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Les Livres

Endetté comme une mule, Eric Losfeld

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 30 Mars 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits, Tristram

Endetté comme une mule, mars 2017, 300 p. 11,40 € . Ecrivain(s): Eric Losfeld Edition: Tristram

 

 

A Joelle Losfeld

 

C’était un temps (les années 50) où devenir éditeur – ou en tout cas vouloir l’être – était un élan purement militant. Envisager la « carrière » pour gagner de l’argent relevait, à de rares exceptions près, du fantasme. Dans tous les cas, Eric Losfeld a été d’abord un militant, avant toute ambition professionnelle. Militant littéraire en premier lieu, chaque livre qu’il a publié – que ce fût ou pas une bonne idée – a été un engagement personnel. Militant idéologique ensuite, la détestation de la droite, du colonialisme, du racisme, chevillée au corps. Militant éthique enfin : tous les grands combats pour la justice, contre la censure, pour la liberté d’expression, ont été les siens, avant, pendant et après Mai 68.

La vie magnifique de Frank Dragon, Stéphane Arfi (2ème critique)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 30 Mars 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset

La vie magnifique de Frank Dragon, janvier 2017, 272 pages, 19 € . Ecrivain(s): Stéphane Arfi Edition: Grasset

 

« Pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre ». Ainsi pourrait se résumer le premier roman de Stéphane Arfi, La vie magnifique de Frank Dragon. Une vie ordinaire, parce que celle d’un enfant juif, pris dans la tourmente de la seconde guerre mondiale, des rafles et des dénonciations. Une vie extraordinaire parce que immergée dans l’imagination lyrique et visionnaire du jeune Frank Dragon.

Il possède la rare clairvoyance qu’ont dès leur plus jeune âge certains enfants de transcender la réalité du monde, comme si celui où ils vivaient n’était que la copie dévoyée d’un autre, invisible, lumineux et bienveillant. Dans l’univers plein de fureur et de bruit et très labile de ce gamin de cinq ans, cloîtré dans sa mutité, on ne respire pas, on ne renifle pas, on « narine les odeurs malicieuses » ou « chiffonnées » et les sentiments. Le temps s’y compte en « année de jours », les camions sont « joyeux » dans la « maison des tout à fait fous » où vivent trois dragons – Tateh, Ona, et leur fils, Frank – aux griffes « profondes » ou « furieuses », aux doigts souvent « fourbus » et avec « des ailes de vent dans le dos ».

Au jour le jour, Paul Vacca

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 29 Mars 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Récits, Belfond

Au jour le jour, Février 2017, 379 p. 19,50 € . Ecrivain(s): Paul Vacca Edition: Belfond

 

« Sue, comme Eugène ? » demandait Simone-la dame de la poste, dans ce « télégramme » qu’on a tous dans l’oreille, tandis que la voix – unique – d’Yves répondait, légèrement agacée devant l’évidence : « Oui, Eugène Sue ».

Il y a comme ça des références tellement inscrites en nous – une langue, un passeport transgénérationnel, qu’en effet, ça va de soi. Eugène Sue – Les mystères de Paris, en sont. En même temps, difficile de ne pas convenir que ce genre de rivière, à force d’être souterraine, peut disparaître. Cherchez donc dans un manuel scolaire ; plus aucune trace des « mystères and co » ; tentez un micro trottoir – tranche des 14/18 ans : qui était Eugène Sue ?

D’où peut-être – en plus de l’indéniable et cabriolant talent de son auteur – l’intérêt, l’utilité même de cet Au jour le jour dont le titre claque comme feuilleton en page de journal, loin, dans le siècle d’avant le dernier, tout en étalant insolemment, une paradoxale modernité.

Dans l’ombre, Arnaldur Indridason

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 29 Mars 2017. , dans Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, Métailié

Dans l’ombre, février 2017, trad. islandais Éric Boury, 344 pages, 21 € . Ecrivain(s): Arnaldur Indridason Edition: Métailié

 

Après 12 romans ayant pour héros Erlendur Sveinsson, le plus connu en France des auteurs de romans policiers islandais, Arnaldur Indridason, se lance dans une nouvelle série, Trilogie des ombres, ayant pour cadre la période 1941-1944. C’est dans cette Islande du passé, à l’histoire mouvementée, qui vit sous l’occupation anglo-américaine, alors que l’Europe est envahie par l’Allemagne, que vont désormais se nouer de sombres intrigues.

En 1941, on découvre dans un petit appartement de Reykjavik un représentant de commerce tué d’une balle dans la tête, le front marqué du symbole nazi. Á ses côtés se trouve une valise contenant une capsule de cyanure. Un jeune policier islandais, Fovent, seul inspecteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire de Scotland-Yard à Edimbourg, accompagné d’un membre de la police militaire américaine ayant le même âge, « Islandais de l’ouest » né au Canada, donc parfaitement bilingue, Thorson, sont chargés de l’enquête. Les soupçons se portent d’abord sur les soldats américains occupant l’île ou sur quelqu’un se trouvant « dans la situation », à savoir quelqu’un fréquentant ces militaires, compte tenu de la marque de l’arme trouvée sur place ; un Colt. Puis les recherches s’orientent dans d’autres directions lorsque l’on découvre la véritable identité de la victime.

Enfance, dernier chapitre, René de Ceccatty

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 28 Mars 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Gallimard

Enfance, dernier chapitre, février 2017, 440 pages, 22 € . Ecrivain(s): René de Ceccatty Edition: Gallimard

 

 

L’écrivain né à Tunis, il y a soixante-cinq ans, se penche, dans ce lourd volume, sur son enfance, en Tunisie d’abord, à Montpellier ensuite. Mais est-il possible de faire resurgir toute cette masse confuse de souvenirs, « de souvenirs de souvenirs », quand il y a tant d’altérations, de pertes, de rationalisation de la mémoire ?

Que fut son enfance de 1955 à 1962 ? Qu’a-t-il vécu, dans cette maison de Mégrine en Tunisie, qu’il dut quitter dès 1958 à cause des événements d’Algérie ? Que sont devenues les demeures de ses grands-mères paternelle et maternelle ? Quel souvenir a-t-il de son frère aîné Michel, mort en 1947, dont on lui a tant parlé ? Il partage aujourd’hui la mémoire des choses avec Jean, de vingt-sept mois son aîné.