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Les Livres

Victoria n’existe pas, Yannis Tsirbas (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 10 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Quidam Editeur

Victoria n’existe pas, trad. grec Nicolas Pailler, 66 pages, 10 € . Ecrivain(s): Yannis Tsirbas Edition: Quidam Editeur

 

Strangers on a train (1) pourrait être le titre anglais ou américain pour une traduction de ce premier opus de Yannis Tsirbas, car il s’agit bien, au départ, d’une rencontre imprévisible, mais pas totalement improbable, dans un train qui va de la banlieue vers la capitale, Athènes. Mais la comparaison devrait s’arrêter là, car il n’y a pas à proprement parler de projets de criminels inavoués entre les deux protagonistes. Encore que…

L’homme habite le quartier du square Victoria. Un nom qui n’évoque sans doute pas grand-chose pour celles et ceux qui n’ont pas fait le voyage. Le square Victoria est un des lieux d’Athènes qui a depuis quelques années une des plus sombres réputations. Insécurité, saleté… Un lieu où il ne ferait pas bon se promener la nuit venue et que tous les touristes devraient soigneusement éviter, même si les restaurants n’y manquent pas. C’est que le square Victoria est depuis des années un des lieux où atterrissent et tentent de survivre des immigrés venus de pays où la vie est encore plus difficile qu’en Grèce.

La faute des autres, Emmanuelle Friedmann

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 09 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Calmann-Lévy

La faute des autres, avril 2017, 288 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Emmanuelle Friedmann Edition: Calmann-Lévy

 

« Les bombardements incessants empêchaient les soldats de s’entendre… les risques… les explosions… la tranchée… Les corps déchiquetés… les épidémies ». Ainsi démarrent les premières pages du nouveau roman d’Emmanuelle Friedmann, La faute des autres. Tout de suite, nous sommes plongés dans l’enfer de la première guerre mondiale. Tout n’est plus que ruine et désolation. Le chaos s’installe. Dans l’horreur, des amitiés, des amours insolites, inhabituels se nouent. On s’épaule, on est soudé face au danger. Face à la mort qui rôde en permanence, les sentiments s’exacerbent. Mais cela perdure-t-il quand revient une certaine normalité ?

Pouvons-nous sortir indemne d’un carnage qui a touché tout un pays ? Le récit nous entraîne dans une course haletante qui couvre vingt-cinq ans de notre histoire nationale. Dans cette époque charnière, le roman déroule l’odyssée de vies qui se croisent, se perdent et se retrouvent avec des tissages heureux et des accrocs inévitables. Parfois le corps lâche, il vacille quand les souvenirs remontent avec trop de virulence et il devient incontrôlable : « Je ne peux plus voir de sang… Il se mit à trembler… ». Charles finira par renoncer à sa carrière de chirurgien, choisie par vocation, pour devenir médecin généraliste à Cabourg.

Les temps de la cruauté, Gary Victor

Ecrit par Michel Tagne Foko , le Vendredi, 09 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Philippe Rey

Les temps de la cruauté, février 2017, 192 pages, 16 € . Ecrivain(s): Gary Victor Edition: Philippe Rey

 

C’est un vrai bonheur de lire cet excellent auteur.

Dans ce nouveau Gary Victor, le réel, que l’on peut aussi appeler le concret, se mêle à la superstition, surnaturel ou surréalisme. Ça dépendra de chacun. À chacun de comprendre comme il peut.

Le livre s’ouvre avec les mots de Carl Vausier. Il nous livre son histoire du début à la fin. C’est une personne qui a fait des études. Il écrit des livres. Il vit à Port-Au-Prince, capitale politique d’Haïti. Il parle. Il nous parle. Avec ses mots. Oui, avec ses verbes et sa singularité. Il nous parle tout simplement, comme monsieur tout le monde. Il est certes écrivain, mais là, il n’est pas en train d’écrire un livre. Non, du tout. Il parle de ce qu’il a vécu et de ce qu’il vit. Ce qu’il dit est là. Il le dit. Subitement, le lecteur, celui-là qui lit ce qui est écrit, voit. Voit l’image de ces scènes qui sont là. Posé là avec un niveau de compréhension accessible à tous. Il parle tout simplement comme dans la vraie vie. Et c’est beau. Que c’est bon !

Alliance Divine, Louise Thunin

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 08 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

. Ecrivain(s): Louise Thunin

 

 

Louise Thunin, dont l’œuvre est riche et dense, comme cherche à le montrer l’article que nous lui avons consacré dans la revue Europe (n°1045, mai 2016), nous rappelle, en ces temps troublés, que toute poésie est d’abord intérieure, et qu’elle est – n’en déplaise au nihilisme, triomphant au cœur de nos sociétés consuméristes – sœur du divin.

Il n’est que de lire, que de jouer avec Alliance divine pour s’en rendre compte.

 

Un extrait ?

Hôtel du Grand Cerf, Franz Bartelt

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 07 Juin 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil

Hôtel du Grand Cerf, avril 2017, 352 pages, 20 € . Ecrivain(s): Franz Bartelt Edition: Seuil

 

Sans ôter une once d’originalité au dernier roman noir de Franz Bartelt, force est de constater que ce texte relève en partie d’un croisement subtil et efficace, et pas forcément involontaire, entre la plume de Georges Simenon et celle de Frédéric Dard.

Des Maigret, on retrouve la capacité de l’auteur à dresser le portrait au scalpel d’une petite ville de province, ici Reugny dans les Ardennes belges, avec son atmosphère étouffante, ses secrets enfouis, ses haines, ses personnages ambigus et ses taiseux.

Des San-Antonio, surgit le personnage principal, l’inspecteur Vertigo Kulbertus, dont le physique et la personnalité sont d’origine typiquement bérurienne.

« L’inspecteur Vertigo Kulbertus constituait à lui seul, du moins en volume, la moitié des effectifs de la police belge » (p.57).