A l’heure des réseaux sociaux, il est réjouissant de relire la Petite Philosophie de l’Amour (1993), premier roman de l’Anglais Alain de Botton (1969) : c’est comme s’offrir un bain de jouvence moderne dans une romance d’une époque qui semble à la fois tellement proche et tellement éloignée. Proche par certaines de ses préoccupations, par le mode de vie du narrateur et son aimée, Chloé ; éloignée par le temps et la façon dont il s’écoule, par la possibilité encore offerte de ne pas vivre dans l’instantanéité. Un roman serait à écrire sur l’amour au temps des communications fusant dans l’éther à toute vitesse ; ce n’est pas encore le cas pour cette histoire-ci.
Cette histoire-ci est donc narrée par un jeune homme moderne, qui prend l’avion pour se rendre de Paris à Londres et, contre toute probabilité (le calcul est effectué : une chance sur 5840,82), rencontre une jeune femme pour laquelle il a le coup de foudre. De cette rencontre inopinée naît une romance, racontée à la première personne en vingt-quatre chapitres aux titres programmatiques, puisque l’on va « Du Fatalisme Romantique » aux « Leçons de l’Amour » en passant par « De l’Authenticité », « Du Marxisme » (Groucho, pas Karl) ou encore « De la Peur du Bonheur ». Comme le montre l’intitulé de ces chapitres, cette romance est l’occasion pour Alain de Botton de poser quelques réflexions sur l’amour, sur le couple, sur l’attachement que l’on éprouve envers autrui.