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Les Livres

Les deux Beune, Pierre Michon (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 15 Mai 2023. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Nouvelles, Verdier

Les deux Beune, Pierre Michon, éditions Verdier, 160 p. 18,50 € Edition: Verdier

 

Pierre Michon, auteur rare, aura écrit en deux temps ses deux Beune ! Quasi trente ans les séparent. Point-virgule et mots précieux se réjouissent ! Michon n’avait rien publié depuis Les Onze en 2009 !

Entre lèvres et lièvres

Pierre Michon est rare.

C’est notre autre Gracq. Leurs langues nous fascinent pour peu qu’encore la langue fascine. Langue non pas traquée ni pressée, urbanisée, mais haute langue de littérature, au plus ancien sens du terme. C’est-à-dire qu’elle entoure, enveloppe, ensorcelle voire, nous prend là, si vous voyez où là est.

Là : le ventre, les rêves, le sens du sens.

L’essentiel.

Le bal de la rue Blomet, Raphaël Confiant (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 15 Mai 2023. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Mercure de France

Le bal de la rue Blomet, Raphaël Confiant, Mercure de France, avril 2023, 269 pages, 21 € . Ecrivain(s): Raphaël Confiant Edition: Mercure de France

 

Le Paris des Années folles est souvent regardé comme un lieu d’échanges nombreux, de rencontres multiples, de brassages les plus divers : cette ville a vu s’installer dans ses murs des écrivains américains de la « génération perdue », tels que Hemingway, Gertrude Stein, Francis Scott Fitzgerald, elle a permis l’accomplissement de l’école de Paris, qui regroupa alors les peintres les plus divers comme Foujita, Chagall, Soutine et bien d’autres. Ce Paris de l’après-guerre permit, aussi, à des Antillais de participer à leur manière à cette fête artistique qui caractérisa le Paris des années vingt, comme l’a si bien décrit Hemingway dans Paris est une fête.

Ce lieu, ce fut le Bal Blomet situé au 33 de la rue Blomet, dans le quinzième arrondissement de Paris, à la lisière de Montparnasse, alors le cœur battant de la bohème artistique et littéraire.

En minuscules, Marie-Clotilde Roose (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 15 Mai 2023. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

En minuscules, Marie-Clotilde Roose, éditions Le Taillis Pré, mars 2023, 82 pages, 14 €

 

Dieu en minuscule

Alors que j’entreprends ces lignes, j’écoute le Nisi Dominus de Vivaldi chanté par James Bowman – lequel vient de disparaître –, émouvante cantate sacrée, qui s’adresse à la beauté et à Dieu, ce que je retrouve en partie dans le dernier ouvrage de Marie-Clotilde Roose. Au surplus, ce sentiment de partage de la chose spirituelle construit bel et bien le poème, lui aussi appel métaphysique. Et je veux parler de deux immanences, celle du divin et celle de la créature, individu en conversation avec le général (si l’on suit cette idée dans Kierkegaard). Livre d’heures ainsi lié à la langue du poème qui devient quelque chose comme une prière, immanence qui se dirige vers le Créateur. Humilité de ces minuscules, effacement de l’égo, simplicité relative de la relation créateur/créature.

La Bibliothèque de Rilke, Harri Veivo (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 12 Mai 2023. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Pays nordiques, Cheyne Editeur

La Bibliothèque de Rilke, Harri Veivo, Cheyne Editeur, mars 2023, 64 pages, 17 € Edition: Cheyne Editeur

 

Voilà un petit livre inclassable, dû à un auteur finlandais, amoureux des livres et de la culture française. Le titre résonne à la fois comme un hommage à l’auteur allemand, à la « bibliothèque », et à toutes les expériences de vie que la mémoire (celle aussi de la lecture) engrange, le long de ses parcours. Le prosateur de ce beau livre (sept sections aux titres singuliers) donne comme sous-titre « Essais de voix », à entendre comme une réflexion sur la mémoire : celle des faits enregistrés par l’auteur enfant, par d’autres, historiques ou très banals.

Un trauma agite pourtant ce texte, d’un flot de violence, l’explosion due à un attentat qui a touché, entre autres victimes, en 2016, Harri Veivo. Il y revient comme à un fait déterminant, celui qui l’a privé d’une partie de son ouïe. Autre traumatisme : la photo des corps des victimes des camps, sur un char, découverte par un enfant qui ne comprend rien à ce qu’il voit.

Woman hating, De la misogynie, Andrea Dworkin (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 12 Mai 2023. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, USA, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Woman hating, De la misogynie, Andrea Dworkin, éditions Des femmes Antoinette Fouque, mars 2023, trad. anglais (USA), Camille Chaplain, Harmony Devillard, 256 pages, 18 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Perturber le genre

Andrea Dworkin, issue d’une famille de rescapés de la Shoah, née le 26 septembre 1946 à Camden, morte le 9 avril 2005 à Washington, est une essayiste et théoricienne américaine du féminisme radical. Dans cet essai très argumenté, elle dénonce la doxa qui repose sur un ensemble disparate d’opinions confuses, de préjugés, de présuppositions sur les femmes.

L’essayiste remonte aux origines de ces constructions négatives à travers mythes, fables et contes, et déconstruit, défait leur structure et leur imprégnation dans la culture, l’éducation et l’histoire, ainsi que leur influence (nocive) : « On veut situer l’instant précis où la fiction pénètre la psyché comme réalité, et où l’histoire commence à en devenir le reflet ; ou vice versa. Nonobstant, les contes véhiculent une représentation binaire et dichotomique des femmes et des hommes : la bonne jeune fille pure, incapable de se défendre (Cendrillon) ou mariée à un monstre (La Barbe-Bleue), prisonnière, et la marâtre cruelle, jalouse et criminelle.