Identification

Les Livres

Mangrove Lucie Vérot (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 05 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Espaces 34

Mangrove, Lucie Vérot, 2019, 70 pages, 13,80 euros. Edition: Espaces 34

 

La Guyane est un très lointain territoire français coincé entre le Brésil et le Surinam. Pays atlantique et de la forêt amazonienne. Souvenir et fantasme d'empire colonial.

La mémoire collective l'associe à son bagne de Cayenne, à la déportation terrible et inique du capitaine Dreyfus sur l'île du Diable, au site de lancement de fusées à Kourou et à la violence autour des chercheurs d'or. Elle n'a, en revanche et injustement, pas suscité l'émergence d'oeuvres littéraires importantes ou ayant retenu l'attention des lecteurs. Certes Cendrars en baroudeur et reporter a consacré un texte en 1930, Rhum, au personnage controversé de Jean Galmot, industriel, homme politique, installé en Guyane. En 2017, une série télévisée, Guyane, est diffusée sur Canal +. Ce qui, somme toute, est assez maigre. Ce pays mérite mieux.

Commencer dans le noir, Christine Sitchet (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Mardi, 04 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Commencer dans le noir, Christine Sitchet, Éditions Teham, 248 pages, 15 euros, septembre 2019

 

C’est un roman qui rappelle Paris est une fête d’Ernest Hemingway. En sens inverse, de l’autre côté de l’Océan. New York. Manhattan. Harlem. Comme Hemingway, Alexandra, le personnage de Commencer dans le noir, a à peine plus de vingt ans et est journaliste. Mais arrêtons ici le parallèle afin de ne pas rater la qualité et l’originalité de ce premier roman.

« "Me voici à New York !" Je me répète cette phrase. Comme pour me rassurer et faire taire un doute. Non, je ne vais pas me réveiller à Paris. Non, ce n’est pas un rêve. Ou plutôt si : sa concrétisation. Insoutenable ébriété… »

Alexandra y arrive en janvier 2001 – année dont le mois de septembre restera mémorable à tout jamais. En attendant, avec une joie de l’esprit communicative et à travers une écriture agréablement juste, elle invite le lecteur dans sa découverte d’une ville rêvée et au partage d’une passion qui est totale.

Des gens comme eux, Samira Sedira (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mardi, 04 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Rouergue

Des gens comme eux, 2020, 140 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Samira Sedira Edition: Le Rouergue

 

On peut se demander comment un tel livre a été publié en l’état.

Il aurait en effet mérité, à mon sens, d’être retravaillé.

Les dimanches n’ont pas que leurs peintres, ils ont aussi leurs écrivains. Les uns ne font que des croûtes ; d’autres manifestent un certain talent, et c’est sans doute le cas de Samira Sedira. Encore faut-il travailler sa technique. (Ce n’est pas qu’en lisant qu’on apprend à écrire, c’est aussi en écrivant, ou plutôt en réécrivant.)

Je reste convaincu qu’un vrai travail de corrections (sous la houlette de l’éditeur dont ce devrait être le rôle), de reprises de phrases, de coups de rabot, de chasse aux lieux communs, aux mots utilisés à contresens, de suppression de points d’exclamation intempestifs, etc. aurait bénéficié à ce roman et lui aurait fait gravir une marche indispensable pour le sortir du marigot des livres médiocres, sans valeur littéraire, dans lequel il patauge tristement.

Opus 77, Alexis Ragougneau (par Marc Ossorguine)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 03 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Viviane Hamy

Opus 77, Alexis Ragougneau Edition: Viviane Hamy

 

L'opus 77 qui est au centre de ce récit, c'est le 1er concerto pour violon de Dimitri Chostakovitch (aussi connu sous le numéro d'opus 99). Une œuvre que le compositeur, tour à tour réprouvé et honoré par le régime stalinien, composera dans une période pour lui sombre, en 1947-48 et qui sera créé en octobre 55 par le violoniste David Oistrakh et le chef Evguéni Mravinski. Pour autant ce n'est pas de Chostakovitch dont il est question dans ce 10e opus publié par Alexis Ragougneau (5 textes de théâtre et 5 romans).

Opus 77 nous introduit dans les secrets de famille d'un chef d'orchestre prestigieux, ancien pianiste, et dont la fille est aussi une pianiste de 25 ans dont la carrière internationale s'ouvre et s'annonce des plus remarquables, guidée par un imprésario de talent. Le récit s'ouvre sur les obsèques du père, Classaens, chef de l'Orchestre de la Suisse romande *. Sa fille, doit jouer une pièce pour piano avant de débuter la cérémonie, elle ne sait pas vraiment quoi jouer, après avoir passé ces derniers jours au chevet de son père agonisant.

Anatomie de l’horreur, Stephen King (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 03 Février 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, USA, Fantastique, Albin Michel

Anatomie de l’horreur, 2018, trad. anglais (USA) Jean-Daniel Brèque, 620 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Stephen King Edition: Albin Michel

 

Adulé par le public, mais longtemps boudé par les critiques qui écrivent dans les suppléments littéraires des quotidiens, Stephen King a consacré sa carrière à un sous-genre considéré (à tort) comme mineur, voire infréquentable : le roman d’horreur. Il s’intéressa également au cinéma, à la fois comme spectateur de films et lorsque le 7ème art vint frapper à la porte de son bureau pour transposer ses livres (King semble un des rares écrivains satisfaits des adaptations cinématographiques de leurs œuvres. Il est vrai que John Carpenter, Brian De Palma et surtout Stanley Kubrick ne sont pas les premiers venus).

Anatomie de l’horreur fournit une occasion privilégiée d’ouvrir la porte de ce bureau et d’y jeter un long regard. King y présente le bilan d’une vie de lecture et d’écriture, à travers les œuvres qui l’ont marqué et non sans insister sur les différences radicales entre la littérature et le cinéma (les œuvres les plus « littéraires » étant les moins « cinématographiques », comme l’ont montré les échecs répétés – quand on a seulement tenté l’entreprise – des adaptations de Cervantès, Proust, Borges ou Joyce).