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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Briser en nous la mer gelée, Erik Orsenna (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 30 Janvier 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Briser en nous la mer gelée, janvier 2020, 462 pages, 22 euros . Ecrivain(s): Erik Orsenna Edition: Gallimard

 

Le livre d’Erik Orsenna « Briser en nous la mer gelée » est un merveilleux voyage au cœur de l’esprit humain, une véritable exploration de l’amour. Pour reprendre les mots du narrateur, c’est au départ « l’histoire d’une gratitude » : un homme, Gabriel, écrit à une juge aux affaires familiales pour la remercier d’avoir tenté de le dissuader de divorcer de Suzanne, la femme qu’il aime.

C’est aussi l’histoire d’un double cheminement, celui de Gabriel l’écrivain et de l’évolution de ses projets artistiques, et celui de l’homme, du couple même, car si certains amants ont la force « d’entrer tout de suite dans leur vérité », pour d’autres, « il faudra beaucoup, beaucoup voyager…Ils ne se retrouveront que s’ils ont de la chance ».

Et le lecteur voyage lui aussi, il embarque sur la rivière de l’amour fou qui unit dès le premier regard les deux héros, Gabriel, ingénieur en transport fluvial et Suzanne, vétérinaire et passionnée de chauves-souris.

Le dernier hiver du Cid, Jérôme Garcin (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 22 Janvier 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

. Ecrivain(s): Jérôme Garcin Edition: Gallimard

 

D’août à novembre 1959, les derniers mois de vie d’un acteur adulé par sa génération : Gérard Philipe. Il avait tous les talents, la beauté, les atouts de la jeunesse, ceux flamboyants du théâtre, ceux plus populaires du cinéma. Entre 1947 et 1959, il fut sans doute l’un des plus grands comédiens français.

Jérôme Garcin, son beau-fils, relate les ultimes séquences d’une vie menée tambour battant, entre les studios de Boulogne et les théâtres parisiens, le Festival d’Avignon et la troupe du TNP de Jean Vilar. Cet amoureux de la vie familiale, discrète, passée à Ramatuelle ou rue de Tournon, épousa en 1951 Nicole Navaux, dite Fourcade, devenue Anne Philipe en littérature, Belge. Ils eurent deux enfants, Anne-Marie et Olivier.

Les dernières années ont été riches en créations diverses (que de films : La meilleure part ; Pot Bouille ; Montparnasse 19 ; Le joueur ; Les liaisons dangereuses…), et l’acteur est plein de projets quand la maladie s’insinue dans le parcours de ce comédien boulimique d’expériences. Et l’hôpital. Et l’inquiétude. Et les doutes.

L’œil du paon, Lilia Hassaine (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 21 Janvier 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’œil du paon, Lilia Hassaine, octobre 2019, 230 pages, 18,50 € Edition: Gallimard

 

Très bien écrit, fluide, on se laisse facilement aspirer par L’œil du paon qui trace un portrait acerbe d’un certain milieu parisien plutôt huppé. Dans ce roman qui a quelque chose d’un conte moderne froid et cruel, il y a une esthétique de l’écriture qui tient de la peinture. Il y est d’ailleurs fait mention des tableaux de Hopper, dont l’univers colle assez bien en effet avec l’atmosphère du roman.

Le côté froid, vaniteux, désabusé, à la fois superficiel et pesant de cette vie parisienne, auquel se confronte Héra, la jeune femme, personnage principal du roman, contraste avec la chaleur, la liberté, les couleurs, les parfums de l’île au large de la Croatie dans laquelle elle a grandi, sorte d’éden à l’abri du monde, peuplé de paons. Oiseau emblématique, délibérément choisi par l’auteur pour ce qu’il évoque : la beauté mais aussi et surtout l’orgueil, caractéristique typiquement humaine, que nous projetons sur lui. Sur cette île où Héra a vécu seule avec son père, gardien de l’île – sa mère étant morte là-bas très prématurément – plane une menaçante légende en lien avec une ancienne abbaye détruite durant les campagnes napoléoniennes.

Le Train zéro, Iouri Bouïda (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 16 Janvier 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Roman

Le Train zéro, Iouri Bouïda, trad. russe Sophie Benech, 127 pages, 6,90 € Edition: Gallimard

 

Ce train Zéro, tout droit sorti de l’Enfer de l’Arc d’Héraclite, celui qui mène à l’inéluctable sort des hommes, vous hantera à jamais de ses bruits de ferraille, son souffle effroyable, son mystère vertigineux. D’où vient-il ? Où va-t-il ? Que transporte-t-il ? Qui le conduit ?

A la Station 9 de la Ligne, Ivan Ardabiev, surnommé Don Domino, veille, avec quelques personnes, à ce que le Train passe sans encombre, à l’heure dite « Ric-Rac » ! Il ne se pose pas de questions, il exécute les ordres venus « d’en-haut » parce que c’est l’ordre de la « Patrie ». Les gens qui vivent autour de la station 9 sont chrétiens, sont juifs, peu importe, ils sont d’abord très pauvres, très isolés et, peu à peu désespèrent et s’en vont. Le roman commence d’ailleurs de manière très drôle – on pense à une histoire russe célèbre :

« “Les Juifs s’en vont !” cria-t-il dans le vide sonore de la maison et, ayant attendu en vain une réponse, il retourna à la fenêtre. “Les Juifs s’en vont toujours. Il n’y a que des idiots comme nous pour rester !” ».

Le soleil sur ma tête, Geovani Martins (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 15 Janvier 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Le soleil sur ma tête, Geovani Martins, octobre 2019, trad. portugais (Brésil) Matthieu Dosse, 135 p. 15 € Edition: Gallimard

« – C’est parce-que le monde entier est foncedé, frère. Comme si tu ne savais pas ça. Je te le répète : une semaine sans came et tout Rio de Janeiro s’arrête. Plus de médecins, plus de chauffeurs de bus, plus d’avocats, plus de policiers, plus d’éboueurs, plus rien. Tout le monde va devenir ouf à cause de l’abstinence. Cocaïne, Rivotril, LSD, ecstasy, crack, cannabis, antidouleurs, peu importe, frère. La came c’est le combustible de la ville.

– La came et la peur, j’ai ajouté ».

Ceci n’est pas un livre qui parle des favelas de Rio, ce sont les favelas qui y prennent la parole et donnent à voir une autre image, bien plus réelle, de cette ville qui fait rêver avec sa façade de carte postale, ses plages faussement paradisiaques, son carnaval à paillettes, sa samba perpétuelle. Rio de Janeiro a un autre visage, un visage balafré par la violence, fille bâtarde de l’exclusion sociale, un visage recouvert de la poussière humaine déposée par les exodes ruraux, populations nordestines et d’ailleurs, fuyant l’aridité extrême de leur existence et dont les espoirs s’échouent dans les quartiers nord et les bidonvilles nommés ici favelas, en mémoire d’une fleur qui pousse – poussait ? – sur les mornes abrupts qui dominent la ville.