’âge de sept ans ses souvenirs lui ont été plutôt relatés et n’ont pas imprimé sa mémoire enfantine (comment pourrait-il se souvenir qu’il est né à 23 heures 50 et qu’il faisait 27°C avec un vent de force 7). Gérald est donc né à Rome le 27 septembre 1966 accueilli par le Ecco il Bèbè. Eccolo ! de sœur Bernadetta et émaille déjà son récit de nombreux jeux de mots et paroles de chanson. À presque six ans (il respecte ses statistiques), il déménage pour Bruxelles, nous sommes le dimanche 3 septembre 1972 et Gérald est devenu Gerry.