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Les Livres

La petite conformiste, Ingrid Seyman (par Christelle d'Hérart- Brocard)

, le Mercredi, 26 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Philippe Rey

La petite conformiste, Ingrid Seyman, Editions : Philippe Rey 22 août 2019, 192 pages, 17 € Edition: Philippe Rey

 

Esther, la narratrice, évoque son enfance, marquée par les fortes contradictions d’une famille bigarrée, où chacun cherche à faire entendre sa voix. Son récit de vie privilégie tantôt l’humour et la tendresse, tantôt la férocité ou la sévérité, selon l’instance d’énonciation prédominante : la petite fille précoce ou l’adulte et son point de vue rétrospectif.

Née à Marseille, de parents soixante-huitards, adeptes du fameux précepte il est interdit d’interdire, la fillette n’a d’autre choix que celui de composer avec la vie débridée qui règne à l’intérieur du cocon familial. Unis par la règle de la nudité dans leur trois-pièces, les individualités coexistent sans trop de heurts, grâce à de petits et gros mensonges, de petites et grandes concessions. Avec la complicité de ses deux enfants, Babeth, la mère résolument athée, échafaude de savants subterfuges pour réfréner les sautes d’humeur de son mari, et se ragaillardit en compagnie de ses deux bons amis, Gilles le chevelu et Suzanne la lesbienne.

Arcanes majeurs, Silvaine Arabo par Parme Ceriset

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 26 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Arcanes majeurs, Silvaine Arabo Editions Alcyone novembre 2018, 83 pages, 21 €

 

L’univers de Silvaine Arabo offre au lecteur une excursion poétique dont la beauté côtoie les rivages de l’absolu. Il s’agit d’une aventure mystérieuse, énigmatique, presque initiatique. L’auteure dessine de mot en mot, de souffle en souffle, les contours d’une mythologie qui lui est propre : «

On a des mots, des souffles autant dire : ce qui porte la vie

et qui germera. »

Par petites touches, comme une impressionniste du Verbe, la poète peint une fresque dont la magnificence appelle naturellement cette parole de René Char : « Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la beauté, toute la place est pour la beauté ».

On perçoit à travers les images et les métaphores tissées à l’or fin un rapport mystique à la Nature, aux éléments et au grand Tout : « On est ce mica brûlant sur le sol de déserts », « On est tout, on n’est rien ».

Les veines du réel, Jean-Yves Guigot (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 26 Février 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les veines du réel, Jean-Yves Guigot, éditions Littérales, 2015

Via cette ardente et rude traversée (ardoyante) dans Les veines du réel, à la recherche de la source en dépit du poids des pierres, le poète Jean-Yves Guigot nous offre par cet opus poétique (Prix Littérales en 2015) une plongée où s’expérimente la quête de l’unité. Quête du Vivre et du Verbe poursuivie malgré « la fatalité du néant », recherche opiniâtre du réel à même « l’ombre » le traversant, au risque encouru et fécond de rencontrer « en chemin le devenir du doute ». Cet opus s’énonce comme un tableau de George de La Tour peut pénétrer et refléter par le nouveau regard qu’il projette sur elle la réalité quotidienne en sa profondeur, jouant son approche du réel dans un jeu de lumière et d’ombres. Tableau en clair-obscur d’entrée, Les veines du réel nous introduit sur cet autre versant, du côté de la nuit, où êtres et choses dévoilent leur mystérieuse présence, révèlent leur plénitude, acquièrent une autre dimension, propageant une lumière réflexive, comme spirituelle, voire mystique.

 

« Je perçois une lampe et sa flamme m’endort,

comme s’éveille à soi-même qui s’éveille la nuit. »

Une vie dans les mots, Paul Auster I.B. Siegmundfeldt (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mardi, 25 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Actes Sud

Une vie dans les mots, Paul Auster I.B. Siegmundfeldt, traduit de l’américain par Céline Curiol, 2020, 340 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Actes Sud

 

 

Ce recueil passe au crible six écrits autobiographiques et dix-sept romans de Paul Auster, le tout présenté sous la forme de vingt-trois entretiens entre l’auteur et Inge Birgitte Siegumfeldt, professeur d’université à Copenhague. Chacun des entretiens porte sur un écrit ou un roman.

Avant eux, un prologue. Paul Auster y explique qu’il n’est guère en mesure de répondre aux questions pourquoi et comment. Il préfère s’en tenir « au quoi, au quand et au ».

Il veut aussi profiter de ce livre pour « éclaircir les choses », voire même « rectifier des erreurs monumentales » (aussi bien sur lui-même que sur Siri Hustvedt), « tant dans la presse écrite que sur Internet ».

Brigitte Fontaine, Benoît Mouchart (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 25 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Le Castor Astral

« Brigitte Fontaine », Benoît Mouchart, 372 pages, 18 euros, janvier 2020. Edition: Le Castor Astral

 

Elle est une figure majeure de la scène underground française, une météore qui depuis un demi siècle fait des apparitions remarquées dans la medias chez lesquels elle a une difficile réputation en raison de ses propos  jugés provocateurs, parfois scabreux, énigmatiques ou agressifs ; elle reste cependant largement méconnue du grand public mais aussi méconnue pour la large palette de ses talents qui s’expriment certes dans la musique, mais aussi en poésie, en littérature, au théâtre…

Brigitte Fontaine est cette artiste protéiforme à laquelle Benoît Mouchart consacre ce livre. Dès les premières pages, l’auteur la compare à une pythie, qui délivre ses oracles à qui veut bien l’entendre, sans pitié, pour dénoncer, rugir, éructer ou adopter un ton plus voluptueux pour déclamer les hontes d’un monde auquel elle peut aussi trouver des charmes évidents. Brigitte Fontaine sait, ajoute-il, adopter un ton espiègle et enjôleur, pour ne pas mâcher ses mots, quitte à mettre son interlocuteur dans l’embarras, voire provoquer un malaise, et ainsi essaime-t-elle « de violents signaux d’alarme contre l’anormalité de la normalité ».