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Les Livres

Europa Hôtel, Farhad Pirbal (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 14 Janvier 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman, Editions Maurice Nadeau

Europa Hôtel, Farhad Pirbal, novembre 2019, trad. kurde, Gaspard Karoglan, Arthur Quesnay, 180 pages, 19 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Farhad Pirbal, Kurde irakien, auteur narrateur de cette chronique romanesque originale, raconte ses années d’exil politique en France.

Le centre géographique et névralgique du roman, le point de couture de l’intrigue se situent dans un hôtel parisien de standing, Europa Hôtel, où Farhad fait profession de veilleur de nuit. Il y noue une authentique et croissante amitié avec le propriétaire, M. Luciana, un homme immensément riche, cultivé, féru de littérature persane, qui revendique ses origines judéo-portugaises et qui nourrit le rêve, utopique compte tenu de ses origines et du fait qu’il possède des biens en Israël où il se rend annuellement, d’aller rejoindre en Iran Ziba, avec qui il a eu une liaison passionnée lorsqu’elle effectuait ses études à Paris.

L’État secret, Jacques Follorou (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 14 Janvier 2020. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Fayard

L’État secret, Jacques Follorou, 282 pages, 20 € Edition: Fayard

 

 

Dans les démocraties numériques, les citoyens ordinaires renoncent à une part croissante de leur intimité, de leur privauté (le mot ne traduit qu’imparfaitement l’anglais privacy, « l’arrière-boutique » de Montaigne), à travers les « réseaux sociaux », qui réalisent le vieux rêve de Bentham (à moins qu’il ne s’agisse d’un cauchemar), le panopticon, la prison de verre où l’on peut tout savoir de tout le monde à chaque instant. Il faut préciser que ce renoncement à la vie privée est volontaire. Il ne résulte pas d’un espionnage généralisé et coercitif, exercé par l’État (comme chez Orwell), même si – dans la pratique – le résultat est identique. Que deviennent toutes les données que nous déversons librement sur la Toile ? La question est régulièrement posée. On devine qu’elles ne sont pas perdues pour tout le monde.

Des routes, Carole Zalberg, Anne Gorouben (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 14 Janvier 2020. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Des routes, Carole Zalberg, Anne Gorouben, Les éditions du Chemin de fer, novembre 2018, 72 pages, 14 €

 

Des routes, c’est l’histoire d’un été radieux. C’est le temps des vacances. C’est la joie d’une mère et d’une fillette insouciante qui jouissent du sable d’une plage chaude sous un soleil éclatant pour « fuir un quotidien lassant ou simplement pluvieux ». Et la mère rappelle à l’enfant : « C’était l’été des vacances sur cette île où tu te gavais de tomates et de melons, tu t’en souviens ? ».

C’est l’aventure d’un « petit caillou rouge » qui a beaucoup voyagé, perdu et retrouvé au fond « d’un tiroir à tout et n’importe quoi ».

C’est l’histoire « d’un trésor, C’est un bout de pays, un morceau de chemin. Moi, quand je l’écoute, je l’entends murmurer », dit la mère à sa fillette.

C’est l’histoire d’une petite fille fureteuse et réfléchie, étonnée de tout, posant sans cesse des questions dans un désir insatiable de comprendre, sensible à la moindre détresse.

Strange vagabond, who knows not what to seek, Étrange vagabond qui ne sait pas quoi chercher, John Bradburne (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 13 Janvier 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Biographie

Strange vagabond, who knows not what to seek, Étrange vagabond qui ne sait pas quoi chercher, John Bradburne, éditions Paradigme, 2016, bilingue, préface Yves Avril, David Crystal, trad. Didier Rance, 96 pages, 9,80 €

 

Un vagabond céleste

Yves Avril et David Crystal, dans leur préface, évoquent la vie et l’œuvre de John Bradburne, né dans le Cumberland en 1921, dont l’existence est à la fois emplie de fracas, de travaux rudes et disqualifiés, de lumière et de talent – « administrateur, infirmier, conseiller, animateur spirituel, chef de chorale, croque-mort » et d’écriture de « plus de 4000 poèmes (…) plusieurs d’entre eux (…) longs de plusieurs milliers de vers ». L’on apprend qu’à la manière d’un apôtre, John Bradburne se dévoue à assister les lépreux en Rhodésie, jusqu’à son assassinat en 1979. La traduction est assurée par David Rance qui intitule ce corpus de poèmes Étrange vagabond qui ne sait pas quoi chercher, titre qui n’est pas sans rappeler Kerouac (1922-1969) et sa quête spirituelle de « clochard céleste ».

Le Dernier Grenadier du monde, Bakhtiar Ali (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Vendredi, 10 Janvier 2020. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Pays arabes, Métailié

Le Dernier Grenadier du monde, Bakhtiar Ali, août 2019, trad. kurde sorani, Sandrine Traïdia, 336 pages, 22 € Edition: Métailié

 

« Au-dessus de sa tête, il voit les branches d’un grenadier. Il entend le bruit de la destruction et de la pulvérisation des objets, il a entendu parler de la poussière mortelle de verre que le vent répand la nuit sur le monde ».

Un roman bien déstabilisant que nous offre ici cet auteur d’origine kurde, un roman dont le rythme et la narration sont tout à fait atypiques pour un lecteur occidental, comme une litanie qui s’étire, se distend, se ressasse par des répétitions, comme un conteur qui aurait un peu perdu la tête, une sorte d’errance littéraire traversée de fulgurances d’une beauté telle, que le livre reste collé aux mains du lecteur.

« Regardez, toutes les histoires sont comme un tout petit ruisseau qui, à la fin, vient se jeter dans la vaste mer, riche de milliers d’autres histoires… Et chaque fois qu’un conteur meurt en chemin, il faut qu’un autre conteur prenne sa place et que, rivière après rivière et mer après mer, il poursuive cette histoire ».